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Critique de Lamifranz


« César Birotteau » comme d'autres romans de la « Comédie Humaine », vous fait comprendre pourquoi Zola a voulu faire les « Rougon-Macquart » : l'auteur dans un même élan, déroule une intrigue romanesque dans un cadre social bien précis, l'intrigue et le cadre étant fortement imbriqués l'un dans l'autre.
On a eu chaud : le titre exact était : « Histoire de la grandeur et de la décadence de César Birotteau, parfumeur, adjoint au maire du deuxième arrondissement de Paris, chevalier de la Légion d'honneur », plus tard raccourci en « Grandeur et décadence de César Birotteau », puis plus simplement encore « César Birotteau ».Le premier titre avait le double avantage, d'une part de faire un clin d'oeil à MontesquieuConsidérations sur les causes de la Grandeur des Romains et de leur Décadence »), et d'autre part de résumer en quelques mots l'intrigue du roman : l'ascension et la chute d'un petit commerçant (un parfumeur) dans le Paris de la Restauration.
César Birotteau est un de ces commerçants petits-bourgeois que l'on retrouve ici ou là dans la « Comédie Humaine », avec des degrés d'honnêteté plus ou moins élevés (du moins quand il y en a !) comme les Minoret (« Ursule Mirouet ») ou les Camusot (« le cousin Pons »). le parfumeur César Birotteau « s'est fait tout seul » et jusqu'à présent il ne s'est pas raté. Ce n'est pas un mauvais bougre, mais, vous savez comment ça se passe, il y a toujours un notaire un peu tordu (Roguin) qui se sert de votre bonne foi pour vous entraîner dans des spéculations de plus en plus risquées. Et plus on est honnête, plus on se fait rouler. Heureusement César peut compter sur son épouse Constance, qui, elle (Madame César) a la tête bien sur les épaules, et sur son commis Anselme Popinot, brave garçon qui ne manque pas de jugeotte et qui lui, a sous la main un génie de la vente, l'illustre Félix Gaudissart. Un instant au fond du trou, la famille Birotteau (le père, la mère et leur fille Césarine) remontent à la surface et retrouvent grâce à Anselme, une belle prospérité. Mais toutes ces épreuves ont épuisé le pauvre César qui meurt le jour même du mariage de Césarine et Anselme. Ces deux-là vécurent heureux et eurent beaucoup de petits flacons de parfums.
César, comme son frère l'abbé François Birotteau (« le Curé de Tours ») est un gentil. Il est foncièrement bon, ne voit pas forcément le mal, et son caractère accommodant le rend très malléable pour certains aigrefins en col blanc. Et puis comme vous et moi il a sa petite vanité, les autres n'ont pas du mal à le pousser du côté où ça penche.
Il y a donc plusieurs pistes à suivre dans ce roman plutôt sympathique : un portrait de la bourgeoisie commerçante, plutôt honnête, mais sujette à des attaques ciblées de la concurrence d'une part, des milieux de l'argent d'autre part ; une description au scalpel des milieux économiques où les scrupules servent de paillassons ; une histoire de famille avec des personnages attachants, et enfin une tragédie familiale en trois temps : l'ascension, la chute, la remontée. A travers le portrait des différents protagonistes, l'auteur dessine un conte moral où la morale n'est pas bien claire : l'argent ne fait pas le bonheur, ou bien oui, mais ça dépend quel argent et quel bonheur..

Un Balzac de bonne cuvée, pas un grand cru mais une bonne année. A retenir.
Et puisqu'on parle de bonne année, permettez-moi de vous souhaiter à tous une très belle année 2023, et de belles découvertes sur Babélio !
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