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Critique de Eve-Yeshe


C'est la première fois que je lis une nouvelle De Balzac dont j'aime beaucoup les romans et c'est une vraie pépite. A travers elle, l'auteur nous décrit l'univers d'un commerçant drapier, sa vie de tous les jours entre sa femme (mariage de raison bien-sûr) ses filles qu'il convient de marier, ses apprentis qui sont prennent les repas en commun, mais doivent quitter la table avant le dessert.

Quel nom étrange pour une enseigne : « La maison du chat-qui-pelote » ! En fait, les chalands portent un nom qui peut nous surprendre, la Truie-qui-file, le Singe-vert, en référence à des animaux exposés autrefois, ou à l'architecture : « Au milieu de cette large poutre mignardement sculptée se trouvait un antique tableau représentant un chat qui pelotait ».

Ce que l'auteur résume ainsi :

« Afin de rabattre l'orgueil de ceux qui croient que le monde devient de jour en jour plus spirituel, et que le moderne charlatanisme surpasse tout, il convient de faire observer ici que ces enseignes, dont l'étymologie semble bizarre à plus d'un négociant parisien, sont les tableaux morts de vivants tableaux à l'aide desquels nos espiègles ancêtres avaient réussi à amener les chalands dans leurs maisons. »



On a une belle description de ce milieu social où l'argent est dur à gagner, donc se dépense avec modération, où les mariages ont pour but de renforcer le commerce, où la fille aînée doit se marier en premier tant pis si elle est moins belle. Donc tout devrait ronronner, dans ce destin écrit à l'avance. Quelle est la place de l'amour dans le mariage ?

Un artiste peintre vient modifier le cours des choses, et offrir à la cadette un mariage de contes de fées. Balzac décrit très bien les deux univers que tout oppose, rythmé par le travail, la tenue du commerce pour le faire fructifier et de l'autre l'univers des artistes, nobles de surcroît, insouciants, ne parlant que d'art, fréquentant les salons, dépensant sans compter et vivant sur une autre planète.

En plus de l'analyse sociologique, l'auteur nous offre une belle réflexion sur le mariage, qu'il soit d'amour ou de raison, le bonheur n'étant pas toujours du côté où l'on croit. « le bonheur conjugal a été de tout temps une spéculation, une affaire qui demande une attention particulière. », ainsi que de très beaux passages consacrés à l'art.

On retrouve tout le talent de l'auteur, son amour des détails : la description de la maison fourmille de détails, on la visualise sans problèmes, de même les façons de s'habiller, de se comporter…

Dans les nouvelles, le style est plus sobre, il n'a pas besoin de diluer (à l'époque les auteurs étaient payés à la ligne), et celle-ci est une gourmandise à déguster, à savourer et qu'on a du mal à lâcher.

J'aime Balzac, ce n'est un secret pour personne, je l'ai découvert très tôt avec un coup de foudre pour « Eugénie Grandet », on pourra peut-être me taxer de partialité, mais cette nouvelle est un chef-d'oeuvre pour moi.

Note : 10/10
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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