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Critique de lebelier


Balthazar Claës ayant épousé à Douai Joséphine de Casa-Real fait partie des familles les plus aisées de Douai. Quatre enfants sont nés de cette union : Marguerite, Félicie, Gabriel et Jean.
En épouse dévouée et pieuse, Joséphine se plie à toutes les exigences de son mari.
« elle aimait Balthazar Claës avec cet instinct de la femme qui donne un avant-goût de l'intelligence des anges. »
Mais trop. Par une obstination excessive jusqu'à la folie démoniaque, Balthazar consume la fortune familiale jusqu'à rendre les siens au bord de l'indigence et causer la mort de son épouse dont la ferveur patiente est portée à ses limites.
« Elle attendait des remercîments passionnés pour ses sacrifices, et trouvait un problème de chimie. »
C'est alors la fille aînée, Marguerite qui prend les rennes de la maison, destitue son père de ses droits et redresse les comptes aidée par son cousin notaire Pierquin et surtout de son chaste amoureux, Emmanuel de Solis, neveu de feu le confesseur de sa pieuse mère. Mais c'est sans compter sur le démon de la Science qui s'est emparé de Balthazar.
Ce roman De Balzac fait partie des « Etudes philosophiques » et montre comment la connaissance, la recherche à tout prix détruit la vie même. En cherchant la fortune pour les siens, Balthazar la dilapide. Son nom évoque celui du roi mage qui apporta au Christ de l'or. On sent parfois que la recherche chimique de Balthazar n'est pas vaine car sa femme et ses enfants très patients avec ses frasques de savant fou, y croient plus ou moins. Joséphine, surtout veut partager cette folie avec son mari en lisant les mêmes ouvrages de chimie ; son amour absolu l'amène à vouloir tout partager avec son mari. C'est un peu une vision du jardin d'Eden dans lequel on trouve le serpent (le Polonais dont la lettre est à l'origine de la folie de Balthazar) et Adam et Eve avant la chute (les amours purs et chastes d'Emmanuel et de Marguerite) et bien le fameux Arbre de la Connaissance dont on ne doit pas manger les fruits sous peine de damnation.

« Je fais les métaux, je fais les diamants, je répète la nature, s'écria-t-il. »
« Toute vie implique une combustion. Selon le plus ou moins d'activité du foyer, la vie est plus ou moins persistante. »

On a toujours une touche chrétienne chez Balzac et l'innocence de certains de ces personnages en est si touchante qu'on lui épargne les clichés sur l'amour et la résignation, la modestie et l'altruisme ou encore sur les femmes :
« La passion humaine ne saurait aller au-delà. La gloire de la femme n'est-elle pas de faire adorer ce qui parait un défaut en elle. »

C'est aussi, plus prosaïquement, une étude à la manière inimitable De Balzac des tractations financières au dix-neuvième siècle, les ventes de propriétés, les rachats d'hypothèques, les emprunts etc.

« toute la société, Balthazar était un homme à interdire, un mauvais père, qui avait mangé six fortunes, des millions, et qui cherchait la pierre philosophale, au Dix-Neuvième Siècle, ce siècle éclairé, ce siècle incrédule, ce siècle, etc… »

Ecrit en trois mois entre juin et septembre 1834, on sent la vitesse de la plume, l'urgence de conclure et Balzac, en emmenant son lecteur vers une réflexion philosophique sur la connaissance en général et la recherche obstinée en particulier, nous rend ce personnage de Balthazar Claës agaçant dans son délire dévorant et égoïste mais magnifique dans sa recherche obstinée et les dernières pages en sont sublimées. Ce sont d'ailleurs ces derniers paragraphes qui m'ont fait lire ce roman car ils y sont cités verbatim dans la classe du jeune Doinel des « quatre-cents coups » de Truffaut. Il y a des plagiaires plus incultes !
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