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Critique de PhilippeCastellain


Il est drôle d'observer Balzac, qui aimait tant peindre les hommes avec des mots, se projeter parmi ceux qui le font avec des pinceaux. Voilà qu'il se plonge dans la jeunesse de Nicolas Poussin ! Une période de sa vie qu'on connait fort peu, renseignements pris. Notre écrivain préféré en profite sans vergogne pour laisser libre cours à son imagination, en mettant notamment en scène une rencontre entre lui et le peintre brabançon Frans Pourbus. Si ce dernier s'était bien fixé en France à la période qu'il évoque, le tableau qu'il lui attribue de ‘Marie l'égyptienne' a l'air bel et bien imaginaire.

Par un soir glacial aux alentours de 1613, nous suivons donc celui qui n'est encore qu'un très jeune homme misérable, aux poches vides mais à la tête pleine de formes et de couleurs, vivant dans un galeta aux murs lépreux noyés sous une forêt de dessins. Il se présente chez Frans Pourbus, grand peintre alors très en vue, mais il se trouve que celui-ci reçoit déjà. Un homme âgé, à la mine et à l'allure étrange. Pourbus vient d'achever un magnifique portrait de la sainte Marie l'égyptienne. le jeune Poussin le trouve parfait, mais le vieillard ne s'en satisfait pas.

Ce moderne Pygmalion veut voir le vent circuler dans les cheveux de la sainte, un volume à la place de quelques lignes ; bref une forme vivante jaillir de la toile ! Et en quelques touches de peintures à peine, il réussit à créer une illusion de vie. Mais c'est au tour de Pourbus de ne pas être satisfait. Son apprentissage irait plus vite, dit-il, si le vieillard acceptait enfin de lui montrer son chef-d'oeuvre, la toile sur laquelle il travaille depuis plus de dix ans et qu'il n'a jamais permis à personne de contempler…

Étonnante plongée historique et picturale De Balzac, plus de deux-cents ans avant l'époque à laquelle il a consacré l'essentiel de la ‘Comédie humaine'. Une courte nouvelle sur un thème assez classique, mais écrite avec faconde et élégance, et rapide et agréable à lire.
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