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Critique de Butterflies


Joël Baqué nous emmène en Syrie dans l'Antiquité pour découvrir une figure incarnant l'ascèse religieuse, Saint Syméon, vue à travers les yeux de Théodoret de Cyr.
Théodoret de Cyr, modeste berger, nous conte son histoire et sa volonté de de venir moine et contre la volonté de son père. Il aurait accompli un périple à travers les déserts brûlants de Syrie pour rejoindre le monastère de Téléda et supporté plusieurs jours de mauvais traitements des prêtres à la porte de celui-ci pour mettre à l'épreuve sa foi avant d'être accepté comme postulant et de continuer les épreuves. On découvre que la fatigue est l'ennemi car les rêves ouvrent la porte aux démons. On est donc puni de s'endormir. Sourire est pécher. Rire est pécher. Manger trop est péché de gourmandise; trop peu est péché d'orgueil. Même boire est rationné. La souffrance fait partie de la vie monastique. le postulant est en bas de l'échelle et doit endurer. Théodoret nettoie les étables sans outil ni ustensile. Il doit le faire à mains nues et apporter les déjections des chèvres à l'extérieur en pleine chaleur chaque jour. Les mains écorchées sans rien pour les soigner. C'est sa tâche de postulant.
C'est à cette époque qu'il rencontre Syméon, novice au monastère de Téléda, qui pousse toujours les restrictions et l'ascétisme au limite du supportable pour l'être humain. Il finit par être exclu du monastère pour ces comportements extrêmes de mortification ( pratique d'ascèse religieuse qui consiste à s'imposer une souffrance, en général physique, pour progresser dans le domaine spirituel..).
Syméon va alors mener une vie hors du monastère radicale d'ascétisme pour se rapprocher de Dieu. Il va commencer par descendre dans un puits asséché dont seul il ne pourrait jamais remonter. Heureusement, il sera trouvé et sauvé. Sa foi étant plus forte que tout.
Puis il continuera son périple solitaire de prière et de jeûne. Il ira à Tellnessin où il se fera emmurer vivant pour les quarante jours du Carême, acceptant malgré lui les cruches d'eau et les dix pains que le prêtre du village lui aura imposé. Il restera emmuré à prier ces 40 jours et quand les villageois enfoncèrent la porte à la fin du Carême, ils le trouveront comme mort mais parviendront à le ranimer. Il restera 6 pains et une grande partie de l'eau. Syméon demeura encore 3 années dans cette cabane, ne sortant que la nuit pour les besoins du corps.
Après il cheminera vers l'est et suivi d'une foule dont Antoine qui sera son disciple jusqu'au bout, il choisit un endroit où il édifia un enclos de pierres sèches et demanda à un forgeron de lui constituer une chaîne de fer et de l'enchaîner à un rocher qu'il ne pouvait déplacer. Puis un homme, Mélèce, mit en doute sa foi :"que les entraves dont on se charge sont d'autant plus lourdes que la foi est faible" et conclut "que celle de Syméon devait être bien fragile car sa chaîne et le rocher auquel elle était reliée auraient suffi à neutraliser un taureau". Syméon s'installera après sur sa première colonne de six coudées (2m74), plus prés du ciel et de Dieu où il resta 4 ans. Sur une colonne, on ne peut ni s'allonger ni s'étendre, juste être debout ou s'agenouiller pour prier. Ainsi exposé aux intempéries, à la chaleur, aux insectes, aux maladies, survivre est un exploit.
Il enchaînera sur une seconde colonne de 12 coudées (5m48) et y restera 12 années puis sur une 3ème de 22 coudées (10 mètres) pour 12 années supplémentaires qui attireront foule de visiteurs et lui vaudront le respect des empereurs tels Théodose II et Léon auquel il léguera sa tunique de berger. Il finira sa vie sur une 4ème colonne de 36 coudées (17 mètres) et y passera 16 années jusqu'à sa 69ème année le 2 septembre 459. Siméon le Stylite mourut en position de prière, les mains jointes et les yeux fermés, de sorte que ses fidèles mirent deux jours à se rendre compte de sa mort.
Syméon est le stylite le plus célèbre de l'Histoire. Son parcours religieux pour moi n'a aucun sens mais il en a eu et en a pour beaucoup. Il a tout sacrifié (famille, santé, joie de vivre,etc.) pour sa foi. C'était son droit. La souffrance physique était son quotidien pour se sublimer, se rapprocher de Dieu d'après sa vision personnelle. Je n'adhère pas mais je respecte sa vision. Ce livre est intéressant, très bien écrit également. Jean Baqué nous fait découvrir la vie d'un saint et d'un évêque même s'il prend des libertés (dans le livre, Théodoret agit contre la volonté parentale, dans la réalité il était voué à la vie religieuse dès la naissance et élevé par des moines). Syméon n'était pas seulement un ermite, qui pratiquait une ascèse extrême. Il était aussi un miracle humain, qui survivait à des traitements physiques extrêmes et qui a survécu à 44 années sur ces colonnes. On comprend que L Histoire se souvienne de lui, qu'un mont porte son nom et qu'on se soit disputé sa dépouille et ses reliques. Mais au fil de la lecture, en parallèle, se dessine le portrait de l'évêque de Theodoret, qui se laisse vite décourager par les privations (vole de la farine, des bandages pour panser ses plaies, de l'eau à l'étable..), la chaleur du désert, la crainte de périr et renonce à ses projets d'imiter l'inégalable Syméon dont il nous conte l'épopée extraordinaire.

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