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EAN : 9782818048160
176 pages
P.O.L. (22/08/2019)
3.42/5   20 notes
Résumé :
Dans la Syrie du 4e siècle, un homme, Syméon, décide de quitter son monastère et de vivre une expérience de solitude et d'ascétisme plus radicale encore. Il s'installe nuit et jour, dans le désert, au sommet d'une colonne de pierre pour prier et jeûner, devenant ainsi le premier stylite de l'histoire.
Un autre homme, Théodoret, entreprend de retracer cette existence, partagé entre admiration, trouble et jalousie. Lui-même décide tout jeune de quitter sa famil... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
L'une des prouesses de ce roman, c'est peut-être ce basculement infiniment subtil du style au fil des pages : du jeune Théodoret gonflé d'orgueil au prélat octogénaire dont les prétentions ont été mouchées par les privations, le désert, le doute, la vie et, par-dessus tout, l'exemple inégalable du stylite Syméon dont il prétend écrire la biographie la plus lumineuse. Difficile de dire si Syméon a lui-même élevé son ascèse au-delà du pensable par orgueil ou inspiré par une foi sincère et profonde. A défaut des cieux, Théodoret habite le royaume des mots - comme l'auteur ? Nous errons dans le désert avec le novice, dans ses pensées décousues d'homme condamné à habiter un corps, toujours dans l'ombre du saint Syméon. Et là, lorsque l'homme est confronté à son propre vide, l'écriture de Joël Baqué atteint des sommets de justesse et de poésie. le tout dernier paragraphe est à lui seul un poème et une consolation.
Un texte qui est également d'une troublante résonnance – comme un écho faussé - avec les injonctions fanatiques de religieux contemporains...
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Joël Baqué nous emmène en Syrie dans l'Antiquité pour découvrir une figure incarnant l'ascèse religieuse, Saint Syméon, vue à travers les yeux de Théodoret de Cyr.
Théodoret de Cyr, modeste berger, nous conte son histoire et sa volonté de de venir moine et contre la volonté de son père. Il aurait accompli un périple à travers les déserts brûlants de Syrie pour rejoindre le monastère de Téléda et supporté plusieurs jours de mauvais traitements des prêtres à la porte de celui-ci pour mettre à l'épreuve sa foi avant d'être accepté comme postulant et de continuer les épreuves. On découvre que la fatigue est l'ennemi car les rêves ouvrent la porte aux démons. On est donc puni de s'endormir. Sourire est pécher. Rire est pécher. Manger trop est péché de gourmandise; trop peu est péché d'orgueil. Même boire est rationné. La souffrance fait partie de la vie monastique. le postulant est en bas de l'échelle et doit endurer. Théodoret nettoie les étables sans outil ni ustensile. Il doit le faire à mains nues et apporter les déjections des chèvres à l'extérieur en pleine chaleur chaque jour. Les mains écorchées sans rien pour les soigner. C'est sa tâche de postulant.
C'est à cette époque qu'il rencontre Syméon, novice au monastère de Téléda, qui pousse toujours les restrictions et l'ascétisme au limite du supportable pour l'être humain. Il finit par être exclu du monastère pour ces comportements extrêmes de mortification ( pratique d'ascèse religieuse qui consiste à s'imposer une souffrance, en général physique, pour progresser dans le domaine spirituel..).
Syméon va alors mener une vie hors du monastère radicale d'ascétisme pour se rapprocher de Dieu. Il va commencer par descendre dans un puits asséché dont seul il ne pourrait jamais remonter. Heureusement, il sera trouvé et sauvé. Sa foi étant plus forte que tout.
Puis il continuera son périple solitaire de prière et de jeûne. Il ira à Tellnessin où il se fera emmurer vivant pour les quarante jours du Carême, acceptant malgré lui les cruches d'eau et les dix pains que le prêtre du village lui aura imposé. Il restera emmuré à prier ces 40 jours et quand les villageois enfoncèrent la porte à la fin du Carême, ils le trouveront comme mort mais parviendront à le ranimer. Il restera 6 pains et une grande partie de l'eau. Syméon demeura encore 3 années dans cette cabane, ne sortant que la nuit pour les besoins du corps.
Après il cheminera vers l'est et suivi d'une foule dont Antoine qui sera son disciple jusqu'au bout, il choisit un endroit où il édifia un enclos de pierres sèches et demanda à un forgeron de lui constituer une chaîne de fer et de l'enchaîner à un rocher qu'il ne pouvait déplacer. Puis un homme, Mélèce, mit en doute sa foi :"que les entraves dont on se charge sont d'autant plus lourdes que la foi est faible" et conclut "que celle de Syméon devait être bien fragile car sa chaîne et le rocher auquel elle était reliée auraient suffi à neutraliser un taureau". Syméon s'installera après sur sa première colonne de six coudées (2m74), plus prés du ciel et de Dieu où il resta 4 ans. Sur une colonne, on ne peut ni s'allonger ni s'étendre, juste être debout ou s'agenouiller pour prier. Ainsi exposé aux intempéries, à la chaleur, aux insectes, aux maladies, survivre est un exploit.
Il enchaînera sur une seconde colonne de 12 coudées (5m48) et y restera 12 années puis sur une 3ème de 22 coudées (10 mètres) pour 12 années supplémentaires qui attireront foule de visiteurs et lui vaudront le respect des empereurs tels Théodose II et Léon auquel il léguera sa tunique de berger. Il finira sa vie sur une 4ème colonne de 36 coudées (17 mètres) et y passera 16 années jusqu'à sa 69ème année le 2 septembre 459. Siméon le Stylite mourut en position de prière, les mains jointes et les yeux fermés, de sorte que ses fidèles mirent deux jours à se rendre compte de sa mort.
Syméon est le stylite le plus célèbre de l'Histoire. Son parcours religieux pour moi n'a aucun sens mais il en a eu et en a pour beaucoup. Il a tout sacrifié (famille, santé, joie de vivre,etc.) pour sa foi. C'était son droit. La souffrance physique était son quotidien pour se sublimer, se rapprocher de Dieu d'après sa vision personnelle. Je n'adhère pas mais je respecte sa vision. Ce livre est intéressant, très bien écrit également. Jean Baqué nous fait découvrir la vie d'un saint et d'un évêque même s'il prend des libertés (dans le livre, Théodoret agit contre la volonté parentale, dans la réalité il était voué à la vie religieuse dès la naissance et élevé par des moines). Syméon n'était pas seulement un ermite, qui pratiquait une ascèse extrême. Il était aussi un miracle humain, qui survivait à des traitements physiques extrêmes et qui a survécu à 44 années sur ces colonnes. On comprend que L Histoire se souvienne de lui, qu'un mont porte son nom et qu'on se soit disputé sa dépouille et ses reliques. Mais au fil de la lecture, en parallèle, se dessine le portrait de l'évêque de Theodoret, qui se laisse vite décourager par les privations (vole de la farine, des bandages pour panser ses plaies, de l'eau à l'étable..), la chaleur du désert, la crainte de périr et renonce à ses projets d'imiter l'inégalable Syméon dont il nous conte l'épopée extraordinaire.

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L'ascèse à seize ans. Notre narrateur est un moine copiste admirateur de Syméon, l'homme qui repoussa toujours plus loin les limites de sa propre souffrance afin de se rapprocher de Dieu. Ses mortifications les plus extrêmes ont bâti sa légende, le zèle avec lequel il supporta d'atroces douleurs força l'admiration des âmes faibles ou déclencha l'ire des rigoristes pour qui son masochisme confinait au péché d'orgueil. Et Joël Bacqué de s'interroger. Qu'est-ce qui distingue la sainteté de la folie ? Comment juger l'anachorète qui, par son isolement, fuit sa propre humanité ? Il y quelque chose d'oriental dans ce très beau récit, par le style parfois proche de celui d'un conte, par l'évocation de la figure du saint qui rappelle Siddhartha, ou par ces paysages désertiques sortis du berceau des civilisations. C'est un roman qui parle de silence, d'humilité, de pureté, d'apprentissage. Un roman qui, en creux, questionne notre société et nos modes de vie, souvent absurdes. Si l'auteur admire ces athlètes du renoncement et du dénuement, il ne tombe jamais dans l'aveuglement. Il s'interroge. Sa conclusion est apaisante. Chacun d'entre nous a sa place dans ce monde, il n'est pas donné à tous de s'imposer l'inconfort, encore moins le sacrifice. Exaltée par l'exemple de ces êtres remarquables, j'ai tenté de les imiter en lisant sur les genoux, sur un pied ou me privant de ma tasse de thé. Vaines tentatives. J'avais oublié une dimension essentielle de la lecture : le plaisir.
Bilan : 🌹🌹
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Sans aucune distanciation avec l'âpreté de son sujet, Joël Baqué livre le récit de la vie de saint Syméon, un stylite du 5e siècle en Syrie. L'idée narrative était intéressante : raconter plutôt celle de son hagiographe, Théodoret de Cyr, dont la vie a été bien plus riche d'événements et intéressante, en phase avec les penseurs et les événements de son temps. Hélas, le récit est pauvre et sec comme le soleil du désert qui brûle la peau de ces fous de Dieu. Et hormis des considérations minutieusement détaillées des sévices infligés, des souffrances endurées, des privations de nourriture et des entraves volontaires - et ce, sur la totalité du roman - il ne ressort rien, aucune réflexion ni aucune mise en contexte.
Il reste le style, impeccable, ce qui est bien le minimum qu'on attendait d'un stylite.
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Un vieux moine décide de se retirer dans la solitude, le jeune et l'abstinence, perché à douze mètres de haut. La question qu'il se pose c'est de savoir s'il essaie par orgueil de réaliser un exploit, ou s'il est bien dans l'esprit de l'ascèse

Ayant échoué à mener une vie d'ascèse, l'évêque Théodoret dans la Syrie du IV° s. se. met à raconter celle de Siméon, le premier stylite de l'histoire
Un jeune berger qui gardait le troupeau de son père entend un appel. C'est celui de se faire moine. Son père s'y oppose violemment et sa mère l'entoure de tendresse et lui reproche d'abandonner. ses parents, ses frères et soeurs et son chien.
Très résolu il part quand même, fait une traversée épouvantable du désert et arrive au monastère ou il est plus ou moins bien reçu .et plutôt brutalisé par les moines..
Après une dizaine d'années de moine copiste il se retire dans un village en ruine en ermite, à l'époque on disait anachorète ou stylite,
Tous les thèmes sont réunis pour faire un livre impossible et difficile à lire, la vie familiale et la rigueur du monastère, le climat du désert, la mystique monastique et l'ascèse.
Joël Baqué en a fait un livre qui se lit comme un roman mélangeant avec bonheur ses aspirations personnelles, la vie de Syméon le stylite et celle du jeune berger.qui veut être moine
.Il est curieux que les critiques tous azimuts, Lire, Télérama, France-Inter, Le Figaro etc. recommandent ce livre et en font la promotion
Peut-être que la société troublée par l'évolution du monde est en recherche d'une certaine forme de spiritualité quelqu'en soit la forme.
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critiques presse (1)
LaLibreBelgique
19 septembre 2019
Joël Baqué explore les déserts de l'antique Syrie et raconte, avec humour et poésie, l'ascèse de saint Syméon.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Voici ce que je peux encore ajouter : le temps terrestre n’a pas de profondeur, il n’est qu’une surface où nous glissons, saisis par l’intensité de certains instants, abasourdis par la fugacité d’une existence. Nous sommes des enfants puis très vite d’anciens enfants aux peaux ridées, aux yeux tristes et qui perdent jusqu’au souvenir de ces années où le poids du péché n’était qu’une pierre enfouie aux creux de leur être. A peine arrivés, nous devons nous préparer à rendre des comptes, et notre faiblesse s’avère sans limite, elle est le seul infini que nous pouvons connaître ici-bas, sidérant comme une étoile noire plus noire que la nuit la plus noire.
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J’en avais été averti par mon père, la fin de voyage serait particulièrement éprouvante. En effet, le reste du trajet fut une brûlure continue. Le sol changea de nature, terre et sable laissant place à une croûte de sel et de nitre. Bien plus tard, j’appris que le nitre est utilisé pour la momification des morts, à la multitude desquels s’ajoutent ceux des vivants ayant trop longtemps séjourné là où il se mêle au sel comme en cette étendue que je traversai de nuit, me terrant le jour sous un rocher.
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L’épuisement du monde s’accélère. Les hérésies progressent, les étés sont trop chauds, les hivers trop froids, d’année en année les mers engloutissent davantage de navire, le contour de chaque chose s’estompe dans une lumière toujours moins vive, l’arbre d’obéissance se rabougrit. Il me semble que l’Archange ne tardera pas à annoncer la destruction de ce monde qui croupit tel un marais où de plus en plus profondément s’enlise l’humanité.
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Souvent, il m’arriva de pleurer car mon cœur s’affaissait dans ma poitrine, mes forces me quittaient brusquement, je n’aspirais plus qu’au sommeil, à dormir comme dorment les pierres, les arbres en hiver. La fatigue et le découragement s’abattirent sur moi avec bien plus de férocité que les coups de bâton, plus de constance que la malveillance de certains moines.
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Nous ne formions pas une communauté mais une floraison, une éruption de foi parsemant les étendues arides d’Egypte et de Syrie. Le désert était un miroir où nous cherchions la face de Dieu. Les plus fous empruntèrent des chemins qui n’existaient pas, certains réussirent même à ne pas s’y perdre tout à fait. Bien d’autres leurs succèdent aujourd’hui.
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