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Critique de ClaireG


Très intéressée par le sort réservé aux Noirs aux Etats-Unis après la guerre civile, j'ai lu avec grand plaisir le Chemin des Etoiles de Laure Barachin, vanté dans la critique attractive de Kielosa.

L'abolition de l'esclavage date de 1865. Dans l'état d'Alabama, comme dans les autres états sudistes, les Blancs n'acceptent pas le nouveau statut des Noirs, ils leur refusent toute émancipation et certains, plus rabiques et haineux encore, créent le tristement célèbre Ku Klux Klan qui se charge d'incendier les parcelles des gens de couleur et de lyncher ceux qui osent contester leur autorité.

Ce livre commence en 1950. L'Alabama n'a certainement pas été choisi au hasard. C'est dans cet Etat que Rosa Parks a refusé de céder sa place dans un bus à un Blanc, geste qui a été à l'origine d'un boycott d'un an des bus de la ville, c'est de l'entité de Selma que Martin Luther King a entamé ses trois célèbres marches vers Montgomery pour revendiquer les droits civiques et lutter contre la ségrégation et la discrimination raciales. C'est là aussi que Ruby Bridges, 6 ans, devint la première petite fille noire inscrite dans une école jusque-là réservée aux Blancs. Je n'ai jamais oublié cette reproduction, que j'avais dans ma chambre, de l'illustrateur Norman Rockwell, intitulée « The problem we all live with » qui montre cette petite fille en robe blanche, cahier à la main, marchant le long d'un mur dégradé par un graffiti raciste et des tomates éclatées, escortée par quatre gardes fédéraux

Le lynchage et le racisme sont les moteurs de ce livre qui s'ouvre sur une page douloureuse et énigmatique pour Lisa, l'héroïne. Elle avait trois ans lorsque son père a été pendu pour viol et assassinat, et qu'elle a dû fuir l'Alabama avec sa mère pour se réfugier à Harlem (New York). Sa mère ne lui a jamais parlé des faits et, en 1970, lorsqu'elle meurt, Lisa décide de retrouver ses racines, la vérité sur son père ainsi que la réalité d'un racisme loin d'avoir disparu.

Arrivée à Charleyville où elle est scrutée et accueillie avec méfiance quand elle décline son identité, elle trouve à se loger dans l'ancienne habitation de ses parents où vit désormais une vieille dame peu aimable qui finira par adoucir ses contours au fil des pages et réservera bien des surprises. Devant le silence embarrassé des habitants, Lisa épluche la presse locale des vingt dernières années et constate des morts suspectes tous les sept ans, le 4 juillet, jour de la fête d'Indépendance. Peu de gens l'aident dans ses démarches car personne ne veut réveiller les morts, pas plus que les souvenirs ou même la vérité, et encore moins la haine qui sévit toujours dans une maison voisine.

Sans rien révéler de plus, je dirai que j'ai suivi le déroulement de cette saga avec une certaine fébrilité, les rebondissements des divers personnages entraînant des remous violents qui, s'ils sont prévisibles, n'en sont pas moins fort bien amenés, et écrits de manière à susciter l'envie d'avaler les pages pour en connaître l'issue, en plus de quelques trouvailles originales et surprenantes.

Le Chemin des étoiles est un lieu-dit où se rencontraient tous les amoureux pour admirer le ciel d'été et se jurer des serments enflammés sous le grand arbre qui s'élevait au-dessus de la colline. C'était avant la pendaison du père de Lisa.

Bravo Laure Barachin pour cette fiction qui est cependant fort proche de réalités « d'époque ». D'ailleurs, vous annoncez que c'est un fait divers d'avril 1992 qui a réveillé les cauchemars enfouis de Lisa. Ce fait émanait du procès de quatre policiers blancs ayant tabassé un Afro-américain roulant en état d'ébriété et dont la presse s'était fait largement l'écho.

Donner en épilogue quelques phrases du discours historique de Martin Luther King « I have a dream » à Washington en 1963, est un bel hommage aux efforts considérables et répétés, souvent dramatiques et exacerbés, de ceux qui ont lutté contre la discrimination, la pauvreté et le manque d'instruction. Et qui continuent….
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