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Critique de kielosa


Il m'est difficile d'être objectif avec les oeuvres de mon amie sur Babelio, Laure Barachin. Bien que nous ne nous sommes jamais rencontrés, peut-être que je sois devenu mal placé pour émettre un jugement de valeur sans trop me laisser emporter par mon enthousiasme pour ses sujets, ses personnages, la problématique qu'elle soulève, son style bien particulier et l'élégance de son langage et formulations.
Mais ignorer son troisième oeuvre "Le Rêve d'une vie meilleure" et m'abstenir de tout commentaire, reviendrait à me demander l'impossible. Toutefois, je promets d'être plus critique que jamais...pauvre Laure !

Dans cette optique, cela démarre plutôt mal pour moi : première page, première phrase : " Peut-on commettre un crime pour la bonne cause ?"
Décidément, l'auteure n'a pas eu l'intention de rendre ma tâche facile ! Comme question, elle est incontestablement de taille, mais fort ingénieuse pour capter d'emblée l'attention du lecteur !

La question est posée par son personnage principal, Nadia, qui sans pour autant trancher, se met à réfléchir aux mauvais exemples (Adolf Eichmann, Pablo Escobar), les bons (Oskar Schindler, Jean Valjean) et le tourmenté Raskolnikov de Dostoïevski. Elle-même a eu un passé problématique : la vente de drogues pour le compte de son père, François, et son oncle, le truand Noël dit "Le Patron" ou "Le Boss", afin de financer ses études. Maintenant, comme professeur à l'Institut d'Études Politiques de Paris, spécialiste de l'Ukraine, elle est en route avec son mari, Hector, conseiller financier d'une filiale française d'une banque suisse, pour Kiev, en mission secrète pour François et Noël. Il s'agit de recevoir pour eux une clé USB qui les sortira du pétrin.

Nadia (appelée ainsi par sa mère algérienne, Hassana, en hommage à la grande gymnaste roumaine, Comaneci), espère que ce voyage permettra un rapprochement avec son mari, qui est passé de la "délinquance ordinaire à celle en col blanc". À son retour elle apprend que sa pauvre mère est décédée, suicidée . Entre elle et sa mère il n'y a pas eu d'amour, mais elles étaient "viscéralement liées". Les rêves d'Hassana d'une vie meilleure, ne se sont jamais matérialisés, au contraire, la solitude, la dèche et la prostitution misérable ont été son sort.

À Kiev, le personnage qui leur a remis la clé USB, Dimitri Ossipov, dont les grands-parents ont été victimes du Holodomor (la liquidation des koulaks dans les années 1932-1933 et la famine qui s'est ensuivei, surtout en Ukraine), ce qui l'a non seulement rendu un virulent anticommuniste, mais l'a fait rejoindre le contre-espionnage et mener des opérations "spéciales" pour le S.A.C. (Service d'action civique), une association contestable de fidèles au général De Gaulle (1960-1981). La fameuse clé USB contient des documents compromettants pour la politique en France et auraient dû être détruits, notamment ceux par rapport à la mort mystérieuse d'un ministre français, Robert Legendre, et de Jane Davis McQueen, son chef de cabinet.

Ce que tout le monde ignore, c'est que Hector a en catimini copié la clé USB. Ce que lui et le duo Noël et François comptent faire au juste de tous ces secrets, je ne puis vous révéler, évidemment. En tout cas, les choses se compliquent lorsqu'il est question de détournement de fonds et un volet érythréen (la lutte pour son indépendance de l'Éthiopie).

Ce ne serait pas une oeuvre de Laure Barachin, si l'auteure s'était contentée d'une intrigue politico-criminelle. Comme dans ses 2 précédents romans l'aspect psychologique est crucial. Mais au-delà d'une fine caractérisation des différents personnages, cet ouvrage pose la question du "mal". Comment s'en sortir, si son passé, par un concours de circonstances non voulues mais peut-être trop facilement acceptées, est gravement hypothéqué par le mal ? Comment, en d'autres termes, faire table rase des avantages que le mal apporte pour mener une vie, qui, au contraire, apporte le bien aux autres et assure, ainsi, un bonheur personnel ? Comment, finalement, s'assurer ce "rêve d'une vie meilleure" ?

Un petit bémol constitue peut-être un peu trop de clins d'oeil aux grands noms de la littérature mondiale (Albert Camus, Le Tasse, Juan Gabriel Vasquez, Vassili Grossman ...) et l'emploi de sigles, comme par exemple C.P.A.M., C.M.U. et Vélib, qui ne sont pas toujours aussi évidents aux non-résidents français. Dans votre 4ème roman, Laure, mettez la signification de ces sigles entre parenthèses ou en note de bas de page pour vos admirateurs "étrangers"
.
Bien qu'il convient de nuancer un peu ma première remarque, dans ce sens que l'auteure (tout comme moi d'ailleurs) cherche à peaufiner son échelle de valeurs humaines à travers la littérature, les leçons de l'histoire et la réalité géo-politique qui est la nôtre.
Dans cette perspective, Laure Barachin a relevé un défi très ambitieux, grâce à une logique implacable, fondée sur des connaissances solides et étendues de notre Histoire. On a peine à croire que cette toulousaine n'a même pas 40 ans : son érudition, sans prétention pour autant, est impressionnante.

Bref, je suis ravi et fier de son oeuvre !
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