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Critique de Pivoine57


C'est bien simple. La citation de Joël Dicker que j'ai mise en illustration de mon profil, sur la fin d'un roman (ou d'une saga) s'applique exactement à ce que j'ai ressenti à la lecture du livre "Les Gens de Mogador", lorsque j'ai refermé le sixième volume.

Je les possédais depuis un certain temps déjà. Mais je n' avais encore rien lu. J'avais bien entendu vu et revu le feuilleton, avec ses qualités et ses défauts (les nombreuses trahisons quant à l'histoire écrite par Elisabeth Barbier mais le choix heureux de certains acteurs et actrices, on n'eût pu rêver mieux que Marie-France Pisier pour tenir le rôle de Ludivine Vernet) mais de temps en temps, je prenais le livre, je lisais quelques pages, et puis, je le laissais, je ne sais pas pourquoi.

Un jour, je l'ai repris. de mémoire, il commence par "L'aire sans ombre brasillait sous le soleil de juin". Julia s'apprête à se rendre au Grand Frigolet, chez sa cousine Olympe, où elle sait rencontrer Rodolphe Vernet, "fils de demi-solde" et bonapartiste, alors qu'elle appartient à une famille de "Blancs". Et l'un après l'autre, j'ai lu les deux volumes de Julia, du Second Empire à la fin du XIXème siècle... Avec son lot de morts terribles - et terriblement décrites... Par la veuve d'un médecin.

Puis les deux volumes de Ludivine Peyrissac, prise entre sa passion absolue pour son mari, Frédéric, et celle, non moins absolue, que lui voue son beau-frère, Hubert Vernet. Sa vie finit tragiquement en 1917. Jeune encore, Ludivine est rongée par les deuils successifs qui l'ont frappée, et meurt de la tuberculose.
Et c'est avec la mort des siens, "Papa, Mamé (Julia Vernet, morte en 1913), François, et Christine", que Dominique Vernet, la cadette de Ludivine et Frédéric, découvre l'étendue de sa solitude.

Et enfin, les deux volumes de Dominique, et le récit de son incroyable liaison de vingt années avec son cousin Numa Vernet, de la branche camarguaise des Vernet, marié et père de famille (j'ai regretté, pour ma part, qu'elle n'épouse pas Louis Bresson, un ami d'enfance, mais bon, c'est ainsi). C'est là la principale trahison du feuilleton par rapport au livre. Dans le feuilleton, la liaison de Numa Vernet et de Dominique s'arrête, dans les années 20, du fait des infidélités de Numa. Dans le livre, Dominique et Numa s'aiment jusqu'au bout du roman, malgré les attaques qui ne leur sont pas épargnées, malgré l'ostracisme qui frappe Dominique, au début, et malgré les fameuses infidélités de Numa Vernet.

Quand j'ai eu terminé le dernier tome, je l'ai refermé, je l'ai déposé et je suis restée immobile, tout un temps, incapable de penser à autre chose. Ils étaient tous là, les Vernet, leurs amis et connaissances, leurs maisons, voire, leurs serviteurs, Victor, Philo, Mathilde... Vivants, de chair et de sang, et je ne pouvais me résoudre à les quitter. Ni eux ni la Provence.

C'était l'été, un été qui ressemblait à la Provence, alors, j'ai repris le premier volume, Julia Vernet, tome 1, "L'aire sans ombre brasillait sous le soleil de juin" et j'ai tout relu. du début jusqu'à la fin.

Je rapprocherais volontiers cette oeuvre, qui brosse un portrait de la Provence, du Second Empire à l'été 1943, à une autre saga d'une écrivaine du Midi, "La surprise de vivre", de Jeanne Galzy (Prix Femina avec "Les allongés"). Une même passion absolue anime les différents personnages, il y a aussi la Camargue et une famille camarguaise, les Parazol, la passion des chevaux "La cavalière", mais les Deshandrès, eux, la famille de Montpellier, décrite par Jeanne Galzy sont protestants, tandis que les Vernet son catholiques.

Disons que les Gens de Mogador est une oeuvre plus "romanesque" et romantique, tandis que "La surprise de vivre" est plus "littéraire", plus complexifiée, plus audacieuse aussi, mais il y a bien des affinités entre les deux femmes, me semble-t-il.
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