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Critique de Nikouette


Mona a perdu son père quand elle avait 4 ans, elle se raconte qu'il a eu un accident mais en réalité il s'est suicidé. Avec sa mère ils s'étaient payés un hôtel, lequel n'était malheureusement pas aux normes, ce qui a entraîné leur faillite et le début d'une funeste spirale pour la petite famille. Depuis le décès du père sa mère fréquente souvent des hommes peu recommandables, elle a tendance à consommer trop de médicaments et d'alcool et à dépenser le peu d'argent qu'elles ont en jeux à gratter et en cigarettes. le dernier copain de sa mère s'est avéré violent et alcoolique, et ce d'autant plus après avoir perdu son travail, au point de se retrouver en prison. Malgré tout la mère de Mona a eu un enfant avec lui, Justin, qui a à peine un an. Mona qui en a presque 17 va aussitôt se donner pour mission de le protéger. Au début du roman Mona se fait arrêter par les gendarmes au volant de la voiture de sa mère alors qu'elle emmenait son petit frère fiévreux à l'hôpital. Ils finissent par l'y escorter, mais alors que l'histoire aurait pu s'arrêter là, un des gendarmes tique sur certaines choses et notamment le jeune âge de la conductrice.
Je ne peux pas en dire trop au risque de tout révéler. le lecteur apprend des choses au fur et à mesure, grâce à l'enquête de la gendarmerie et aux révélations que nous fait Mona elle-même.
Comme souvent l'auteur nous propose un roman choral afin de multiplier les points de vue sur la situation, la voix principale est celle de Mona mais les différents gendarmes sont tour à tour narrateurs, ainsi qu'une voisine et tous ceux qui interviendront dans l'enquête sociale autour de Mona et sa famille.
Le roman met en lumière la galère que cela peut être d'habiter à la campagne, surtout quand on n'a pas d'argent. Certes les loyers sont moins chers mais il faut tout faire en voiture et l'essence coûte cher. Il y a de moins en moins de commerces ou de lieux pour faire ses démarches administratives. Ceux qui n'ont pas facilement accès à Internet en raison de son coût ou par méconnaissance se retrouvent encore plus isolés et désemparés face aux démarches à effectuer. Même pour les besoins de santé c'est un casse-tête, non seulement ils manquent de commerces et d'emplois dans ce coin de campagne, mais aussi d'hôpitaux et de médecins. Les services judiciaires aussi sont en sous effectif. L'histoire de Mona aurait pu passer totalement inaperçue tant chaque service est asphyxié par le manque de moyens et le nombre de situations tragiques. Mona dit aussi a plusieurs reprises à quel point elle se sent solidaire des Gilets jaunes, car elle aussi connaît la grande misère, la sensation de ne pouvoir s'en sortir et d'être en quelque sorte abandonnée. Malheureusement cette réalité-là concerne de plus en plus de gens, ce qui fait de ce roman un récit cruellement d'actualité et qui met en lumière une réalité et des habitants dont finalement on parle assez peu.
Je trouve qu'encore une fois Patrick Bard réussit avec brio à nous parler d'une situation complexe et tragique. C'est le 3e roman que je lis de lui, après « Et mes yeux se sont fermés » et « P.O.V. », et vraiment je ne suis jamais déçue. Je le trouve courageux d'aborder des sujets si épineux et surtout je suis admirative qu'il le fasse de façon si juste et sensible. Les personnages mis en scène sont très humains, ils ont des failles mais aussi beaucoup de belles qualités et surtout l'auteur ne semble jamais les juger. Un récit nécessaire, qui peut s'adresser aux ados dès 12 ans. Sa forme de petite enquête tient en haleine et même si nous adultes on devine certaines choses au fil du récit je pense que les plus jeunes devraient être surpris par le final.
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