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Patrick Bard (Autre)
EAN : 9782748526615
176 pages
Syros (27/08/2020)
3.89/5   167 notes
Résumé :
Pendant des mois, Mona s’est efforcée d’être invisible aux yeux de tous, de s’effacer. Mais le jour où son petit frère a été pris d’une forte fièvre, elle a dû le conduire en urgence à l’hôpital. Sans cela, cette histoire aurait pu ne jamais commencer. Mona n’aurait pas grillé ce stop, les gendarmes ne l’auraient pas arrêtée. Quand ils ont découvert une fille un peu trop jeune au volant, ils ne savaient rien encore du secret de Mona.

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Critiques, Analyses et Avis (69) Voir plus Ajouter une critique
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Le '.secret.' de Mona ?
Bof. Trop gentil ce titre, qui semble annoncer une bluette pour midinettes - surtout que cette collection est estampillée 'young adults'.

Rien de tel ! Pas le style de Patrick Bard, écrivain-voyageur, photojournaliste et auteur talentueux de romans noirs sociaux aussi dérangeants que documentés.
'La Frontière' témoigne des conditions de frontaliers USA-Mexique, de l'exploitation de main-d'oeuvre.
'La quatrième Plaie' dénonce des magouilles médico-pharmaceutiques en Afrique.
P.. Bard a aussi réalisé un album intime et émouvant (avec textes et photos) sur les métamorphoses de Jeanne, son neveu/sa nièce transgenre.

Avec la jeune Mona, on reste en France, pas très loin de ronds-points de Gilets jaunes en zone rurale. Et on découvre peu à peu "le secret" de cette adolescente, ou plutôt ses multiples blessures, et toutes les difficultés qu'elle surmonte jour après jour pour s'occuper de son jeune frère, encore bébé, et de leur mère larguée (au chômage, dépressive, accro aux jeux à gratter...).

Ce roman commence comme un fait divers tragique, et devient de plus en plus subtil, déroutant. Il nous parle de solitude, précarité, pauvreté, misère sociale & affective. Comme dans 'La Maladroite' d'Alexandre Seurat (mais dans un autre domaine), on s'indigne de l'inertie et des logiques absurdes des administrations - quelle que soit la bonne volonté de leurs agents.

Histoire infiniment triste de Mona, jeune fille forte & bouleversante.
Où l'on voit que la misère n'est pas moins pénible en campagne...

• Merci Babelio, merci Syros ! - MC Jeunesse.

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PS : il ne neige pas, je mets des .. et ' pour contrer l'ajout intempestif de liens. Chers Ours, merci de supprimer ce semi-bug !!!

PPS : vite, je commande 'POV' de P. Bard en 'clique & rapplique' (expression empruntée à Riad Sattouf) et je cherche dans notre bibli bordélique 'Orphelins de sang'.
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C'est une lecture jeunesse écrite d'une magnifique plume, touchante et intense. Mona est attachante, sa sensibilité, qu'elle tente de cacher, prend le lecteur de plein fouet, avec ses mots d'ado qui a grandi trop vite, elle nous raconte sa version de l'histoire. J'ai été absolument subjuguée par ce petit bout de femme en devenir, déjà si forte et mature, bouleversée par l'amour qu'elle porte à Justin son petit frère, impressionnée par la force et le courage qu'il lui a fallu. J'ai aussi été terrassée d'émotions par la misère, la souffrance, les difficultés sociales auxquelles l'auteur fait référence et sur lesquelles il est difficile de fermer les yeux. Loin des grandes villes et des régions dont on parle le plus aux infos, la pauvreté, les difficultés à joindre les deux bouts, l'isolement, l'enfance en souffrance, sont une realité.
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Mona, 17 ans, conduit sans permis. Au volant de sa Twingo, elle emmène son petit frère Justin, très malade, aux urgences. Depuis longtemps déjà Mona se débrouille toute seule. Elle a toujours fait en sorte de rester discrète, de ne rien laisser au hasard. Mais dans l'urgence et la panique, elle commet une erreur. Un stop non respecté, une voiture de gendarmes en embuscade et c'est le début des ennuis. Car Mona a un secret et les gendarmes, face à cette adolescente trop jeune pour conduire, trop jeune pour être seule avec un bébé, vont devoir poser des questions.

Tableau sociologique de la misère rurale, de la grande précarité, de l'isolement, « Le secret de Mona » ne laisse pas indifférent. Ce sont des mots cash, un style coup de poing qui s'adresse aux ados – lectorat visé - , qui permettent de jeter un coup de projecteur sur ce qui se passe souvent à côté de chez nous. Sans dévoiler l'intrigue de ce court roman, nous dirons juste que Mona illustre un cas social (terme souvent galvaudé et péjoratif) qui dénonce un exemple de situation familiale dramatique. le récit de Patrick Bard ressemble presque à un documentaire, une analyse sociologique où les différents acteurs des services publics et sociaux (le maire, l'assistante sociale, le gendarme, le médecin, la voisine, le psychologue) viennent un à un livrer leur témoignage sur le cas de Mona. Leurs voix s'entendent à la troisième personne. Seule celle de Mona s'exprime à la première, urgente, énergique, à vif.
Très habilement, l'auteur nous décortique les arcanes des procédures judiciaires et des institutions sociales. le manque de moyens, toujours plus grand, qui empêche des gens de faire leur travail convenablement. C'est le tableau d'une société où le chômage fait des ravages, de zones rurales qui se paupérisent, d'une réalité insupportable où une jeune fille née dans une famille totalement à la dérive tente de sauver ce qui la maintient debout : ne pas être séparé de son petit-frère.

Un roman dur, réaliste, sans caricature, qui met en avant les laissés-pour-compte de la société et ceux qui tentent de leur venir en aide.
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A dix-sept ans, Mona doit assurer la gestion de la famille, ou de ce qu'il en reste. Sa mère Christelle (accro au tabac et aux jeux de loterie) n'est en effet pas capable de gérer le quotidien. Justin, le petit dernier de la famille, pas encore âgé de 2 ans, paraît plutôt mal parti dans la vie, même si Mona veille sur lui.
Heureusement pour elle, Mona semble pouvoir compter sur son amie Solène. Ces deux-là deviennent inséparables. Pour le meilleur ou pour le pire ? Je vous laisse en juger par vous-même, mais pas avant d'avoir lu la dernière page.

Ce n'est pas seulement la pauvreté que Patrick Bard met ici en scène, ce sont aussi et surtout l'isolement social, la détresse psychique et l'absence de perspectives qui y sont souvent associés.
La pauvreté ne se résout pas seulement par le versement d'allocations, encore faut-il apprendre à ceux qui les perçoivent à les utiliser à bon escient, et à les aider à se projeter dans un avenir différent.

En 165 pages, l'auteur nous embarque dans une histoire captivante, et nous invite à réfléchir sur des maux de notre société que nos dirigeants préfèrent tenir cachés.
Le trait peut sembler ici un peu forcé. Il ne l'est hélas malheureusement pas autant qu'on pourrait l'espérer.
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Mona a perdu son père quand elle avait 4 ans, elle se raconte qu'il a eu un accident mais en réalité il s'est suicidé. Avec sa mère ils s'étaient payés un hôtel, lequel n'était malheureusement pas aux normes, ce qui a entraîné leur faillite et le début d'une funeste spirale pour la petite famille. Depuis le décès du père sa mère fréquente souvent des hommes peu recommandables, elle a tendance à consommer trop de médicaments et d'alcool et à dépenser le peu d'argent qu'elles ont en jeux à gratter et en cigarettes. le dernier copain de sa mère s'est avéré violent et alcoolique, et ce d'autant plus après avoir perdu son travail, au point de se retrouver en prison. Malgré tout la mère de Mona a eu un enfant avec lui, Justin, qui a à peine un an. Mona qui en a presque 17 va aussitôt se donner pour mission de le protéger. Au début du roman Mona se fait arrêter par les gendarmes au volant de la voiture de sa mère alors qu'elle emmenait son petit frère fiévreux à l'hôpital. Ils finissent par l'y escorter, mais alors que l'histoire aurait pu s'arrêter là, un des gendarmes tique sur certaines choses et notamment le jeune âge de la conductrice.
Je ne peux pas en dire trop au risque de tout révéler. le lecteur apprend des choses au fur et à mesure, grâce à l'enquête de la gendarmerie et aux révélations que nous fait Mona elle-même.
Comme souvent l'auteur nous propose un roman choral afin de multiplier les points de vue sur la situation, la voix principale est celle de Mona mais les différents gendarmes sont tour à tour narrateurs, ainsi qu'une voisine et tous ceux qui interviendront dans l'enquête sociale autour de Mona et sa famille.
Le roman met en lumière la galère que cela peut être d'habiter à la campagne, surtout quand on n'a pas d'argent. Certes les loyers sont moins chers mais il faut tout faire en voiture et l'essence coûte cher. Il y a de moins en moins de commerces ou de lieux pour faire ses démarches administratives. Ceux qui n'ont pas facilement accès à Internet en raison de son coût ou par méconnaissance se retrouvent encore plus isolés et désemparés face aux démarches à effectuer. Même pour les besoins de santé c'est un casse-tête, non seulement ils manquent de commerces et d'emplois dans ce coin de campagne, mais aussi d'hôpitaux et de médecins. Les services judiciaires aussi sont en sous effectif. L'histoire de Mona aurait pu passer totalement inaperçue tant chaque service est asphyxié par le manque de moyens et le nombre de situations tragiques. Mona dit aussi a plusieurs reprises à quel point elle se sent solidaire des Gilets jaunes, car elle aussi connaît la grande misère, la sensation de ne pouvoir s'en sortir et d'être en quelque sorte abandonnée. Malheureusement cette réalité-là concerne de plus en plus de gens, ce qui fait de ce roman un récit cruellement d'actualité et qui met en lumière une réalité et des habitants dont finalement on parle assez peu.
Je trouve qu'encore une fois Patrick Bard réussit avec brio à nous parler d'une situation complexe et tragique. C'est le 3e roman que je lis de lui, après « Et mes yeux se sont fermés » et « P.O.V. », et vraiment je ne suis jamais déçue. Je le trouve courageux d'aborder des sujets si épineux et surtout je suis admirative qu'il le fasse de façon si juste et sensible. Les personnages mis en scène sont très humains, ils ont des failles mais aussi beaucoup de belles qualités et surtout l'auteur ne semble jamais les juger. Un récit nécessaire, qui peut s'adresser aux ados dès 12 ans. Sa forme de petite enquête tient en haleine et même si nous adultes on devine certaines choses au fil du récit je pense que les plus jeunes devraient être surpris par le final.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
[ Sophie C., assistante sociale ]
Au début, il y a cinq ans, quand j'ai commencé, j'y croyais, à mon boulot. Je croyais vraiment que je pourrais aider les gens. J'ai pas mal déchanté, depuis.
(...)
Mon travail consiste le plus souvent à prendre acte de la réalité, aussi cruelle soit-elle, et du fait que je ne peux pas la changer. A réciter à des gens pour qui je ne peux rien la longue liste de ce qui est en théorie possible pour améliorer leur vie, tout en sachant que le plus souvent, c'est impossible. A me plaindre avec eux des lenteurs administratives, à compatir pour aider à faire passer la pilule.
(...)
Mais moi, encore une fois, que vouliez-vous que je fasse, du haut de mes vingt-cinq ans, à part essayer de défendre mon service, essayer de justifier des moyens inexistants, des fonctionnements arbitraires et des délais délirants ?
(...)
Je devrais pas dire ça, mais le soir, quand je rentre chez moi et que je me colle devant ma vieille télé pour oublier les journées passées entre les drames, les pauses-café dégueulasse et petits gâteaux de chez Lidl, je ne peux pas m'empêcher de ruminer contre tous ceux qui défilent dans mon bureau pour obtenir de l'argent qu'ils vont claquer dans un écran plat super large que je ne peux même pas me payer avec mes 1500 euros par mois. Je sais, c'est pas bien de dire ça, mais c'est vrai. Et après, ils se plaignent d'être surendettés. Il y en a qui n'apprennent jamais.
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Les gens se tuent avec le tabac, et pis ils dépensent le peu d'argent qui leur reste dans les jeux parce qu'ils espèrent devenir riches. Enfin, riches, c'est pas le mot, oh, y gagnent pas souvent, et pas grand-chose, moi je vous le dis. Je suis bien placée pour le savoir, c'est moi qui les vends, les cartes. Cent euros par-ci, cent euros par-là, et puis c'est tout. J'ai pas vu trois gros lots dans toute ma carrière. Peut-être même pas deux, je sais plus, y a tellement longtemps. C'est rien, ce qu'y gagnent parfois, à côté de ce qu'y dépensent. Et y en a qui sont complètement accros. A croire que c'est en proportion de leur dèche.
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Je me souviens qu'elle [ma mère] m'a dit qu'elle aimerait bien avoir une autre vie. Elle espérait que pour Justin et moi, l'existence serait plus douce que pour elle. C'est ce qu'elle a dit, mot pour mot. (...)
- Surtout, ma grande, choisis bien tes mecs, elle a ajouté. Fais pas comme moi. Parce que ça te colle aux basques toute ta vie.
Je me souviens aussi avoir pensé que, justement, elle jetait toujours son dévolu sur le même genre d'hommes que [le dernier]. (...) Je sais pas pourquoi ce type de mecs l'attirait et je suis pas certaine qu'elle l'ait su elle-même.
(p. 52-53)
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Ouais, je la kiffais grave, cette 807. Sauf que quelques mois plus tard, la banque l'a reprise. Ma mère arrivait plus à payer le crédit. C'est là qu'elle a trouvé la vieille Twingo au bout du rouleau, chez le garagiste de Vimoutiers qui la lui a laissée pour mille euros. Christelle a payé en trois fois qui sont vite devenus quatre ou cinq, je sais plus, j'ai perdu le compte. Elle claquait tout dans les jeux à gratter et ses putains de clopes.
(p. 12)
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Il faut être irréprochable, invisible, m'a martelé Solène. Ces deux mots me servent de guide de conduite depuis tous ces mois. À force de rigueur, j'y arrive. Enfin, jusque-là, je croyais que j'y arrivais.
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Vidéo de Patrick Bard
Perluète #07 - interview de l'invité : Patrick Bard, journaliste, auteur, photographe. Quelle que soit sa forme, le travail de Patrick Bard s'inscrit dans la réalité de notre monde. Il a signé en 2020 un essai biographique sur l'américain Piero Heliczer, artiste aussi important qu'oublié, qui vécut dans le Perche, comme lui.
Réalisation : ©appris
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