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Citations sur Quatre années sans relâche (6)

Que penser de la Comédie -Française, qui "s'auto-purifie" des miasmes nostalgiques de l'Occupation par un simulacre de "résistance" dans les derniers jours d'août 1944? Marie Bell qui a ,comme la plupart des autres sociétaires de l'illustre maison, été plus ou moins contrainte de fréquenter l'ambassade d'Allemagne et qui y a même été photographiée en train de sabler le champagne avec le docteur Goebbels, devient l'un des cinq membres d'une Commission d'épuration qui siège sous la présidence de Pierre Dux, nommé administrateur général provisoire du Français. Cette initiative de laver son linge sale en famille avait-elle pour but d'atténuer les sanctions qu'une justice plus sévère auraient exercées envers ceux qui s'étaient ouvertement compromis?
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A quelques temps de là, un soir d'hiver, j'accompagnai à la gare de l'Est Charles (Trenet) qui devait partir avec d'autres artistes pour une tournée des camps de prisonniers en Allemagne. Piaf était du voyage. Nous la vîmes arriver, minuscule dans son éternel manteau de mouton doré, trottinant sur ses botillons fourrés, l'air minable. Elle trimbalait un de ces cabas de toile cirée noire que les ménagères utilisent encore pour faire leur marché. Il débordait de victuailles enveloppées dans du papier journal. Toujours à court d'argent, au moment de gagner son wagon, elle réclama "dix mille balles" à son impresario. Quant à Charles, il monta dans le train d'un côté et descendit discrètement de l'autre! S'esquivant entre deux voies, il manqua le départ du train. Il avait bien compris que, sous prétexte de distraire les prisonniers, ces déplacements de vedettes populaires, bruyamment orchestrés par la presse collaborationniste, avaient pour but essentiel de servir la propagande nazie.
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Le 14 octobre, à l'Opéra, présentation de gala, au bénéfice de la Croix-Rouge, du film Mermoz. On se souvient de l'étrange histoire attachée à la réalisation de cette biographie du célèbre pilote de l'Archange, et que le réalisateur Marcel Bluwal a retracée récemment pour l'écran. Robert-Hugues Lambert avait été choisi pour incarner à l'écran Mermoz pour sa ressemblance avec l'aviateur. Arrêté pendant le tournage, pour homosexualité, dans un bar spécialisé, il est incarcéré à Drancy...C'est Henri Vidal, encore presque inconnu, qui terminera le film à sa place. Et c'est Robert-Hugues Lambert qui synchronisera les scènes tournées par son remplaçant, grâce à la complicité d'un gardien, à travers les barbelés de Drancy où il était toujours interné, et qu'il ne quittera que pour trouver la mort dans un autre camp.
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Il arrivait que Violette Morris, rejoignant sa péniche ancrée en bord de Seine à la hauteur de la rue Victor-Daix, s'arrêta pour leur dire bonjour, en passant. Cette visite semait la panique. Jany avait fait la connaissance de cette lesbienne de choc pendant les répétitions des Monstres sacrés par l'entremise d'Yvonne de Bray qu'elle hébergeait alors et avec laquelle on lui prêtait une liaison. On racontait que, contrainte au régime sec par sa "geôlière", lorsque cette dernière s'absentait, en la laissant enfermée à double tour sur le bateau, Yvonne, en manque et à défaut d'autre alcool, sifflait les flacons d'eau de Cologne. Jacques et Jany s'efforçaient d'éviter leur encombrante voisine mais se voyaient parfois contraints de lui entrouvrir leur porte et, malgré eux, de lui faire bonne figure. D'une allure mastoc, toujours habillée en homme, Violette Morris portait un revolver dans son ceinturon, par autorisation de la Gestapo. Après qu'elle m'eut une fois demandé ce que je faisais à Paris plutôt que d'être parti travailler en Allemagne, si par hasard je me trouvais là, on me cachait dans un placard jusqu'à ce qu'elle soit partie, tant on redoutait les dénonciations de cette indicatrice que l'on disait sadique.
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Rue de Montpensier, on est aussi très agité par la découverte d'un nouveau génie que Cocteau n"hésite pas à comparer à Villon et à Rimbaud. On lit et relit à voix haute Le Condamné à mort d'un inconnu qui s'appelle Jean Genet. C'est Roland Laudenbach, le neveu de Pierre Fresnay et l'un des membres de l'entourage de Cocteau, qui a amené chez ce dernier le poète délinquant dont un de ses amis venait de faire la connaissance par hasard, quai Saint-Michel, devant l'étalage d'un bouquiniste. L'enthousiasme de Cocteau nous convainc de l''importance de l'évènement. La lecture de Notre-Dame des Fleurs ne fera que renforcer Jean quant au talent de son auteur, qu'il s'emploiera avec un dévouement total à faire connaitre et à aider dans des circonstances parfois dangereuses et compromettantes.
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D'autres soirs, nous étions avertis, par une sorte de téléphone arabe, qu'une projection de films américains se donnait clandestinement, au fond d'un garage, souvent dans le IXè arrondissement. On s'y rendait comme des conspirateurs et il nous en coûtait le double du prix d'une place de cinéma ordinaire. Mais de quels sacrifices n'aurions-nous été capables pour voir ou revoir en version originale The awful truth (Cette sacrée vérité) ou You can't take it with you! (Vous ne l'emporterez pas avec vous!) . Et puis, au plaisir, s'ajoutait l'exquis frisson de l'interdit.
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