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Critique de ledevorateur


Ça faisait longtemps que je voulais lire ce livre, et que je voulais le lire dans la traduction de Monique Wittig. Parce que c'est elle qui, en en parlant, m'a donné envie de le lire. En en parlant si bien que j'avais déjà l'intuition qu'il deviendrait important pour moi. Et j'avais raison.
La Passion (Spillway en anglais), il faut le lire pour au moins trois bonnes raisons :
- pour découvrir Djuna Barnes – une autrice peu connue en France, Américaine qui a pourtant vécu à Paris dans les années 1920, lesbienne, dont les livres (Le bois de la nuit, Almanach des dames, notamment), mettant en scène des lesbiennes, font partie de ces classiques oubliés qui m'intriguent beaucoup.
- pour la préface de Monique Wittig (ou « l'avant-note » comme elle est appelée) courte mais pleine d'intelligence, piquante et savoureuse, où elle affirme qu'il n'y a pas d'écriture féminine, où elle parle de genre des personnages en littérature, d'écrivain minoritaire et d'écriture du minoritaire, et compare Barnes à Proust... c'est un petit bijou !
- pour les neuf nouvelles qui composent ce recueil, évidemment. Ça fait plusieurs jours que j'y réfléchis, mais je n'arrive pas à mettre le doigt sur ce qui me plaît tant, et me touche autant, dans l'écriture de Barnes. Ses personnages sans doute – si particuliers. Et sa façon de les décrire – différente. Je retrouve chez Barnes une attention aux détails, dans les vêtements, les mouvements, les sentiments, qui me touche, tout simplement. Ses phrases, leur rythme, le choix des adjectifs, tout me surprend, mais en même temps me paraît d'une grande justesse, comme si en fait son écriture, pour moi nouvelle, était exactement ce que je voulais lire. Et puis je relis l'avant-note et je comprends : tous les personnages des nouvelles de la passion jouent leur rôle, et nous obligent à réfléchir, avec Wittig :
« Pourquoi font-ils tout ça les héros dans les livres et les héros dans la réalité ? Pourquoi font-ils l'homme mais surtout pourquoi font-ils la femme ? Et pourquoi d'une façon général personne ne remarque que faire la femme c'est, comme un animal bien dressé, se livrer à une gesticulation réglée d'avance [...] ? »
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