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EAN : 9782253050117
121 pages
Le Livre de Poche (14/06/1989)
3.42/5   12 notes
Résumé :
Petite femme à l'allure de souris, "au corps de jouet avec pour coeur une pile électrique", grande femme au buste lourd et portant lorgnette, vieillarde à la chair teintée d'un lavis bleu... Femmes jeunes ou vieilles, riches ou pauvres : comme une fatalité, leur présence est toujours source de mort. La leur ou celle des autres - hommes, amants ou balets qui les approchent.
Ici, ce n'est pas l'amour qui tue, mais son absence : "Je suis sidérée du peu que je ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Les neuf nouvelles de ce recueils sont écrites d'une plume acérée, cruelle et poétique. La cruauté n'est pas celle de l'autrice, du moins nous le supposons, mais celle de la vie elle-même, toujours elliptique, frustrante, sans issue claire aux attentes humaines.
Les personnages sont le jouet de leurs passions au point d'en paraître mécaniques et prédéterminés, et se précipitent vers le gouffre qu'ils ne voient pas, autre nom du néant.
Pauvres marionnettes aveugles enfermés dans leur subjectivité qui se manipulent les unes les autres pour leur plus grand malheur.
Ce n'est pas gai, mais c'est beau.
Il y a une immense force dans la plume de Djuna Barnes qui ne peut être qu'en prise directe avec l'instinct de vie (et de mort, puisque nous soupçonnons que c'est le même) ; une force magnifiée par un art scriptural à son apogée : les traits, appliqués de façon apparemment approximatives, finissent par dessiner un tableau dont la contemplation infiltre en nous un poison merveilleux et profond.
On ne trouve ce type d'écriture poétique et sans espérance que chez certaines anglaises, fort rares. Je n'ai pas les noms à l'esprit, mais les rajouterai à l'occasion. Ah ! l'un d'entre eux me revient, celui de Sylvia Townsend Warner, grande artiste de la littérature, avec son fameux "Le coeur pur" ou "Laura Willowes".
Que des écrivaines de cette trempe ne figurent pas parmi les plus grands noms est très désappointant.
Non pas littérature féminine, mais universelle.
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Ça faisait longtemps que je voulais lire ce livre, et que je voulais le lire dans la traduction de Monique Wittig. Parce que c'est elle qui, en en parlant, m'a donné envie de le lire. En en parlant si bien que j'avais déjà l'intuition qu'il deviendrait important pour moi. Et j'avais raison.
La Passion (Spillway en anglais), il faut le lire pour au moins trois bonnes raisons :
- pour découvrir Djuna Barnes – une autrice peu connue en France, Américaine qui a pourtant vécu à Paris dans les années 1920, lesbienne, dont les livres (Le bois de la nuit, Almanach des dames, notamment), mettant en scène des lesbiennes, font partie de ces classiques oubliés qui m'intriguent beaucoup.
- pour la préface de Monique Wittig (ou « l'avant-note » comme elle est appelée) courte mais pleine d'intelligence, piquante et savoureuse, où elle affirme qu'il n'y a pas d'écriture féminine, où elle parle de genre des personnages en littérature, d'écrivain minoritaire et d'écriture du minoritaire, et compare Barnes à Proust... c'est un petit bijou !
- pour les neuf nouvelles qui composent ce recueil, évidemment. Ça fait plusieurs jours que j'y réfléchis, mais je n'arrive pas à mettre le doigt sur ce qui me plaît tant, et me touche autant, dans l'écriture de Barnes. Ses personnages sans doute – si particuliers. Et sa façon de les décrire – différente. Je retrouve chez Barnes une attention aux détails, dans les vêtements, les mouvements, les sentiments, qui me touche, tout simplement. Ses phrases, leur rythme, le choix des adjectifs, tout me surprend, mais en même temps me paraît d'une grande justesse, comme si en fait son écriture, pour moi nouvelle, était exactement ce que je voulais lire. Et puis je relis l'avant-note et je comprends : tous les personnages des nouvelles de la passion jouent leur rôle, et nous obligent à réfléchir, avec Wittig :
« Pourquoi font-ils tout ça les héros dans les livres et les héros dans la réalité ? Pourquoi font-ils l'homme mais surtout pourquoi font-ils la femme ? Et pourquoi d'une façon général personne ne remarque que faire la femme c'est, comme un animal bien dressé, se livrer à une gesticulation réglée d'avance [...] ? »
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Quelle écriture, quel écrivain ! Un livre extraordinaire, inventif, novateur (écrit dans les années 1920 !). Une syntaxe, des métaphores, des idées et un vocabulaire aussi inhabituels qu'inattendus, qui font mouche à chaque ligne. Prodigieux. Singulièrement, la nouvelle “Les Médecins” est un pur chef-d'oeuvre.

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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Et voilà, madame, on était à Paris, ma sœur Moydia et moi.
Moydia avait quinze ans et moi dix-sept et on ne se sentait pas
de jeunesse. Moydia a la peau si fine que je reste à la regarder en
me demandant comment elle fait pour avoir des opinions. Elle est
toute blanche sauf ses pommettes qui étaient alors d’un rose
rouge. Ses dents sont des dents de lait et elle a une drôle de petite
figure très jolie. Elle avait envie d’être comme les Françaises de
la grande époque, tragique, triste et «terrible » à la fois, mais en
plus féroce, enmoins pur peut-être, et elle voulait pourtant mourir
et renoncer au cœur comme une vierge. Voilà bien une noble
mais impossible ambition, n’est-ce pas, madame ? C’était ainsi
avec Moydia. Quand on vivait en Norvège, on s’asseyait au soleil
pour lire Goethe et on n’était pas d’accord avec lui du tout:
— Il est pompeux, trop assuré et bien trop facile, cet individu,
elle disait en serrant les dents. Oui, mais dans ce cas les gens
disent que nous n’y connaissons rien.
Moydia et moi on est russes et on n’aurait jamais su que notre
grand-mère était juive s’il n’était arrivé quelque chose de terrifiant,
un accident tel qu’on n’en avait encore jamais connu…
Comment ça? C’est que notre grand-mère a eu la permission de
boire du champagne sur son lit de mort et, vous savez, le champagne,
leur religion l’interdit aux juifs.
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Le fait même qu’une femme puisse faire quelque chose d’aussi déraisonnable que d’avoir un enfant devrait lui donner le don de prophétie.
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Les chevaux précipitent hors du danger, les trains y ramènent. Les peintures provoquent au coeur un choc mortel... elles pendent au-dessus d'un homme qu'on a aimé et assassiné, dans son lit peut-être. Les fleurs encercueillent le coeur parce qu'un enfant y a été enterré. La musique fait naître la terreur de la répétition. Les carrefours sont pour les amoureux et les tavernes pour les voleurs. La contemplation mène au préjugé. Les lits sont des champs de bataille où les bébés mènent une bataille perdante.
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Ah ! Ce poème, ce petit bout de poème ! Un truc très émouvant, lourd, doux, un fragment de langage. Il fait que tout le corps se sent de la compassion parce qu'il est comme une statue grecque, mutilé quoiqu'entier, et en même temps, madame, complet comme une vie.
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La vie est sale, elle a dit. Elle fait peur aussi. Tout y est : meurtre, souffrance, beauté, maladie...mort.Est-ce que tu sais ça ?
L'enfant a répondu :
- Oui.
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Video de Djuna Barnes (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Djuna Barnes
"Nightwood" by Djuna Barnes.
"This is a book I wish I had read in class to really take the time and dive into all the things I din't get by just reading it. Also, lesbian and (I think) queer characters." 1book1review
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