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Critique de Annezzo


Ah, un recueil de nouvelles. C'est un coup à prendre, moi j'aime les pavés où on fait douze fois le tour du problème jusqu'à satiété. Là, il faut accepter d'entrer furtivement dans des destins, pour les lâcher rapidement en n'ayant eu qu'un aperçu de ce qui fait une vie.
D'autant que dans ce recueil, Julian Barnes s'attaque à la fin de la vie. Pas l'agonie, non, la vieillitude. C'est la vie quand même, mais plus pour longtemps. Nous voilà bien, euh, une lueur d'espoir, on y aura droit un peu quand même ?
D'autant que c'est le début de la vie de Julian Barnes que je connais, mon pôpa ayant vécu dans la famille Barnes dans le sud de l'Angleterre alors que les deux garçons étaient encore enfants, dans les années 50. Ça accentue le contraste, ça me dit que merde, moi aussi je serais vieille, alors ? le mal que je me donne pour ne pas y croire, pfouttt, envolé ?
Ces histoires de petits humains, et une vision pessimiste, on peut pô nier. Il a l'oeil perçant, Julian, tout est bien vu. Cruel aussi. Cruel sur des petites choses, qui sentent l'irréversible. Ah ça on ne rigole pas à chaque page. On pourrait, il y a des petits travers un peu ridicules, mais pas envie. Les protagonistes ne se vivent pas comme mourants, ils sont en vie, ils aiment, ils ont un passé bien achalandé, un futur un peu voilé, mais agissent au présent. L'envie de s'occuper, de créer, de s'intéresser, mais pour quoi au juste ? Pour passer le temps ? Pour que le présent ressemble quand même à quelque chose ?
Emotion avec les amoureux scandinaves, grosse émotion avec Mr Jackson et sa Babs. Rire quand même avec les deux veuves qui se tirent la bourre avec leurs feus réciproques à l'imparfaite perfection. Belle rencontre avec Sylvia la chef de classe de sa maison de retraite, triste rencontre avec Tourgueniev. Et le mystère de la Cage à Fruits, vrai petit roman.
Bien sûr que ça se laisse lire, avec plaisir car la langue est belle même si la dent est dure. Et puis les dieux puniront Julian d'avoir été aussi cruel - peut-être pour se préparer lui-même sans concessions
et en imaginant le pire, se payer le meilleur,
parce que définitivement, je suis plus jeune que lui et tout ça lui arrivera avant que ça ne m'atteigne. Et au fait, les enfants, tant qu'on est en forme, surtout profitons-en, à fond, tout le temps, histoire d'arriver à l'âge des renoncements avec le ventre bien plein, repus, pourquoi pas un peu fatigués mais drôlement contents de n'avoir aucun regret - et tant pis pour les remords ! Ouiii, carpe diem, touçaaa on connait par coeur, tellement cliché… Ouais, eh ben tu comprendras quand tu seras grand, Kevin, et tu remercieras Tatie Gazou !
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