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Critique de JeffreyLeePierre


Les deux premiers chapitres sont inquiétants : par l'entremise de deux jeunes protagonistes qui arrivent à Alamut, assisterait-on consterné à une cuculisation du terrible mythe ? Heureusement, ça se tasse ensuite, même si quelques relents de praline viennent encore parfois gâter la sauce.
Bon, je fais un peu la fine bouche, mais qui aime bien châtie bien. Parce que c'est bien le seul reproche que l'on peut faire à ce roman par ailleurs excellent.

Il est soutenu par le contexte historique très détaillé dans lequel il est situé : autour de l'an mille chrétien, un peu plus de trois siècles après l'Hégire, au moment où les schismes de l'islam sont encore proches. Et ces différents épisodes sont expliqués, ainsi que les délicates affaires de succession du jeune empire Ottoman et du califat du Caire dont dépend alors l'Iran où est situé Alamut. Ainsi que, bien sûr, l'histoire du courant ismaélien auquel appartenaient les troupes du Vieux de la Montagne, chef d'Alamut, et aussi le patriotisme local de ces descendants des glorieux Perses qui ne voulaient pas vivre sous la coupe des rustres Turcs.
C'est donc une belle immersion dans l'histoire, rehaussée par les épisodes les plus fameux (ou légendaires ?) de cette bande de rebelles. Ces hauts faits merveilleux ou terribles, notamment les célèbres haschichins qui partaient gagner leur place au paradis d'Allah en allant assassiner un ennemi au mépris de leur propre vie. Ainsi que l'évocation d'Omar Khayyam, le poète contemporain de cette histoire qui fut probablement proche du Vieux de la Montagne.

Enfin il y a le sous-texte, une critique des ressorts de la dictature, stalinienne en l'occurrence.
Le chef, sa solitude, ses motivations, ses sbires du premier cercle partageant le grand secret que l'idéologie n'est que du bidon, et puis les masses qu'il faut guider par l'idéologie parce qu'elles sont incapables d'assumer la vérité, la totale liberté de l'être humain. En gros, « ni dieu ni maître » mais seuls les forts en sont capables et donc dignes, ce qui justifie qu'ils abusent les masses, pour leur bien. Charmant. (Et probablement à côté de la plaque pour ce qui concerne les ismaéliens et l'Alamut historiques).

On n'est finalement pas loin du chef d'oeuvre, aux réserves exprimées en introduction près.
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