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Critique de lilibookncook


Repéré sur le catalogue des éditions Sonatine avant même sa sortie, La Reine du noir a été à la hauteur de ma curiosité. Il faut dire le risque d'attendre un roman. Car l'imagination, elle, n'a pas de bouton pause. Elle continue de galoper, fantasmant sur une intrigue qui selon toute vraisemblance a le potentiel d'emporter mon p'tit coeur de lectrice. Et ô combien il fut emporté !

Le roman de Julia Bartz a tout pour ravir des amateurs.ices de huis clos. Tout d'abord le décor avec le manoir de Blackbriar, lieu isolé en pleine nature. Puis, les personnages des cinq jeunes autrices invitées par une célèbre romancière entretenant savamment son aura de mystère. Et enfin l'action définit par le motif de leur venue, traduit par un séminaire d'écriture. Et c'est bien là que le thriller psychologique de l'autrice prend toute sa saveur. le motif de l'écriture, source de travail et de plaisir, mais surtout ici, de danger...

Que va-t-il se passer dans ce manoir ? Jusqu'où l'écriture peut mener ? Alex, la protagoniste, va non seulement devoir dépasser son syndrome de la page blanche, mais aussi se confronter au passé incarné ici par Wren, son ancienne meilleure amie également invitée. Et si, finalement, cette retraite littéraire était la meilleure introspection intérieure ?

Derrière ce thriller, une mise en abyme intéressante excite le.a lecteur.ice. Des romans écrits dans le roman. Et plus particulièrement, un roman. Vertigineux donc. Si ce séminaire permet aux cinq novices d'entamer un manuscrit, il débute surtout avec le ton employé par Roza Vallo, gardienne des lieux et instigatrice de cette échappée littéraire. Personnage complexe la romancière, à l'aura de gourou, incarne la rigueur et la discipline qu'implique l'écriture. Les aspirantes autrices, elles, représentent les doutes et les difficultés d'accoucher une idée sur papier. Julia Bartz utilise ces codes pour écrire elle-même un roman, y ajoutant au centre une intrigue psychologique et sanglante puisque, évidemment, rien ne va se passer comme prévu. Ingénieux.

Au-delà de la construction, les personnages donnent tout autant de relief au roman. Non seulement Alex est en proie à ses démons littéraires, mais elle est également soumise à ses propres interrogations existentielles. À savoir son orientation sexuelle. Julia Bartz développe alors en filigrane la question queer, permettant de rendre ces personnages modernes et son roman actuel. Et que dire de Roza Vallo, la romancière manipulatrice qui dès le début nous semble louche ? Que j'ai aimé la détester ! Aussi fascinante que venimeuse, l'autrice en fait un personnage fort, représentatif d'un milieu littéraire redoutable. Et puis, figure incontournable du roman, le décor, suivi d'une atmosphère dérangeante qui met en perspective un malaise latent. C'est peut-être cela qui m'a séduite en premier lieu. L'ambiance à travers laquelle un rythme graduel s'installe pour révéler un potentiel gothique.

Avec tant d'aspects positifs, La Reine du noir aurait dû être un coup de coeur, mais il n'en est rien. Je n'en étais pas loin figurez-vous, mais une scène en particulier m'a fait tiquer, remisant mon enthousiasme. Une scène dans laquelle les personnages, dans une situation dramatique, font preuve d'une légèreté déconcertante jusqu'à me faire douter de leur crédibilité. Dommage, mais pas si grave.

Gothique et féministe, ce thriller psychologique diablement addictif valide une fois de plus le flair des éditions Sonatine. Et ça, c'est une bonne nouvelle !
Lien : https://bookncook.fr/2024/02..
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