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Critique de chocobogirl


En Algérie, dans les années 50. Said Boudiaf est fils de boucher. Son père espère bien qu'il va continuer dans le commerce familial et lui confie les livraisons de viande. Pourtant, le seul rêve de Saïd est de devenir boxer. Il n'hésite d'ailleurs pas à participer à quelques petits combats de rues. C4est de cette façon qu'il est repéré par le "constantinois", un manager bien décidé à le transformer en champion. Quand Saïd est envoyé à Paris, la consécration n'est pas loin. Mais c'était sans compter sans L Histoire qui, avec la guerre pour l'indépendance de l'Algérie, demande à chacun de prendre parti...

Inspiré de l'histoire vraie d'un boxer ( Chérif Hamia) qui quitte son Algérie natale, gagne ses galons en France avant de partir pour l'Amérique, "Le chemin de l'Amérique" dresse le portrait d'une époque sombre à travers le destin d'un homme, entrainé bien malgré lui par les évènements historiques.
Saïd, à la fois combatif et naïf, arrive à Paris pour les championnats de France qu'il remporte brillamment. Son statut d'algérien n'est pas toujours vu d'un très bon oeil mais le boxer fait fi d'un certain racisme ambiant exacerbé par la guerre d'Algérie qui vient de débuter. Il fait la connaissance de Sarah, une belle femme dont il tombe amoureux, le reste lui important désormais peu.
Pourtant Saïd n'est pas complètement heureux : son frère resté en Algérie s'engage farouchement pour l"indépendance en rejoignant le FLN et cherche à convaincre Saïd de le rejoindre. Certains indépendantistes cherchent même à lui soutirer "l'impôt révolutionnaire" pour soutenir leur mouvement mais Saïd refuse en vertu du fait qu'il est du "côté de la boxe".
Chaque camp essaie d'en faire le symbole de sa propre cause et Saïd se trouve pris entre 2 feux.

Voilà un album à la dimension historique importante. S'éloignant du thème des souvenirs de jeunesse de ses précédents albums, Baru continue néanmoins à dénoncer toute forme de violence morale et politique. Sans montrer aucun combat, il réussit à aborder un sujet difficile en relatant de manière quasi documentaire un parcours d'importance. En effet, le récit est emmaillé de nombreuses coupures de presse, de fausses photos avec des dirigeants politiques (comme Saïd avec Ben Bella) accentuant ainsi l'aspect réaliste de l'histoire. Sans prendre parti, Baru réussit néanmoins à pointer du doigt les dérives de la guerre.

Son trait a quelque peu évolué et semble plus abouti, plus "fini" que dans "Cours camarade". Croqués de manière moins fuyante, les personnages restent cependant toujours en mouvement. Les scènes de boxe sont d'ailleurs extrêmement bien rendues et dénotent d'une observation certaine. La narration est plus posée, plus réfléchie. Un narrateur intervient régulièrement pour poser les choses et éclairer le récit.

Bref, "Le chemin de l'Amérique" est un album extrêmement fin sur le sujet de la guerre d'Algérie. En montrant le parcours d'un homme sur une dizaine d'année, Baru réussit à parler de la Grande Histoire en pénétrant par la Petite. Un album qui dénote d'un certain engagement politique de son auteur, un engagement que nous retrouverons aussi plus tard.

A noter : L'album a reçu le prix Alph-art du meilleur album au festival d'Angoulême de 1991.
Lien : http://legrenierdechoco.over..
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