Citations sur Grand-père avait un éléphant (27)
Tu n'as pas à te faire remarquer comme elle. Son grand-père n'avait qu'un char à boeufs ! Et toi ? Toi, tu es la fille chérie de la fille chérie d'Anamakkar ! Ton grand-père avait un éléphant, un grand mâle à défenses !
On sait tous que naître conduit à mourir. Je mourrai, vous mourrez, nous mourrons tous. Dans le Coran, il est écrit que toutes les âmes connaissent le goût de la mort. De la même façon, le monde sera détruit un jour. Peu importe pourquoi. Il sera détruit quand il devra l'être. Mais jusque là, nous devons nous employer à être heureux.
"Kounnioupattoumma ressentait un bonheur indéfinissable, mâtiné de révolte et du désir de se venger. La perte subie était certes un grand malheur, mais elle voyait des gens, respirait l'air pur, profitait de la lumière du soleil, prenait des bains de lune, courait, sautait, chantait. Elle ne connaissait aucune chanson, mais qu'importe, elle était libre de faire ce que bon lui semblait." (Zulma - p.39)
Même sans en comprendre le sens, elle récitait des passages du Coran, comme le faisaient son père et sa mère, comme l'avait fait son grand-père Anamakkar. Personne ne savait ce que disait le livre. Eût-on abattu tous les arbres de la terre pour en faire des crayons, changé en encre l'eau de tous les océans, on aurait épuisé les forêts et tari les mers avant d'avoir expliqué le sens d'un seul de ses chapitres. Le Coran était un livre saint et sacré. Tout y était contenu. Personne n'en était l'auteur.
Le garçon qui viendrait l'épouser, elle aurait voulu le rencontrer d'abord. Juste pour le voir. Mais elle ne s'en était ouverte à personne, car ce genre de désir n'était pas convenable de la part d'une femme musulmane.
Par les nuits sans lune, elle se tenait debout dans la cour intérieure de la grande maison... Sa mère l'appelait à l'intérieur. Elle ne devait pas rester debout dehors. Si quelqu'un la voyait !
Qu'est-ce qu'il y a dans le ciel, Oumma ?
Des ifrites, des djinns, des diables !
... Elle rentrait dans la maison. Ce n'était pas qu'elle avait d'objection à être vue par des hommes, des anges, des djinns ou autres créatures. Mais elle était une femme musulmane, alors...
- Est-ce que les musulmans ne doivent pas se distinguer des kafirs ?
- Bien sûr que si, dit AÏsha. Le kafir marche sur ses deux pieds, donc le musulman doit marcher sur les mains.
Tant de gens croyaient en la singularité originelle des musulmans. C'était comme ça. On ne s'interrogeait pas. On croyait tout ce qu'on entendait.
Leur passé, leur présent, leur avenir, étaient détruits, en miettes. Pourtant le monde n'avait subi aucun changement, la rivière et la berge sablonneuse brillaient au clair de lune, des gens se baignaient dans le courant, d'autres se prélassaient en groupes sur le sable, riaient en se racontant les nouvelles du jour. Le monde n'avait pas changé, mais la vie de Vattan Atima, de son épouse et de sa fille était anéantie.
Au début, le mariage lui était apparu comme une perspective amusante. Elle allait pouvoir chiquer le bétel, devenir une maîtresse de maison aux lèvres rouges. Elle porterait des halqat en or aux oreilles. Elle partirait pour le pèlerinage du Hadj avec Oumma et Bapa. Enfin...pourvu que le garçon qui s'apprêtait à l'épouser le veuille bien.