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Critique de HordeDuContrevent


« le livre de Yaak : Chronique du Montana » n'est pas un roman, c'est un témoignage, un compte rendu, « une arme du coeur » de la part d'un auteur américain, Rick Bass, tombé en amour pour cette vallée du Yaak, dans le Montana à l'Ouest des États-Unis, une vallée aujourd'hui au deux tiers défrichée.
Pourtant, cette vallée, somme étrange de roches, de forêts et de rivières, est magnifique à tel point que l'auteur en exode vers l'Ouest, avec sa femme, tombe immédiatement sous le charme lorsqu'il découvre ce paysage quelques années plus tôt et s'y installe, lui pour écrire, elle pour peindre :

« une vallée bleu-vert tapie derrière une couche de nuages, avec un peu de fumée qui montait d'une ou deux cheminées tout au fond, une rivière paresseuse qui serpentait en contrebas, et une puissance, une immensité qui nous força à faire halte. C'était un peu comme de voguer en pleine mer tout en traînant derrière soi une ancre que retient un obstacle dans les bas-fonds ».

Les industriels pillent les fonds et le domaine publics à un rythme tel qu'ils ne laissent à ce territoire aucune chance de s'en remettre, des coupes à blanc sévères et brutales, scalps intolérables vécus par l'auteur comme autant d'incisions chirurgicales qui lui déchirent le coeur, le mettent en miettes. Rick Bass n'a que sa plume pour raconter la magie du lieu, dénoncer le pillage, espérer sauver cet endroit. Un plaidoyer dans lequel on ressent les sentiments de ce grand marcheur, sa contemplation, ses méditations, ses observations, ses colères sans jugement.

« Il nous faut la force des lys, des fougères, des mousses et des éphémères. Il nous faut la virilité des lacs et des rivières, la féminité des pierres, la sagesse du calme sinon du silence ».

Ce livre, qui relate un combat écologique sans réelles surprises, comme il en existe tant d'autres, offre cependant de très belles réflexions sur la vie sauvage, le retour aux sources, sur l'art également ainsi que son rapport avec la nature. de très beaux passages littéraires nous sont offerts, même si ce livre souffre de quelques répétitions. Il m'est d'avis qu'il ne se lit pas comme un roman, pour pouvoir s'émerveiller face aux loups, grizzlys, caribous, esturgeons, hiboux et aigles géants que nous croisons, ou encore à la vue et à la senteur des cèdres, des épicéas, des sapins, ou autres mélèzes, il faut le lire de temps à autres, déguster quelques chapitres, respirer…Le simple fait de lire ces quelques pages apaise, libère les tensions accumulées, malgré le combat mené. « Comme lorsque vous, ou quelqu'un d'autre, posez vos mains et l'extrémité de vos doigts sur votre visage, sur vos paupières, et que vous les effleurez lentement, de haut en bas, pour en chasser les stigmates de la fatigue. C'est ce que je ressentais dans mon coeur et je me sentais heureux ».

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