À coeur brisé rien d'impossible

Le désir est ce qui fait battre notre cœur, ce qui le fait palpiter. Sans désir, nous ne sommes que des créatures mornes et sans vie.
Bien souvent, ce qu’on convoite le plus est ce qui nous est interdit. Alors il y a des désirs qu’on réfrène, qu’on condamne, et cela peut vous briser le cœur, vous anéantir. À cause du désir, votre vie devient un enfer. C’est difficile à supporter : désirer l’inaccessible.
Mais finalement, ceux qui souffrent le plus ne sont-ils pas ceux qui ne savent pas ce qu’ils veulent ?

La douleur n’est pas seulement une sensation physique, c’est un mal fourbe qui ronge de l’intérieur. Un sentiment qui coule dans nos veines, atrophie nos artères, se répand dans nos tissus et nous fait suffoquer.

On réalise qu’il faut laisser partir les gens qu’on aime, même si ça fait mal. On réalise qu’il faut lâcher prise du passé et avancer. Détruire les ponts qui sont derrière soi et débroussailler la route qui s’étend à l’horizon. C’est difficile, mais se détacher du passé, c’est la seule façon d’avancer.

Du cœur, l’esprit se nourrit comme tout parasite, si le cœur est riche l’esprit profite, mais si le cœur faillit l’esprit s’émacie, si absolu ce qu’il y puise.

Au début avec des filles, puis finalement avec des garçons. J’ai eu des petits amis que j’ai beaucoup appréciés, mais je n’ai jamais pu leur dire autre chose que « Je t’aime bien ». Au fond de moi, il m’était impossible d’aimer qui que ce soit. Les seules personnes à qui je destinais alors un amour sans retenue étaient mes parents.

Les mots que les adultes ont employés à l’époque pour m’expliquer cela étaient différents, bien entendu, mais la conclusion était sans équivoque : Amber était morte. Je n’ai pas pleuré, je suis retourné à l’école le lendemain, et si, pendant un temps, je n’ai pas voulu jouer avec les autres enfants, rapidement les choses sont revenues à la normale. Je n’ai pas pleuré, non, contrairement à ma mère. Ça a été dur pour elle d’expliquer à son fils la mort de son amie, de mettre son enfant encore si jeune face à une réalité pourtant indissociable de la vie.

Entre nous est née une relation fusionnelle, authentique, empathique même. Quand elle pleurait, je pleurais, quand je riais, elle riait. C’est fou, mais nous étions vraiment liés, inséparables. Un ravissement romantique qui dura toute l’année scolaire. À la fin de celle-ci, nous savions, malgré notre âge, qu’il nous faudrait attendre deux longs mois de vacances avant de nous retrouver. Nous nous sommes fait la promesse de n’aimer personne d’autre durant cette période.

C’est un jeune homme plein de vie, qui croit en ses rêves. Et dans aucun de ceux-là, il n’est cloué dans un lit ou dans un fauteuil sans pouvoir partager ses amours et ses passions avec le reste du monde. J’ai peur, parce que je suis face à un mur, et quoi qu’il arrive,je fonce dedans à toute allure. La violence de l’impact, on a beau s’y préparer, on ne la soupçonne pas.

Cette scène me fait un mal de chien. Deux parents dans l’attente infernale d’avoir des nouvelles de leur fils. Sachant qu’il n’y aura que deux possibilités : une mauvaise nouvelle et une moins mauvaise. L’opération se déroule bien, les dommages causés parla rupture d’anévrisme sont limités et Dylan est de retour dans son lit, toujours plongé dans un coma dont personne ne sait quand et surtout s’il se réveillera un jour ou alors… alors, ça sera la fin de l’attente. De manière définitive.

Si exposer mon corps nu aux yeux de l’infirmier n’était plus source de gêne, retrouver mon autonomie pour une tâche aussi élémentaire a été une libération. Car, bien que je me refuse à avouer ce qui saute aux yeux, ma relation avec Matthew, depuis ces derniers jours, prend une direction… inconnue.