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Critique de Charybde2


Face au buffet sans fin et à volonté des assignations sociales tous azimuts, la poésie libératrice et drôle, toujours aussi intime, toujours aussi politique, de Rim Battal.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/06/30/note-de-lecture-les-quatrains-de-lall-inclusive-rim-battal/

Quel meilleur espace, paradoxal en diable mais aussi terriblement révélateur, pour tester les ramifications des codes de la domination patriarcale, intégrés par ses sujets en conscience ou non, ou pour tester la validité de la dialectique maître-esclave hégélienne, après tout, que l'un de ces resorts enchanteurs, entre soleil, mer et piscine, dans la volupté des formules commerciales où tout est inclus (à part le sens profond des mots une fois que le marketing les a transformés) ? C'est à cette expérience poétique et politique beaucoup plus radicale qu'il n'y paraît d'abord que nous invite Rim Battal avec ces « Quatrains de l'All Inclusive », publiés au Castor Astral en février 2021.

Déjà dans « Vingt poèmes et des poussières » (2015), « Latex » (2017) et « Transport commun » (2020), plusieurs spectres malicieux rôdaient dans la poésie de Rim Battal, acharné à produire de propices contre-pieds aux assignations de genre, de race, de géographie, et plus encore aux décisions sociales de ce qui se fait ou ne se fait pas. le trop de place tenu par les religions, par les mères, par le tourbillon d'ultra-modernité tournant largement à vide, par les paillettes médiatiques : traité à l'ombre du parasol au bord de la piscine ensoleillée, en profitant du bar à cocktails ou du buffet (en formule All You Can Eat, naturellement et vraisemblablement), le voici sèchement et souvent ironiquement ramené à sa juste proportion.

En s'emparant vingt-et-une fois de la forme quatrain pour y déposer ses joyeuses munitions, en jouant allègrement des longueurs et des distances, Rim Battal renforce clairement son travail poétique d'une émancipation tous azimuts, mais oeuvre aussi, plus insidieusement peut-être, à la manière feutrée et inquiétante de Hugues Jallonle début de quelque chose », 2011), quoique depuis un angle bien différent : chaque actrice et chaque acteur de cette nécessaire reconquête – face aux stimuli orchestrés d'une même voix fusionnelle par la tradition et par l'avidité marchande ou spirituelle – doit opérer une lutte intime, dont la complexité ne saurait être sous-estimée. La langue, les mots, la poésie : ici sont les armes, qui sont maniées avec un humour subtil ou tranchant selon les besoins, et avec une humilité joueuse et indispensable.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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