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Critique de Marti94


Ce livre fait vraiment partie des exceptions et qui dit exception dit exceptionnel.
Avec « Journal du voleur » publié en 1949, Jean Genet interpelle les lecteurs sur la misère des hommes, la sienne, lui qui est en prison pour avoir volé.
Ce journal autobiographique est surprenant par l'intensité des propos et la qualité de son écriture.
Genet raconte son enfance d'orphelin voyou mais surtout ses amants et surtout son amour pour Stilitano l'espagnol, sur fond de prostitution, de trafic d'opium et de guerre d'Espagne.

C'est un livre qui mêle les voyages intérieurs et extérieurs. J'ai voulu le lire après avoir lu « M train » de Patti Smith et je ne peux pas m'empêcher de la citer :
« Cela faisait longtemps que j'avais envie de voir les vestiges de la colonie pénitentiaire où les pires criminels étaient envoyés par bateau, avant d'être transférés sur l'île du Diable.
Dans Journal du voleur, Genet décrivait Saint-Laurent comme une terre sacrée et parlait des détenus avec une compassion empreinte de dévotion. Dans son Journal, il évoquait une implacable hiérarchie de la criminalité, une sainteté virile dont le sommet se trouvait sur les terribles terres de la Guyane française. Il avait gravi les échelons pour se rapprocher d'eux : maison de redressement, chapardeur, par trois fois sanctionné ; mais tandis que sa condamnation était prononcée, le bagne qu'il tenait en si haute estime fermait, jugé inhumain, et les derniers prisonniers vivants furent rapatriés en France. Genet fut incarcéré à la prison de Fresnes, se lamentant avec amertume de ne pas pouvoir atteindre la grandeur à laquelle il aspirait. Anéanti, il écrivit : On me châtre, on m'opère de l'infamie.
Genet fut emprisonné trop tard pour intégrer la communauté qu'il avait immortalisée dans son oeuvre. Il resta à l'extérieur des murs de la prison, tel le boiteux de Hamelin à qui fut refusée l'entrée au paradis parce qu'il était arrivé trop tard devant ses portes.
À soixante-dix ans, Genet était, disait-on, en fort mauvaise santé et, très probablement, il n'irait jamais voir le bagne de Guyane. Je me suis vue lui apporter sa terre et ses cailloux. »
Et les cailloux du bagne, Patti Smith est allée les chercher et m'a permis le plaisir de cette lecture.


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