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Critique de tiptop92


Hervé Bazin - Vipère au poing - 1948 : Cette descente au coeur de la haine intime s'accompagnait de la fin crépusculaire d'un monde qui sentait encore l'odeur de la poudre à perruque et des privilèges. On pouvait trouver que le combat qui opposait les enfants Rézeau à leur mère était celui-là même qui opposa à partir de 1789 la jeunesse révolutionnaire à la sclérose nobiliaire issue d'un monde historiquement millénaire. La figure tutélaire de la mère dominait cette famille éreintée par les agissements cruels de cette véritable Médée en jupon. Les jeunes frères et plus particulièrement brasse-bouillon (le surnom du personnage central) s'opposait frontalement à la barbarie d'une femme qui recréait dans son microcosme familial les maux délétères des pires dictatures de l'époque. On suivait avec passion ce combat presque homérique qui sacrifiait sur l'autel de la sévérité excessive une piétaille de précepteurs complices ou pas de la duplicité maternelle. Pauvre hommes en soutane souvent mis au rebus du clergé pour des comportements illicites qui finissaient pour la plupart épuisés par la violence larvée de cet affrontement familial. Hervé Bazin s'inspira en partie de son enfance et de son adolescence pour définir ce personnage de marâtre qui fera tout le sujet de son roman. La plaie visiblement était encore ouverte et c'est à grande poignée que l'écrivain jetait du sel sur le souvenir à vif de ses premières années. le sifflement aigu de la vipère résonnait dans chacune de ces pages qui retentissait comme un hommage à l'esprit mauvais de Paule Rézeau, créature sans limites morales que ses enfants n'appelleront jamais autrement que folcoche (un condensé de folle et de cochonne). Qu'en fut-il ensuite de la vie d'adulte de l'auteur ? réussit-il quand même à s'engager dans une relation sentimentale lui qui n'apprit jamais l'amour ? On imagine assez bien le handicape que du représenter une pareille jeunesse pour aborder sereinement une vie d'adulte. Alors que dans un couple la dureté de l'un était souvent contrebalancé par la bienveillance de l'autre, aucun secours ne vint d'un père pourtant distingué pour son courage dans les tranchées mais qui accepta avec résignation les mauvais traitements subis par ses fils au nom d'une illusoire tranquillité conjugale. "Vipère au poing" reste un classique absolu qu'on lit encore dans bien des écoles pour dénoncer aux yeux des enfants la maltraitance induite par des parents mauvais et indignes... intense
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