AU BEAU TÉTIN
Tétin refait, plus blanc qu'un œuf,
Tétin de satin blanc tout neuf,
Tétin qui fais honte à la rose,
Tétin plus beau que nulle chose,
Tétin dur, non pas tétin, voire
Mais petite boule d'ivoire,
Au milieu duquel est assise
Une fraise ou une cerise,
Mais je gage qu'il est ainsi.
Que nul ne voit, ne touche aussi,
Tétin donc au petit bout rouge,
Tétin qui jamais ne se bouge,
Soit pour venir, soit pour aller,
Soit pour courir, soit pour baller,
Tétin gauche, tétin mignon,
Toujours loin de son compagnon,
Tétin qui porte témoignage
Du demeurant du personnage,
Quand on te voit, il vient à maints
Une envie de dedans les mains,
De te tâter, de te tenir ;
Mais il se faut bien contenir
D'en approcher, bon grès ma vie!
Car il viendrait une autre envie.
...
C. Marot
L'un va cherchant la mort aux flancs d'une muraille
En escarmouche, en garde, en assaut, en bataille
Pour acheter un nom qu'on surnomme l'honneur.
Mais moi, je veux mourir sur tes lèvres, maîtresse,
C'est ma gloire, mon heure, mon trésor, ma richesse,
Car j'ai logé ma vie en ta bouche, mon cœur.
Remy Belleau
Je veux dormir! dormir plutôt que vivre!
Dans un sommeil aussi doux que la mort,
J'étalerai mes baisers sans remords
Sur ton beau corps poli comme le cuivre.
...
L'oubli puissant habite sur ta bouche,
Et le Léthé coule dans tes baisers.
Baiser
(...)
Puis, quand s'approche de la tienne
Ma lèvre, et que si près je suis
Que la fleur recueillir je puis
De ton haleine ambroisienne,
Quand le soupir de ces odeurs
Où nos deux langues qui se jouent
Moitemnent folâtrent et nouent,
Éventent mes douces ardeurs,
Il me semble être assis à table
Avec les dieux, tant suis heureux,
Et boire à longs traits savoureux
Leur doux breuvage délectable.
Joachim Du Bellay
Anonyme (20ème siècle)
L'envolée
...
Quand je sens venir ton plaisir
J'aime regarder tes yeux clairs
Ah plonger en criant de joie
Dans ces abîmes de lumière
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Anonyme (20ème siècle)
...
Quand tu sens venir les prémices
D'un plaisir qui n'en finit pas
De finir et qui recommence
Pour à nouveau ne plus finir.
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Hubert Juin (1926-1987)
Les saintes femmes
Sur ce temple adorable, et nu plus que la nudité,
où la houle du ventre répond aux noeuds du corps,
je sacrifie aux dieux terrestres de l'amour :
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Certes, elle n'était pas...
(Victor Hugo)
Certes, elle n'était pas femme et charmante en vain,
Mais le terrestre en elle avait un air divin.
Des flammes frissonnaient sur ses lèvres hardies ;
Elle acceptait l'amour et tous ses incendies,
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Platon disait, à l'heure où le couchant pâlit :
- Dieu du ciel, montrez-moi Vénus sortant de l'onde !
Moi je dis, le coeur plein d'une ardeur plus profonde :
- Madame, montrez-moi Vénus entrant au lit !
(Victor Hugo, 1802-1885)
Jean de La Fontaine ( 1621-1695)
Epigramme
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La jouissance et les désirs
Sont ce que l'âme a de plus rare.
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