D'autres deuils assombrirent mon existence, rendant chaque fois un peu plus fausse la résonance de mes plaisirs, avant le jour où je pus entendre sa voix. Tiré trop tôt du sommeil pour vaquer à mes habitudes, je m'étais enfermé dans le débarras minuscule où s'entassent mille témoins extravagants de mon passé : objets divers auxquels seul le souvenir qu'ils évoquent saurait donner un nom.
On ne saurait taxer d'irréalité ce qui m'arrive la nuit. Ce n'est pas des rêves : mon emploi du temps m'interdit tout sommeil, ma charge est de veiller sur les choses endormies. Sitôt enfuie la débandade écervelée du personnel diurne, et closes les portes, et tirés les lourds vantaux du soir, rien ne se meut dans l'ombre que n'enregistre immédiatement mon œil aux aguets.
(p.55, "La visiteuse nocturne")
Et qu'est le désintéressement sinon la vraie noblesse ?
(page 115)
[...] mon invocation à la Troisième Ténèbre :
"Nuit qui écartèle les astres et te tiens debout sur nos têtes, je requiers ton pouvoir contre ce jour fade qui agite à l'horizon ses lanternes de pauvres, ses lueurs de désastre ! [...]"
No man's land (page 15)
Mais de tous nos désirs combien infime est la part que nous réalisons !
(page 111)
Par goût de la solitude, j’avais fait construire ma maison en pleine forêt. Le toit ne dépassait pas les arbres. Là enfin je pourrais vivre loin des fréquentations oiseuses, entre des murs nus, délivré de l’envahissant confort. Un lit, une table, une chaise, qu’est-il besoin de plus ?
On ne saurait taxer d'irréalité ce qui m'arrive la nuit. Ce n'est pas des rêves : mon emploi m'interdit tout sommeil, ma charge est de veiller sur les choses endormies. Sitôt enfuie la débandade écervelée du personnel diurne, et closes les portes, et tirés les lourds ventaux du soir, rien ne se meut dans l'ombre que n'enregistre immédiatement mon oeil aux aguets.