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Critique de viou1108_aka_voyagesaufildespages


Lu dans le cadre du Challenge Nobel.

Ceci n'est pas un extrait de la pièce. Ceux qui l'ont lu comprendront (ou pas), les autres devront attendre avec Vladimir et Estragon.

A : C'est l'histoire de deux types qui attendent près d'un arbre, au bord d'une route, le soir.
B : Ils attendent quoi ?
A : Non, pas « quoi », « qui ».
B : Et c'est quoi, « qui » ?
A : (s'impatiente) Non, pas « quoi », « qui » ! Combien de fois faut-il te le répéter ?
B : Je ne sais pas.
A : Tu ne sais pas quoi ?
B : Combien de fois… (Il réfléchit) …Mais n'était-ce pas toi qui disais « pas ‘quoi', ‘qui' » ?
A : Aah enfin aurais-tu compris ?
B : Compris quoi qui ?
A : Qui on attend ?
B : Non. (Fâché) Tu m'embrouilles à la fin !
A : On attend Godot.
B : Aah…Celui du titre ?
A : Voilà.
B : Et qui est Godot ?
A : Je ne sais pas. Un monsieur qui va nous sauver.
B : Et il vient aujourd'hui ?
A : Oui, sinon pourquoi on l'attendrait maintenant ?
B : Tu as raison. Alors nous sommes sauvés ! Mais ne devait-il pas déjà venir hier ?
A : Oui, mais on nous a dit qu'il viendrait ce soir.
B : Tu es sûr que ce soir, c'est bien aujourd'hui ? Ca pourrait aussi bien être demain, non ?
A : Non non, hier on nous a dit aujourd'hui, pas demain. de toute façon tous les jours se ressemblent. Et puis, as-tu mieux à faire qu'attendre ?
B : Non…j'ai attendu hier, je peux bien attendre aujourd'hui.
A : Voila qui est bien raisonné.
B : Et que fait-on en attendant ?
A : Eh bien tu vois… on s'occupe, on discute.
B : Ce n'est guère amusant. Si on se pendait ? Il faut bien que cet arbre serve à quelque chose !
A : C'est une bonne idée. Tu as une corde ?
B : Non, pourquoi ?
A : Parce que « le temps est long, dans ces conditions, et nous pousse à le meubler d'agissements qui, comment dire, qui peuvent à première vue nous paraître raisonnables, mais dont nous avons l'habitude. Tu me diras que c'est pour empêcher notre raison de sombrer ».
B : On ne se débrouille pas trop mal, hein, tous les deux ensemble ? « On trouve toujours quelque chose, hein, pour nous donner l'impression d'exister ? »
A : « Mais oui, mais oui, on est des magiciens ».
B : C'est certain. Il faut du talent pour meubler le vide avec du vide…
A : …pour parler aussi longtemps pour ne rien dire…
B : …pour se persuader qu'on est toujours vivant…
A : Quel ennui…c'est à n'y rien comprendre…
B : Que fait-on ici ?
A : « Voilà ce qu'il faut se demander. Nous avons la chance de le savoir. Oui, dans cette immense confusion, une seule chose est claire : nous attendons que Godot vienne. »

Vous n'avez rien compris ? Normal, il n'y a rien à comprendre. Métaphore du vide, de la vanité de l'existence, absurdité de l'absurde ? Peut-être, mais Beckett lui-même disait qu'il n'avait pas eu l'intention de donner un sens caché à sa pièce. Pirouette d'auteur ? Allez savoir…
Le mot de la fin à Estragon : « Nous naissons tous fous. Quelques-uns le demeurent ».
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