AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,73

sur 3543 notes
L'autre jour, ma fille regardait le Livre de la Jungle de Walt Disney à la télévision et un passage m'a incroyablement frappée. Il s'agit, vers la fin du film, du moment où les quatre vautours sont en train de s'ennuyer ferme en ce demandant : « - Et Max, qu'est-ce qu'on va faire ? - Je n'en sais rien, que veux-tu faire ? » et ainsi de suite.
Oui, incroyablement frappée car on croirait cet extrait tout droit sorti d'En Attendant Godot. Cette pièce dans son entier est une sorte de dilatation à l'extrême de cette scène qui dure trente secondes dans le dessin animé et malheureusement un peu plus ici.
Samuel Beckett y est allé de bon coeur dans ce registre, éveillant au passage un certain sentiment de vacuité (pour ne pas dire un sentiment certain !).
Alors voilà, Beckett nous chante que la vie n'a aucun sens, qu'on passe son temps à y attendre la mort sans savoir quoi faire ni pourquoi : vivre à deux ? voyager ? avoir du pouvoir ? croire en quelqu'un ? réfléchir ? avoir des richesses ? bref, que tout ça ne rime à rien.
Certes, messire Beckett, mais cela dit, c'est un peu court jeune homme, il n'y aurait peut être pas de quoi écrire une thèse, quoique, je vous en sens bien capable au jugé de votre aptitude à délayer le rien avec du rien au fond d'un grand pot à rien.
Mais tu ne comprends rien ma pauvre Nastasia, c'est ça le génie de Beckett, nous montrer tout le vide contenu dans nos vies, l'absurdité fondamentale de tout et de toute chose. Estragon et Vladimir, avec leur amitié de pacotille, attendent l'heure de leur mort avec un mélange de terreur et de soulagement, Pozzo et Lucky aussi, bien qu'entretenant des relations individuelles très différentes, de type exploiteur-exploité.
Ouais, ouais, ouais, c'est bien beau tout ça, mais ça me rappelle étrangement de vieux souvenirs de musées d'art moderne, de carré blanc sur fond blanc et autres hautes subtilités dans le même genre, auxquelles je reste décidément hermétique.
C'est vrai que dans le premier acte, j'avais tendance à prendre du plaisir à lire ce théâtre très scénique, très « visuel » si j'ose dire. C'est vrai que le propos me paraissait très intéressant mais assez vite, et surtout au deuxième acte, j'ai compris que Samuel Beckett n'avait absolument plus rien à dire, il faisait son remplissage réglementaire, histoire que la pièce ait un format acceptable, car cinq pages aurait fait un peu frugal.
Ce n'est pas mal fait et il fallait que quelqu'un le fasse dans l'évolution naturelle de l'histoire de l'art dramatique, un peu comme le carré blanc sur fond blanc de Malevitch et les merdes d'artiste de Manzoni, un peu comme Peter Handke et son Outrage Au Public, mais bon, vous dire que ça étanche la soif, quand on a vraiment soif, je ne sais pas, c'est à vous de voir… D'ailleurs, ceci n'est pas une pomme, ce n'est que mon avis, un tout p'tit avis de rien, c'est-à-dire, pas grand-chose, messieurs, dames.
Commenter  J’apprécie          1425
« Je ne sais pas plus sur cette pièce que celui qui arrive à la lire avec attention. » Quand on lit “Beckett”, on pense phonétiquement « absurde » : si un orthophoniste, un peu nihiliste, pouvait se pencher sur la question ?

***

Le dramaturge irlandais écrit au lendemain de la plus grande boucherie du XXème siècle, abattoirs à ciel ouvert de la Méditerranée à l'Oural, où le « monde d'hier » donna à voir, après ses monuments, ses expositions universelles et ses pâtisseries dans les vitrines des grands magasins, que c'était finalement en matière de cruauté qu'il était le plus raffiné.

D'où l'absurde. c'est une méfiance envers la logique, une défiance cynique envers la raison, c'est la répulsion à faire sens, à « signifier » quelque chose comme s'inquiète un personnage de « Fin de Partie », la pièce qui suivra « En attendant Godot ».
C'est le décalage abyssal entre le micro-impératif social de prendre au sérieux sa tâche, son boulot, les joies et souffrances d'autrui et en même temps de se rappeler comme tout cela est arbitrairement absurde à l'échelle de la voie lactée (pour rester sur une petite échelle…).
Notre rétine intellectuelle s'épuise à remettre à l'envers les clichés de l'absurde qui nous assaillent à chaque fois que nous voulons voir un sens à ce qui nous arrive, nous raconter un destin.

« Je suis comme ça. Ou j'oublie tout ou je n'oublie jamais. » On ne se bat pas contre l'absurde, sa violence sourde et ininterrompue. On l'accepte, comme Vladimir et Estragon se résignent à revenir, chaque jour au même endroit, à oublier, à se rappeler, à vouloir se quitter sans jamais y parvenir, statiques, et autour d'eux le mouvement, la fatale décrépitude d'un monde vaguement dystopique, représentée par Pozzo et Lucky.

Extinction des feux. Dans un décor minimaliste, des dialogues courts et amphigouris, les derniers survivants d'une extinction de masse, celle de l'humanité, se rencontrent dans un décor dépouillé, le lecteur est plongé dans une atmosphère d'abord inquiétante puis finalement s'apprivoise de ce calme post-apocalyptique, Beckett un auteur de la résilience ?

Est-ce que Beckett fait payer ses personnages d'avoir eu l'hubris de vouloir penser en les faisant dire des inepties ? parce qu'incapables de « se taire » ? Avec Beckett, et pour emprunter une phrase à « Fin de Partie » qui est, à mon sens, plus aboutie encore que Godot, « la fin est dans le commencement et cependant on continue ».

***

Vladimir.- Qu'est-ce qu'on pourrait dire de plus sur la pièce ?
Estragon.- Quelle pièce ?
Vladimir.- Celle qu'on est en train de critiquer, là pour les gens… sur babelio.
Estragon.- Je ne sais pas.
Vladimir.- Tu sais.
Estragon.- Alors je sais.
Vladimir.- (au public des babeliotes) Vous n'avez qu'à demander à Godot. Il arrive, vous avez le temps ?

(Il serait malvenu de vous demander ce que vous en « pensez » justement…)
Commenter  J’apprécie          902
En attendant Godot, Vladimir et Estragon, deux vagabonds discourent pour ne rien dire. Une forme d'absurdité dans ce qui pourrait être une attente passive de la mort, qui colle avec un monde qui ne l'est pas moins au moment où Samuel Beckett écrit cette pièce, après l'hécatombe de la Seconde Guerre mondiale, l'émergence des nationalismes et le début de la guerre froide. Pourtant l'intention de Beckett n'était semble-t-il pas de donner une dimension politique, philosophique ou existentielle à sa pièce (il ne s'est jamais prononcé sur le sujet, laissant à chacun sa libre interprétation) mais plus trivialement de nous mettre en temps réel dans l'état même de ses personnages dans l'attente de celui qui n'arrive pas, et qui fait que l'on s'ennuie. Une pièce expérimentale donc... qui a créé un scandale au moment de sa sortie pour finalement devenir pour beaucoup une des oeuvres majeures du XXe siècle et contribuer au prix Nobel de littérature de Samuel Beckett, quinze ans plus tard.
Commenter  J’apprécie          8511
Pièce en deux actes, première oeuvre que je découvre de Samuel Beckett. Je ne suis pas déçue, j'aime le théâtre de l'absurde. Cette pièce évoque l'attente, les rendez-vous manqués, la fuite du temps, l'indifférence. Il y a des scènes brutales, qui montrent que l'homme n'est pas toujours tendre avec son prochain loin de la. Beckett retrace là un portrait noir de l'humanité avec sa violence et son égoïsme. Une pièce qui fait réfléchir, et qui se termine sur deux alternatives ou Godot viendra enfin au rendez-vous ou Vladimir et Estragon, las d'attendre et fatigués, mettront fin à leurs jours en se pendant. Drame de la solitude et de l'incompréhension.
Lien : http://araucaria20six.fr/
Commenter  J’apprécie          691
En attendant Godot moi aussi depuis que je suis née, j'ai eu le temps de relire une demie douzaine de fois cette pièce de théâtre parmi les plus connues de Samuel Beckett. Godot ne vient jamais, ou peut-être vient-il sans qu'on ne le reconnaisse, et le miracle du temps aidant, chaque fois m'a donné l'impression de lire une pièce différente.


Lors de la première lecture, En attendant Godot stupéfie en même temps qu'il réconforte et procure le même effet que lorsque l'on rencontre une nouvelle personne avec qui des affinités immédiates se créent. Samuel Beckett est surtout connu pour avoir contribué au théâtre de l'absurde, mais il est trop peu reconnu pour ses qualités d'observateur psychologique. La scène vide sur laquelle ses personnages aux noms fantasques brassent de l'air –vide si l'on excepte un saule pleureur- peut tout aussi bien représenter le monde désenchanté qu'une scène expérimentale sur laquelle des êtres humains auraient été placés, sous l'oeil démiurge d'un Godot qui souhaiterait observer l'évolution des interactions entre les deux membres du couple Vladimir-Estragon. Couple asexuel quoique voué à l'amour et au désir par ennui, perturbé par l'intrusion d'éléments extérieurs qui semblent n'avoir d'autre but que de renouveler la nature d'interactions qui, sans cela, auraient rapidement trouvé leurs limites. Épisodiquement se présentent donc Pozzo et son « chien » Lucky, ainsi que le petit garçon, messager d'un Godot qui se fait désirer…


Alors certes, Samuel Beckett nous donne à voir des personnages qui tournent en rond sur une scène constituée de très peu d'éléments avec lesquels interagir, et on pense que cela risque d'être inintéressant… mais ce serait faire preuve de bien peu de recul porté sur soi-même que d'imaginer cela. Car qui sont Vladimir et Estragon, sinon le reflet de notre ennui pris au piège d'un autre ? Si cette pièce de théâtre nous donne l'impression d'avoir trouvé en Samuel Beckett un décrypteur fidèle de nos âmes, voire un sage à qui l'on aimerait confier les misères de notre condition, c'est parce que le comportement de Vladimir et d'Estragon cesse d'être celui de simples personnages de théâtre ; ils sont à notre image –à moins que nous ne soyons à la leur-, ce qui implique que Samuel Beckett est également à notre image –à moins que nous ne soyons à la sienne. Vladimir et Estragon représentent l'ennui qui cherche à se dissiper en recourant à l'autre ; la méchanceté gratuite lorsque même le recours à l'autre ne suffit plus ; la vanité lorsque tous les recours ont été utilisés ; l'absurdité lorsque ces étapes ont été franchies dans la plus parfaite inconscience.


En attendant Godot est une pièce délicieuse à voir mais plus encore à lire. Les subtilités de la description psychologique de ces personnages qui s'ennuient se découvrent dans les didascalies, dans les silences, dans le recours cyclique aux mêmes thèmes. La lecture permet à chacun d'adapter les propos à son propre rythme de l'absurde –lenteur à l'image d'un temps si long qu'on n'arrive plus à combler ; rythme indifférent du personnage résigné à la monotonie ; rapidité fébrile qui cherche à masquer l'absurdité.


Samuel Beckett livre une vision pessimiste de l'humanité. Il ne donne aucun espoir, mais peut-on le lui reprocher ? Personne ne peut lui imposer d'être un recours galvanisant de nos âmes. Peut-être existe-t-il un au-delà d'Estragon et de Vladimir mais parce que Samuel Beckett n'en parle pas, nous devrions réduire sa pièce à une vision désenchantée du monde ? A condition de s'admettre soi-même voué à l'ennui et à l'absurdité, il sera impossible de ne pas se reconnaître dans les personnages de Vladimir et d'Estragon. Qui n'aura jamais été, semblables à eux, dans la condition de recourir au bavardage insignifiant avec un autre inintéressant pour se passer le temps ? qui n'aura jamais eu l'impression de se renier soi-même en commettant des actes contraires à ses valeurs ou à ses intérêts pour meubler le vide ? qui n'aura jamais été surpris par soi-même, se découvrant des réactions et des propos qui n'auront été, en fait, provoquées par rien d'autre que l'attente d'un évènement significatif qui ne vient pas ? qui n'aura jamais déversé son fiel sur l'autre fidèle par simple désamour de soi ? D'un coup, Samuel Beckett réduit l'amitié, l'amour et même la haine à néant, comme simples manifestations d'un ennui prenant des formes différentes en fonction de ses degrés d'évolution.


Pour finir, Samuel Beckett nous place dans la même situation que ses personnages, incapables de s'exprimer exactement :


« VLADIMIR. – Je ne comprends pas.
ESTRAGON. – Mais réfléchis un peu, voyons.
Vladimir réfléchit.
VLADIMIR (finalement). – Je ne comprends pas.
ESTRAGON. – Je vais t'expliquer. (Il réfléchit.) La branche… la branche… (Avec colère.) Mais essaie donc de comprendre !
VLADIMIR. – Je ne compte plus que sur toi.
ESTRAGON (avec effort). – Gogo léger –branche pas casser –Gogo mort. Didi lourd –branche casser – Didi seul. (Un temps.) Tandis que… (Il cherche l'expression juste.) »


Voilà pourquoi En attendant Godot subjugue autant : toute la condition humaine est représentée dans cette scène et culmine dans le personnage d'Estragon. On peut s'arrêter là, se décourager, et accepter un silence et un ennui qui ne cherchent plus à se déguiser. On peut également chercher à dépasser cette condition au prix d'une forte abnégation et d'une volonté tenace car, après avoir été frappé par la pertinence de cette pièce, il sera difficile de ne plus voir l'ennui et l'absurdité qui attendent, larvés sous nos actes fébriles. On peut également passer de l'un à l'autre de ses comportements : ainsi moi-même qui, concédant à Samuel Beckett la lucidité de sa vision, m'efforce toutefois de lui faire du tort en chassant l'ennui et en croyant produire un effort significatif par l'écriture de ce commentaire.

Lien : http://colimasson.over-blog...
Commenter  J’apprécie          684
Lu dans le cadre du Challenge Nobel.

Ceci n'est pas un extrait de la pièce. Ceux qui l'ont lu comprendront (ou pas), les autres devront attendre avec Vladimir et Estragon.

A : C'est l'histoire de deux types qui attendent près d'un arbre, au bord d'une route, le soir.
B : Ils attendent quoi ?
A : Non, pas « quoi », « qui ».
B : Et c'est quoi, « qui » ?
A : (s'impatiente) Non, pas « quoi », « qui » ! Combien de fois faut-il te le répéter ?
B : Je ne sais pas.
A : Tu ne sais pas quoi ?
B : Combien de fois… (Il réfléchit) …Mais n'était-ce pas toi qui disais « pas ‘quoi', ‘qui' » ?
A : Aah enfin aurais-tu compris ?
B : Compris quoi qui ?
A : Qui on attend ?
B : Non. (Fâché) Tu m'embrouilles à la fin !
A : On attend Godot.
B : Aah…Celui du titre ?
A : Voilà.
B : Et qui est Godot ?
A : Je ne sais pas. Un monsieur qui va nous sauver.
B : Et il vient aujourd'hui ?
A : Oui, sinon pourquoi on l'attendrait maintenant ?
B : Tu as raison. Alors nous sommes sauvés ! Mais ne devait-il pas déjà venir hier ?
A : Oui, mais on nous a dit qu'il viendrait ce soir.
B : Tu es sûr que ce soir, c'est bien aujourd'hui ? Ca pourrait aussi bien être demain, non ?
A : Non non, hier on nous a dit aujourd'hui, pas demain. de toute façon tous les jours se ressemblent. Et puis, as-tu mieux à faire qu'attendre ?
B : Non…j'ai attendu hier, je peux bien attendre aujourd'hui.
A : Voila qui est bien raisonné.
B : Et que fait-on en attendant ?
A : Eh bien tu vois… on s'occupe, on discute.
B : Ce n'est guère amusant. Si on se pendait ? Il faut bien que cet arbre serve à quelque chose !
A : C'est une bonne idée. Tu as une corde ?
B : Non, pourquoi ?
A : Parce que « le temps est long, dans ces conditions, et nous pousse à le meubler d'agissements qui, comment dire, qui peuvent à première vue nous paraître raisonnables, mais dont nous avons l'habitude. Tu me diras que c'est pour empêcher notre raison de sombrer ».
B : On ne se débrouille pas trop mal, hein, tous les deux ensemble ? « On trouve toujours quelque chose, hein, pour nous donner l'impression d'exister ? »
A : « Mais oui, mais oui, on est des magiciens ».
B : C'est certain. Il faut du talent pour meubler le vide avec du vide…
A : …pour parler aussi longtemps pour ne rien dire…
B : …pour se persuader qu'on est toujours vivant…
A : Quel ennui…c'est à n'y rien comprendre…
B : Que fait-on ici ?
A : « Voilà ce qu'il faut se demander. Nous avons la chance de le savoir. Oui, dans cette immense confusion, une seule chose est claire : nous attendons que Godot vienne. »

Vous n'avez rien compris ? Normal, il n'y a rien à comprendre. Métaphore du vide, de la vanité de l'existence, absurdité de l'absurde ? Peut-être, mais Beckett lui-même disait qu'il n'avait pas eu l'intention de donner un sens caché à sa pièce. Pirouette d'auteur ? Allez savoir…
Le mot de la fin à Estragon : « Nous naissons tous fous. Quelques-uns le demeurent ».
Commenter  J’apprécie          6614
Cette pièce en deux actes est la première que j'ai pu lire de cet auteur. le décor est épuré, minimaliste : une route de campagne, des champs et... un arbre ! Et c'est justement sous cet arbre que tout va se jouer (si vous me pardonnez ce jeu de mots). Vladimir et son frère, Estragon, attendent un personnage qui leur a fait la promesse de venir : Godot. Les dialogues sont totalement absurdes, vains. Entrent ensuite deux autres larrons, Pozzo, tenant en laisse Lucky et le traitant comme son esclave. Un petit moment se passe et les deux hommes partent, non sans bruit. Un enfant vient dire à Vladimir et à Estragon que Godot ne viendra pas. On apprend qu'il en est ainsi tous les soirs. le lendemain, même chose, ainsi que les jours suivants... Les personnages ont un peu vieillis. Godot n'apparaît toujours pas. Arrivera-t-il un jour ? Qui est Godot ? Telles sont les questions que vous vous poserez en lisant cette pièce.

Beckett s'inscrit dans la mouvance de l'absurde. On pourra voir, à travers ses personnages, une critique de la quête, du conditionnement, de l'humanité dans son ensemble. le style peut dérouter mais il donne à réfléchir.
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
Commenter  J’apprécie          534
Ma fille m'avait offert un poster, sous forme de calendrier de l'Avent des 50 livres qu'il faut avoir lu dans sa vie. La petite fenêtre « En attendant Godot" était l'une des dernières encore fermées.J'ai repoussé et j'ai appréhendé cette lecture car n'étant pas une amatrice du genre, je savais que l'exercice serait laborieux.
J'ai pris mon courage à deux mains, je me suis armée de patience et quelle n'a été ma surprise au fil de seulement quelques pages, de me retrouver intriguée, sinon amusée par cette pièce expérimentale où deux vagabonds clownesques se donnent la réplique en échangeant des propos absurdes, grotesques, truffés de pantomimes.

Ecrite en français par un auteur irlandais, auteur phare du théâtre de l'absurde, cette pièce illustre parfaitement un théâtre de la solitude, du désespoir, du vide et du silence.Elle regorge d'événements absurdes et tragi-comiques. Style décalé, histoire décousue, discours haché, les personnages attendent Godot et essayent de faire passer le temps dans les meilleures conditions.Leurs descriptions psychologiques, pauvres hères qui ont perdu toute notion de temps et de l'espace, sont d'une grande perspicacité. 

Nous assistons inlassablement à leur attente en se demandant qu'espèrent-ils réellement? Dans un épatant jeu de miroirs Samuel Beckett nous amène à croire qu'ils attendent quelque chose de définitif, comme une sorte de fin en soi qui leur apporterait une sorte de rédemption et qui les sauverait d'eux-mêmes, en fuyant leur souffrance et l'angoisse d'une vie qui n'a pas de sens.
D'associations d'idées surprenantes en jeux de mots potaches, l'auteur irlandais mène son bateau ivre et ça se lit d'une seule traite.

Je termine avec une magnifique phrase de Samuel Beckett lui-même à propos de son oeuvre la plus connue:
"Estragon, Vladimir, Pozzo, Lucky, leur temps et leur espace, je n'ai pu les connaître un peu que très loin du besoin de comprendre. Ils vous doivent des comptes peut-être. Qu'ils se débrouillent. Sans moi. Eux et moi nous sommes quittes ».

Commenter  J’apprécie          480
Poser deux hommes sur scène, les faire se parler pendant deux heures pour attendre quelqu'un qui ne vient pas (et qui ne viendra jamais), il fallait oser.
Quand on sait que ces hommes sont des vagabonds, qu'ils n'ont rien d'important à se dire, à part parler et attendre, que Godot qu'on attend n'a aucun intérêt, on peut se demander si Beckett ne nous prend pas pour des pigeons.
Mais il y a aussi les symboles, Godot, petit dieu invisible, l'arbre qui occupe la scène, les chapeaux melons de ces laissés pour compte de la société...
La pièce est magistrale, on peut la représenter de toutes les manières, comique, tragique, dramatique, on peut y voir aussi le vingtième siècle représenté dans son essence.
C'est la pièce la plus célèbre de Beckett, celle qui l'a fait connaître et un classique du théâtre de l'absurde. du grand art, dans les mots comme dans l'art dramatique.
Commenter  J’apprécie          433
J'ai enfin lu une pièce de Samuel Beckett ! En attendant Godot est une petit pièce en deux actes qui se déroule le soir sur une route de campagne. Nous suivons quatre personnages : Estragon, Vladimir, Pozzo et Lucky. Les deux premiers sont deux clochards qui attendent désespérément la venue d'un seul et unique homme : Godot. Pozzo et Lucky ont une relation maître-esclave vraiment aberrante. J'ai trouvé le comportement de Pozzo vraiment détestable. Beckett a écrit cette pièce directement en français, on n'y voit donc aucune marque de traduction et c'est bien plus agréable. L'originalité de cette pièce est tout à fait perceptible, il y a une forme d'anti-théâtre dû au fait que la pièce ne contient aucune scène. Au début de la pièce, Estragon veut enlever ses chaussures puis Vladimir le rejoint sur la scène. Ils discutent toute la journée pour ensuite se quitter le soir. La routine est complètement absurde, les personnages errent sans but. Néanmoins, j'ai trouvé que les dialogues sur la vie, la mort et la souffrance étaient très intéressants. Au premier abord, En attendant Godot paraît être une oeuvre simple mais elle est en réalité d'une richesse absolue.
Commenter  J’apprécie          420




Lecteurs (14127) Voir plus



Quiz Voir plus

En attendant Godot, on répond à ce quiz

En quelle année cette pièce a t-elle été publiée ?

1948
1952
1956
1968

10 questions
318 lecteurs ont répondu
Thème : En attendant Godot de Samuel BeckettCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..