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EAN : 9782707301482
124 pages
Editions de Minuit (01/04/1952)
3.73/5   3473 notes
Résumé :
L'attente comprend deux phases, l'ennui et l'angoisse. La pièce comprend donc deux actes, l'un grotesque, l'autre grave.
Préoccupé de peu de choses hormis ses chaussures, la perspective de se pendre au seul arbre qui rompt la monotonie du paysage et Vladimir, son compagnon d'infortune, Estragon attend. Il attend Godot comme un sauveur. Mais pas plus que Vladimir, il ne connaît Godot. Aucun ne sait au juste de quoi ce mystérieux personnage doit les sauver, si... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (182) Voir plus Ajouter une critique
3,73

sur 3473 notes
L'autre jour, ma fille regardait le Livre de la Jungle de Walt Disney à la télévision et un passage m'a incroyablement frappée. Il s'agit, vers la fin du film, du moment où les quatre vautours sont en train de s'ennuyer ferme en ce demandant : « - Et Max, qu'est-ce qu'on va faire ? - Je n'en sais rien, que veux-tu faire ? » et ainsi de suite.
Oui, incroyablement frappée car on croirait cet extrait tout droit sorti d'En Attendant Godot. Cette pièce dans son entier est une sorte de dilatation à l'extrême de cette scène qui dure trente secondes dans le dessin animé et malheureusement un peu plus ici.
Samuel Beckett y est allé de bon coeur dans ce registre, éveillant au passage un certain sentiment de vacuité (pour ne pas dire un sentiment certain !).
Alors voilà, Beckett nous chante que la vie n'a aucun sens, qu'on passe son temps à y attendre la mort sans savoir quoi faire ni pourquoi : vivre à deux ? voyager ? avoir du pouvoir ? croire en quelqu'un ? réfléchir ? avoir des richesses ? bref, que tout ça ne rime à rien.
Certes, messire Beckett, mais cela dit, c'est un peu court jeune homme, il n'y aurait peut être pas de quoi écrire une thèse, quoique, je vous en sens bien capable au jugé de votre aptitude à délayer le rien avec du rien au fond d'un grand pot à rien.
Mais tu ne comprends rien ma pauvre Nastasia, c'est ça le génie de Beckett, nous montrer tout le vide contenu dans nos vies, l'absurdité fondamentale de tout et de toute chose. Estragon et Vladimir, avec leur amitié de pacotille, attendent l'heure de leur mort avec un mélange de terreur et de soulagement, Pozzo et Lucky aussi, bien qu'entretenant des relations individuelles très différentes, de type exploiteur-exploité.
Ouais, ouais, ouais, c'est bien beau tout ça, mais ça me rappelle étrangement de vieux souvenirs de musées d'art moderne, de carré blanc sur fond blanc et autres hautes subtilités dans le même genre, auxquelles je reste décidément hermétique.
C'est vrai que dans le premier acte, j'avais tendance à prendre du plaisir à lire ce théâtre très scénique, très « visuel » si j'ose dire. C'est vrai que le propos me paraissait très intéressant mais assez vite, et surtout au deuxième acte, j'ai compris que Samuel Beckett n'avait absolument plus rien à dire, il faisait son remplissage réglementaire, histoire que la pièce ait un format acceptable, car cinq pages aurait fait un peu frugal.
Ce n'est pas mal fait et il fallait que quelqu'un le fasse dans l'évolution naturelle de l'histoire de l'art dramatique, un peu comme le carré blanc sur fond blanc de Malevitch et les merdes d'artiste de Manzoni, un peu comme Peter Handke et son Outrage Au Public, mais bon, vous dire que ça étanche la soif, quand on a vraiment soif, je ne sais pas, c'est à vous de voir… D'ailleurs, ceci n'est pas une pomme, ce n'est que mon avis, un tout p'tit avis de rien, c'est-à-dire, pas grand-chose, messieurs, dames.
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« Je ne sais pas plus sur cette pièce que celui qui arrive à la lire avec attention. » Quand on lit “Beckett”, on pense phonétiquement « absurde » : si un orthophoniste, un peu nihiliste, pouvait se pencher sur la question ?

***

Le dramaturge irlandais écrit au lendemain de la plus grande boucherie du XXème siècle, abattoirs à ciel ouvert de la Méditerranée à l'Oural, où le « monde d'hier » donna à voir, après ses monuments, ses expositions universelles et ses pâtisseries dans les vitrines des grands magasins, que c'était finalement en matière de cruauté qu'il était le plus raffiné.

D'où l'absurde. c'est une méfiance envers la logique, une défiance cynique envers la raison, c'est la répulsion à faire sens, à « signifier » quelque chose comme s'inquiète un personnage de « Fin de Partie », la pièce qui suivra « En attendant Godot ».
C'est le décalage abyssal entre le micro-impératif social de prendre au sérieux sa tâche, son boulot, les joies et souffrances d'autrui et en même temps de se rappeler comme tout cela est arbitrairement absurde à l'échelle de la voie lactée (pour rester sur une petite échelle…).
Notre rétine intellectuelle s'épuise à remettre à l'envers les clichés de l'absurde qui nous assaillent à chaque fois que nous voulons voir un sens à ce qui nous arrive, nous raconter un destin.

« Je suis comme ça. Ou j'oublie tout ou je n'oublie jamais. » On ne se bat pas contre l'absurde, sa violence sourde et ininterrompue. On l'accepte, comme Vladimir et Estragon se résignent à revenir, chaque jour au même endroit, à oublier, à se rappeler, à vouloir se quitter sans jamais y parvenir, statiques, et autour d'eux le mouvement, la fatale décrépitude d'un monde vaguement dystopique, représentée par Pozzo et Lucky.

Extinction des feux. Dans un décor minimaliste, des dialogues courts et amphigouris, les derniers survivants d'une extinction de masse, celle de l'humanité, se rencontrent dans un décor dépouillé, le lecteur est plongé dans une atmosphère d'abord inquiétante puis finalement s'apprivoise de ce calme post-apocalyptique, Beckett un auteur de la résilience ?

Est-ce que Beckett fait payer ses personnages d'avoir eu l'hubris de vouloir penser en les faisant dire des inepties ? parce qu'incapables de « se taire » ? Avec Beckett, et pour emprunter une phrase à « Fin de Partie » qui est, à mon sens, plus aboutie encore que Godot, « la fin est dans le commencement et cependant on continue ».

***

Vladimir.- Qu'est-ce qu'on pourrait dire de plus sur la pièce ?
Estragon.- Quelle pièce ?
Vladimir.- Celle qu'on est en train de critiquer, là pour les gens… sur babelio.
Estragon.- Je ne sais pas.
Vladimir.- Tu sais.
Estragon.- Alors je sais.
Vladimir.- (au public des babeliotes) Vous n'avez qu'à demander à Godot. Il arrive, vous avez le temps ?

(Il serait malvenu de vous demander ce que vous en « pensez » justement…)
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En attendant Godot, Vladimir et Estragon, deux vagabonds discourent pour ne rien dire. Une forme d'absurdité dans ce qui pourrait être une attente passive de la mort, qui colle avec un monde qui ne l'est pas moins au moment où Samuel Beckett écrit cette pièce, après l'hécatombe de la Seconde Guerre mondiale, l'émergence des nationalismes et le début de la guerre froide. Pourtant l'intention de Beckett n'était semble-t-il pas de donner une dimension politique, philosophique ou existentielle à sa pièce (il ne s'est jamais prononcé sur le sujet, laissant à chacun sa libre interprétation) mais plus trivialement de nous mettre en temps réel dans l'état même de ses personnages dans l'attente de celui qui n'arrive pas, et qui fait que l'on s'ennuie. Une pièce expérimentale donc... qui a créé un scandale au moment de sa sortie pour finalement devenir pour beaucoup une des oeuvres majeures du XXe siècle et contribuer au prix Nobel de littérature de Samuel Beckett, quinze ans plus tard.
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En attendant Godot moi aussi depuis que je suis née, j'ai eu le temps de relire une demie douzaine de fois cette pièce de théâtre parmi les plus connues de Samuel Beckett. Godot ne vient jamais, ou peut-être vient-il sans qu'on ne le reconnaisse, et le miracle du temps aidant, chaque fois m'a donné l'impression de lire une pièce différente.


Lors de la première lecture, En attendant Godot stupéfie en même temps qu'il réconforte et procure le même effet que lorsque l'on rencontre une nouvelle personne avec qui des affinités immédiates se créent. Samuel Beckett est surtout connu pour avoir contribué au théâtre de l'absurde, mais il est trop peu reconnu pour ses qualités d'observateur psychologique. La scène vide sur laquelle ses personnages aux noms fantasques brassent de l'air –vide si l'on excepte un saule pleureur- peut tout aussi bien représenter le monde désenchanté qu'une scène expérimentale sur laquelle des êtres humains auraient été placés, sous l'oeil démiurge d'un Godot qui souhaiterait observer l'évolution des interactions entre les deux membres du couple Vladimir-Estragon. Couple asexuel quoique voué à l'amour et au désir par ennui, perturbé par l'intrusion d'éléments extérieurs qui semblent n'avoir d'autre but que de renouveler la nature d'interactions qui, sans cela, auraient rapidement trouvé leurs limites. Épisodiquement se présentent donc Pozzo et son « chien » Lucky, ainsi que le petit garçon, messager d'un Godot qui se fait désirer…


Alors certes, Samuel Beckett nous donne à voir des personnages qui tournent en rond sur une scène constituée de très peu d'éléments avec lesquels interagir, et on pense que cela risque d'être inintéressant… mais ce serait faire preuve de bien peu de recul porté sur soi-même que d'imaginer cela. Car qui sont Vladimir et Estragon, sinon le reflet de notre ennui pris au piège d'un autre ? Si cette pièce de théâtre nous donne l'impression d'avoir trouvé en Samuel Beckett un décrypteur fidèle de nos âmes, voire un sage à qui l'on aimerait confier les misères de notre condition, c'est parce que le comportement de Vladimir et d'Estragon cesse d'être celui de simples personnages de théâtre ; ils sont à notre image –à moins que nous ne soyons à la leur-, ce qui implique que Samuel Beckett est également à notre image –à moins que nous ne soyons à la sienne. Vladimir et Estragon représentent l'ennui qui cherche à se dissiper en recourant à l'autre ; la méchanceté gratuite lorsque même le recours à l'autre ne suffit plus ; la vanité lorsque tous les recours ont été utilisés ; l'absurdité lorsque ces étapes ont été franchies dans la plus parfaite inconscience.


En attendant Godot est une pièce délicieuse à voir mais plus encore à lire. Les subtilités de la description psychologique de ces personnages qui s'ennuient se découvrent dans les didascalies, dans les silences, dans le recours cyclique aux mêmes thèmes. La lecture permet à chacun d'adapter les propos à son propre rythme de l'absurde –lenteur à l'image d'un temps si long qu'on n'arrive plus à combler ; rythme indifférent du personnage résigné à la monotonie ; rapidité fébrile qui cherche à masquer l'absurdité.


Samuel Beckett livre une vision pessimiste de l'humanité. Il ne donne aucun espoir, mais peut-on le lui reprocher ? Personne ne peut lui imposer d'être un recours galvanisant de nos âmes. Peut-être existe-t-il un au-delà d'Estragon et de Vladimir mais parce que Samuel Beckett n'en parle pas, nous devrions réduire sa pièce à une vision désenchantée du monde ? A condition de s'admettre soi-même voué à l'ennui et à l'absurdité, il sera impossible de ne pas se reconnaître dans les personnages de Vladimir et d'Estragon. Qui n'aura jamais été, semblables à eux, dans la condition de recourir au bavardage insignifiant avec un autre inintéressant pour se passer le temps ? qui n'aura jamais eu l'impression de se renier soi-même en commettant des actes contraires à ses valeurs ou à ses intérêts pour meubler le vide ? qui n'aura jamais été surpris par soi-même, se découvrant des réactions et des propos qui n'auront été, en fait, provoquées par rien d'autre que l'attente d'un évènement significatif qui ne vient pas ? qui n'aura jamais déversé son fiel sur l'autre fidèle par simple désamour de soi ? D'un coup, Samuel Beckett réduit l'amitié, l'amour et même la haine à néant, comme simples manifestations d'un ennui prenant des formes différentes en fonction de ses degrés d'évolution.


Pour finir, Samuel Beckett nous place dans la même situation que ses personnages, incapables de s'exprimer exactement :


« VLADIMIR. – Je ne comprends pas.
ESTRAGON. – Mais réfléchis un peu, voyons.
Vladimir réfléchit.
VLADIMIR (finalement). – Je ne comprends pas.
ESTRAGON. – Je vais t'expliquer. (Il réfléchit.) La branche… la branche… (Avec colère.) Mais essaie donc de comprendre !
VLADIMIR. – Je ne compte plus que sur toi.
ESTRAGON (avec effort). – Gogo léger –branche pas casser –Gogo mort. Didi lourd –branche casser – Didi seul. (Un temps.) Tandis que… (Il cherche l'expression juste.) »


Voilà pourquoi En attendant Godot subjugue autant : toute la condition humaine est représentée dans cette scène et culmine dans le personnage d'Estragon. On peut s'arrêter là, se décourager, et accepter un silence et un ennui qui ne cherchent plus à se déguiser. On peut également chercher à dépasser cette condition au prix d'une forte abnégation et d'une volonté tenace car, après avoir été frappé par la pertinence de cette pièce, il sera difficile de ne plus voir l'ennui et l'absurdité qui attendent, larvés sous nos actes fébriles. On peut également passer de l'un à l'autre de ses comportements : ainsi moi-même qui, concédant à Samuel Beckett la lucidité de sa vision, m'efforce toutefois de lui faire du tort en chassant l'ennui et en croyant produire un effort significatif par l'écriture de ce commentaire.

Lien : http://colimasson.over-blog...
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Lu dans le cadre du Challenge Nobel.

Ceci n'est pas un extrait de la pièce. Ceux qui l'ont lu comprendront (ou pas), les autres devront attendre avec Vladimir et Estragon.

A : C'est l'histoire de deux types qui attendent près d'un arbre, au bord d'une route, le soir.
B : Ils attendent quoi ?
A : Non, pas « quoi », « qui ».
B : Et c'est quoi, « qui » ?
A : (s'impatiente) Non, pas « quoi », « qui » ! Combien de fois faut-il te le répéter ?
B : Je ne sais pas.
A : Tu ne sais pas quoi ?
B : Combien de fois… (Il réfléchit) …Mais n'était-ce pas toi qui disais « pas ‘quoi', ‘qui' » ?
A : Aah enfin aurais-tu compris ?
B : Compris quoi qui ?
A : Qui on attend ?
B : Non. (Fâché) Tu m'embrouilles à la fin !
A : On attend Godot.
B : Aah…Celui du titre ?
A : Voilà.
B : Et qui est Godot ?
A : Je ne sais pas. Un monsieur qui va nous sauver.
B : Et il vient aujourd'hui ?
A : Oui, sinon pourquoi on l'attendrait maintenant ?
B : Tu as raison. Alors nous sommes sauvés ! Mais ne devait-il pas déjà venir hier ?
A : Oui, mais on nous a dit qu'il viendrait ce soir.
B : Tu es sûr que ce soir, c'est bien aujourd'hui ? Ca pourrait aussi bien être demain, non ?
A : Non non, hier on nous a dit aujourd'hui, pas demain. de toute façon tous les jours se ressemblent. Et puis, as-tu mieux à faire qu'attendre ?
B : Non…j'ai attendu hier, je peux bien attendre aujourd'hui.
A : Voila qui est bien raisonné.
B : Et que fait-on en attendant ?
A : Eh bien tu vois… on s'occupe, on discute.
B : Ce n'est guère amusant. Si on se pendait ? Il faut bien que cet arbre serve à quelque chose !
A : C'est une bonne idée. Tu as une corde ?
B : Non, pourquoi ?
A : Parce que « le temps est long, dans ces conditions, et nous pousse à le meubler d'agissements qui, comment dire, qui peuvent à première vue nous paraître raisonnables, mais dont nous avons l'habitude. Tu me diras que c'est pour empêcher notre raison de sombrer ».
B : On ne se débrouille pas trop mal, hein, tous les deux ensemble ? « On trouve toujours quelque chose, hein, pour nous donner l'impression d'exister ? »
A : « Mais oui, mais oui, on est des magiciens ».
B : C'est certain. Il faut du talent pour meubler le vide avec du vide…
A : …pour parler aussi longtemps pour ne rien dire…
B : …pour se persuader qu'on est toujours vivant…
A : Quel ennui…c'est à n'y rien comprendre…
B : Que fait-on ici ?
A : « Voilà ce qu'il faut se demander. Nous avons la chance de le savoir. Oui, dans cette immense confusion, une seule chose est claire : nous attendons que Godot vienne. »

Vous n'avez rien compris ? Normal, il n'y a rien à comprendre. Métaphore du vide, de la vanité de l'existence, absurdité de l'absurde ? Peut-être, mais Beckett lui-même disait qu'il n'avait pas eu l'intention de donner un sens caché à sa pièce. Pirouette d'auteur ? Allez savoir…
Le mot de la fin à Estragon : « Nous naissons tous fous. Quelques-uns le demeurent ».
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Citations et extraits (215) Voir plus Ajouter une citation
LUCKY (débit monotone) : Étant donné l’existence telle qu’elle jaillit des récents travaux publics de Poinçon et Wattmann d’un Dieu personnel quaquaquaqua à barbe blanche quaqua hors du temps de l’étendue qui du haut de sa divine apathie sa divine athambie sa divine aphasie nous aime bien à quelques exceptions près on ne sait pourquoi mais ça viendra et souffre à l’instar de la divine Miranda avec ceux qui sont on ne sait pourquoi mais on a le temps dans le tourment dans les feux dont les feux les flammes pour peu que ça dure encore un peu et qui peut en douter mettront à la fin le feu aux poutres assavoir porteront l’enfer aux nues si bleues par moments encore aujourd’hui et calmes si calmes d’un calme qui pour être intermittent n’en est pas moins le bienvenu mais n’anticipons pas et attendu d’autre part qu’à la suite des recherches inachevées n’anticipons pas des recherches inachevées mais néanmoins couronnées par l’Acacacacadémie d’Anthropopopométrie de Berne-en-Bresse de Testu et Conard il est établi sans autre possibilité d’erreur que celle afférente aux calculs humains qu’à la suite des recherches inachevées inachevées de Testu et Conard il est établi tabli tabli ce qui suit qui suit qui suit assavoir mais n’anticipons pas on ne sait pourquoi à la suite des travaux de Poinçon et Wattmann il apparaît aussi clairement si clairement qu’en vue des labeurs de Fartov et Belcher inachevés inachevés on ne sait pourquoi de Testu et Conard inachevés inachevés il apparaît que l’homme contrairement à l’opinion contraire que l’homme en Bresse de Testu et Conard que l’homme enfin bref que l’homme en bref enfin malgré les progrès de l’alimentation et de l’élimination des déchets est en train de maigrir et en même temps parallèlement on ne sait pourquoi malgré l’essor de la culture physique de la pratique des sports tels tels tels le tennis le football la course et à pied et à bicyclette la natation l’équitation l’aviation la conation le tennis le camogie le patinage et sur glace et sur asphalte le tennis l’aviation les sports les sports d’hiver d’été d’automne d’automne le tennis sur gazon sur sapin et sur terre battue l’aviation le tennis le hockey sur terre sur mer et dans les airs la pénicilline et succédanés bref je reprends en même temps parallèlement de rapetisser on ne sait pourquoi malgré le tennis je reprends l’aviation le golf tant à neuf qu’à dix-huit trous le tennis sur glace bref on ne sait pourquoi en Seine Seine-et-Oise Seine-et-Marne Marne-et-Oise assavoir en même temps parallèlement on ne sait pourquoi de maigrir rétrécir je reprends Oise Marne bref la perte sèche par tête de pipe depuis la mort de Voltaire étant de l’ordre de deux doigts cent grammes par tête de pipe environ en moyenne à peu près chiffres ronds bon poids déshabillé en Normandie on ne sait pourquoi bref enfin peu importe les faits sont là et considérant d’autre part ce qui est encore plus grave qu’il ressort ce qui est encore plus grave qu’à la lumière la lumière des expériences en cours de Steinweg et Petermann il ressort ce qui est encore plus grave qu’il ressort ce qui est encore plus grave à la lumière la lumière des expériences abandonnées de Steinweg et Petermann qu’à la campagne à la montagne et au bord de la mer et des cours et d’eau et de feu l’air est le même et la terre assavoir l’air et la terre par les grands froids l’air et la terre faits pour les pierres et les grands froids hélas au septième de leur ère l’éther la terre la mer pour les pierres par les grands fonds les grands froids sur mer sur terre et dans les airs peuchère je reprends on ne sait pourquoi malgré le tennis les faits sont là on ne sait pourquoi je reprends au suivant bref enfin hélas au suivant pour les pierres qui peut en douter je reprends mais n’anticipons pas je reprends la tête en même temps parallèlement on ne sait pourquoi malgré le tennis au suivant la barbe les flammes les pleurs les pierres si bleues si calmes hélas la tête la tête la tête la tête en Normandie malgré le tennis les labeurs abandonnés inachevés plus grave les pierres bref je reprends hélas hélas abandonnés inachevés la tête la tête en Normandie malgré le tennis la tête hélas les pierres Conard Conard… (Mêlée. Lucky pousse encore quelques vociférations.) Tennis !… Les pierres !… Si calmes !… Conard !… Inachevés !…
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Ne perdons pas notre temps en vains discours. (Un temps. Avec véhémence.) Faisons quelque chose, pendant que l'occasion se présente! Ce n'est pas tout les jours que l'on a besoin de nous. Non pas a vrai dire qu'on ait précisément besoin de nous. D'autres feraient aussi bien l'affaire, sinon mieux. L'appel que nous venons d'entendre, c'est plutôt à l'humanité tout entière qu'il s'adresse. Mais à cet endroit, en ce moment, l'humanité c'est nous, que ça nous plaise ou non. Profitons-en, avant qu'il soit trop tard. Représentons dignement pour une fois l'engeance où le malheur nous a fourrés. Qu'en dis-tu? (Estragon n'en dit rien.) Il est vrai qu'en pesant, les bras croisés, le pour et le contre, nous faisons également honneur à notre condition. Le tigre se précipite au secours de ses congénères sans la moindre réflexion. Ou bien il se sauve au plus profond des taillis. Mais la question n'est pas là. Que faisons-nous ici, voilà ce qu'il faut se demander. Nous avons la chance de le savoir. Oui, dans cette immense confusion, une seule chose est claire : nous attendons que Godot vienne.
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LUCKY (débit monotone). - Étant donné l'existence telle qu'elle jaillit des récents travaux publics de Poinçon et Wattman d'un Dieu personnel quaquaquaqua à barbe blanche quaqua hors du temps de l'étendue qui du haut de sa divine apathie sa divine athambie sa divine aphasie nous aime bien à quelques exceptions près on ne sait pourquoi mais ça viendra et souffre à l'instar de la divine Miranda avec ceux qui sont on ne sait pourquoi mais on a le temps dans le tourment dans les feux dont les feux les flammes pour peu que ça dure encore un peu et qui peut en douter mettront à la fin le feu aux poutres assavoir porteront l’enfer aux nues si bleues par moments encore aujourd’hui et calmes si calmes d’un calme qui pour être intermittent n’en est pas moins le bienvenu mais n’anticipons pas et attendu d’autre part qu’à la suite des recherches inachevées n’anticipons pas des recherches inachevées mais néanmoins couronnées par l’Acacacacadémie d’Anthropopopométrie de Berne-en-Bresse de Testu et Conard il est établi sans autre possibilité d’erreur que celle afférente aux calculs humains qu’à la suite des recherches inachevées inachevées de Testu et Conard il est établi tabli tabli ce qui suit qui suit qui suit assavoir mais n’anticipons pas on ne sait pourquoi à la suite des travaux de Poinçon et Wattmann il apparaît aussi clairement si clairement qu’en vue des labeurs de Fartov et Belcher inachevés inachevés on ne sait pourquoi de Testu et Conard inachevés inachevés il apparaît que l’homme contrairement à l’opinion contraire que l’homme en Bresse de Testu et Conard que l’homme enfin bref que l’homme en bref enfin malgré les progrès de l’alimentation et de l’élimination des déchets est en train de maigrir et en même temps parallèlement on ne sait pourquoi malgré l’essor de la culture physique de la pratique des sports tels tels tels le tennis le football la course et à pied et à bicyclette la natation l’équitation l’aviation la conation le tennis le camogie le patinage et sur glace et sur asphalte le tennis l’aviation les sports les sports d’hiver d’été d’automne d’automne le tennis sur gazon sur sapin et sur terre battue l’aviation le tennis le hockey sur terre sur mer et dans les airs la pénicilline et succédanés bref je reprends en même temps parallèlement de rapetisser on ne sait pourquoi malgré le tennis je reprends l’aviation le golf tant à neuf qu’à dix-huit trous le tennis sur glace bref on ne sait pourquoi en Seine Seine-et-Oise Seine-et-Marne Marne-et-Oise assavoir en même temps parallèlement on ne sait pourquoi de maigrir rétrécir je reprends Oise Marne bref la perte sèche par tête de pipe depuis la mort de Voltaire étant de l’ordre de deux doigts cent grammes par tête de pipe environ en moyenne à peu près chiffres ronds bon poids déshabillé en Normandie on ne sait pourquoi bref enfin peu importe les faits sont là et considérant d’autre part ce qui est encore plus grave qu’il ressort ce qui est encore plus grave qu’à la lumière la lumière des expériences en cours de Steinweg et Petermann il ressort ce qui est encore plus grave qu’il ressort ce qui est encore plus grave à la lumière la lumière des expériences abandonnées de Steinweg et Petermann qu’à la campagne à la montagne et au bord de la mer et des cours et d’eau et de feu l’air est le même et la terre assavoir l’air et la terre par les grands froids l’air et la terre faits pour les pierres et les grands froids hélas au septième de leur ère l’éther la terre la mer pour les pierres par les grands fonds les grands froids sur mer sur terre et dans les airs peuchère je reprends on ne sait pourquoi malgré le tennis les faits sont là on ne sait pourquoi je reprends au suivant bref enfin hélas au suivant pour les pierres qui peut en douter je reprends mais n’anticipons pas je reprends la tête en même temps parallèlement on ne sait pourquoi malgré le tennis au suivant la barbe les flammes les pleurs les pierres si bleues si calmes hélas la tête la tête la tête la tête en Normandie malgré le tennis les labeurs abandonnés inachevés plus grave les pierres bref je reprends hélas hélas abandonnés inachevés la tête la tête en Normandie malgré le tennis la tête hélas les pierres Conard Conard… (Mêlée. Lucky pousse encore quelques vociférations.) Tennis !... Les pierres !... Si calmes !… Conard !... Inachevés !...
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ESTRAGON (renonçant à nouveau) : Rien à faire.
VLADIMIR (s'approchant à petits pas raides, les jambes écartées) : Je commence à le croire. (Il s'immobilise.) J'ai longtemps résisté à cette pensée, en me disant, Vladimir, sois raisonnable. Tu n'as pas encore tout essayé. Et je reprenais le combat. (Il se recueille, songeant au combat. A Estragon.) Alors, te revoilà, toi.
ESTRAGON : Tu crois ?
VLADIMIR : Je suis content de te revoir. Je te croyais parti pour toujours.
ESTRAGON : Moi aussi.
VLADIMIR : Que faire pour fêter cette réunion ? (Il réfléchit.) Lève-toi que je t'embrasse. (Il tend la main à Estragon.)
ESTRAGON (avec irritation) : Tout à l'heure, tout à l'heure.
Silence.
VLADIMIR (froissé, froidement) : Peut-on savoir où monsieur a passé la nuit ?
ESTRAGON : Dans un fossé.
VLADIMIR (épaté) : Un fossé ! Où ça ?
ESTRAGON (sans geste) : Par là.
VLADIMIR : Et on ne t'a pas battu ?
ESTRAGON : Si... Pas trop.
VLADIMIR : Toujours les mêmes ?
ESTRAGON : Les mêmes ? Je ne sais pas.
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Ce qui est certain, c'est que le temps est long, dans ces conditions, et nous pousse à le meubler d'agissements qui, comment dire, qui peuvent à première vue paraître raisonnables, mais dont nous avons l'habitude. Tu me diras que c'est pour empêcher notre raison de sombrer. C'est une affaire entendue. Mais n'erre-t-elle pas déjà dans la nuit permanente des grands fonds, voilà ce que je me demande parfois.
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Cet ouvrage éclaire la « poétique » du vertical, série d'images qui rend compte du dialogue entre hommes, dieux et destin. Établissant une approche comparatiste et historique, l'étude visitera des pièces d'Eschyle, de Sophocle, Rutebeuf, Racine, voire même Molière, Shakespeare, Marlowe, Goethe, Grabbe, et Beckett. Aujourd'hui, avec l'irruption de l'inexplicable, ce livre rend compte d'un questionnement lancinant, d'une aspiration à la concorde originaire de l'homme et du divin, réconciliation qui pourra, in fine, dans un monde à la dérive, déclencher l'action.
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