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Critique de lulu8723


Yahia BELASKRI. le silence des dieux.

Un livre plein de poésie bucolique qui glorifie les douceurs mais également l'âpreté de la vie dans le petit village de la Source des Chèvres. Vraisemblablement, ce lieu est situé en Algérie, - dont est originaire l'autrice – au confins du désert. Il est isolé et relié à une ville, distante de quatre heure de marche et desservie par un autobus quotidiennement. Les gens , une quinzaine à une vingtaine de familles vivent quasi en autarcie, ne se rendant que fort rarement dans l'agglomération pour réaliser quelques échanges commerciaux, vendre un ou deux moutons et se procurer quelques produits de première nécessité, de l'huile, du savon. La communauté vit dans un calme relatif, en harmonie. Chacun exploite, du mieux qu'il peut son petit jardin, soigne ses chèvres, ses moutons.

Mais un matin, le bus n'est pas au rendez-vous. le lendemain, il ne pointe pas le bout de son capot. Et le troisième jour, les habitants sont confinés. Des soldats, armés, interdisent l'accès au village. Plus de liaison avec la cité voisine. Et il n'est pas possible de se hasarder dans le désert, dépourvu de piste. Pourquoi les soldats ont-ils bouclés, interdit l'accès unique à la ville ? Sur la place, les hommes se réunissent, parlent, vont à la mosquée où l'imam conduit les prières, instruit les enfants. Des rivalités de pouvoir apparaissent. Une brèche se fend. Il faut trouver l'origine de cet encerclement. Donc il y a un coupable, le punir afin d'éloigner la malédiction.

Seul, Ziani le Fou harangue la population profère des paroles destinées à éveiller , alerter la population. Personne n'entend ses propos : il est fou. Un homme, Abdelkrim est désigné responsable de la condamnation qui pèse sur le village. Ce n'est pas la richesse qui est à l'origine de cette punition ! Tous les habitants sont pauvres et vivent chichement. Lors de cette séquestration, le porteur d'eau cesse de distribuer son eau salvatrice. Des Face à l'obscurantisme des hommes, ce sont les femmes qui vont relever le défi. Comment vont-elles parvenir à leurs fins : prendre le pouvoir et, à nouveau vivre en harmonie, en toute fraternité…

Yahia dresse de beaux portraits d'hommes, de femmes vivant dans ce qui a été un lieu paisible. Nous découvrons avec horreur le traitement, le peu de respect – mais nous le savions déjà – de ces femmes soumises, battues, obéissantes à leur époux. Des volontés s'affirment, déchirant les voiles qui les enferment dans leur soumission. Ce vent de révolte ouvre l'accès à leur émancipation, leur autonomie. Ce conte philosophique démontre l'emprise que des hommes peuvent avoir sur autrui. Il témoigne de l'ignorance dans laquelle il est facile de tomber. La naïveté des êtres sensibles, faibles est mise en valeur. L'écriture est très poétique. Les descriptions du désert sont tellement bien écrites qu'il nous semble être avec ses hommes, ces femmes qui gravissent la dune, chaque grain de sable crisse sous nos pas et le soleil darde ses rayons et nous aveugle. Les textes des chansons rythment la vie et témoignent des travaux des uns et des autres et de leurs parcours. Je vous conseille la lecture de cette superbe ode au désert et à la vie de ces populations. Bonne journée.
(14/11/2023)
Lien : https://lucette.dutour@orang..
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