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Citations sur La Deffence et illustration de la langue françoyse - L'.. (4)

Si notre vie est moins qu’une journée
En l’éternel, si l’an qui fait le tour
Chasse nos jours sans espoir de retour,
Si périssable est toute chose née,

Que songes-tu, mon âme emprisonnée ?
Pourquoi te plaît l’obscur de notre jour,
Si pour voler en un plus clair séjour,
Tu as au dos l’aile bien empanée ?

Là, est le bien que tout esprit désire,
Là, le repos où tout le monde aspire,
Là, est l’amour, là, le plaisir encore.

Là, ô mon âme au plus haut ciel guidée !
Tu y pourras reconnaître l’Idée
De la beauté, qu’en ce monde j’adore.
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Et si notre langue n'est pas aussi abondante et riche que la grecque ou latine, cela ne doit pas être imputé comme un défaut congénital, comme si d'elle-même elle ne pouvait jamais être que pauvre et stérile ; c'est dû à l'ignorance de nos ancêtres, qui ayant (comme le dit [Saluste], parlant des anciens Romains) en plus grand recommandation le bien faire que le bien dire, et aimant mieux laisser à leur postérité les exemples de vertu que les préceptes, se sont privés de la gloire de leurs belles actions, nous privant par là du fruit de l'imitation [de la narration] de celles-ci. Mais qui oserait dire que les langues grecque et romaine ont toujours été dans l'état d'excellence où on les a vues du temps d'Homère et de Démosthène, de Virgile et de Cicéron ? Et si ces auteurs avaient jugé que jamais, quelque effort qu'on eût fait pour les soigner et pour les cultiver, elles n'auraient su produire meilleurs fruits, se seraient-ils tant efforcés de les amener au point où nous les voyons maintenant ? Aussi en dirai-je de même de notre langue qui commence seulement à fleurir sans encore fructifier ; ou plutôt elle ressemble à une plante qui, n'ayant pas encore fleuri, n'en est pas moins susceptible d'apporter tout le fruit qu'elle est promise à produire.
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Chaque langue possède un je-ne-sais-quoi qui lui est propre : si vous vous efforcez d'en exprimer le génie naturel dans une autre langue en suivant la loi de la traduction, qui est de ne point s'écarter des termes employés par l'auteur, votre style restera contraint, froid et disgracieux. Ainsi, demandez qu'on vous lise un Démosthène ou un Homère en latin, un Cicéron ou un Virgile en français, afin de voir s'ils susciteront en vous les mêmes impressions que dans l'original : vous vous sentirez comme un Protée se métamorphosant de différentes façons, car vous n'éprouverez point la même chose qu'en lisant ces auteurs dans leur langue. Il vous semblera passer de l'ardente montagne de l'Etna à un froid sommet du Caucase.
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AU LECTEUR.

Amy Lecteur, tu, trouverras étrange (peut estre) de ce
que j'ay si brevement traité un si fertil & copieux argument,
comme est l'illustration de nostre poésie Francoyse, capable
certes de plus grand ornement que beaucoup n'estiment.
Toutes/ois tu doibz penser que les Arz & Sciences n'ont
receu leur perfection tout à un coup & d'une mesme main :
aincoys par succession de longues années, chacun y conferant
quelque portion de son industrie, sont parvenues au
point de leur excellence. Recoy donques ce petit ouvraige,
comme un desseing & protraict de quelque grand & laborieux
édifice, que j'entreprendray (possible) de conduyre, croissant
mon loysir & mon scavoir, & si je congnoy' que la nation
Francoyse ait agréable ce mien bon vouloir, vouloir (dy-je)
qui aux plus grandes choses a tousjours mérité quelque
louange. Quant à l'orthographe, j'ay plus suyvy le commun
& antiq' usaige que la raison : d'autant que cete nouvelle
(mais légitime, à mon jugement) façon d'ecrire est si mal
receue en beaucoup de lieux, que la nouveauté d'icelle eust
peu rendre l'œuvre non gueres de soy recommendable, mal
plaisant, voyre contemptible aux lecteurs. Quand aux
fautes qui se pouroint trouver en l'impression, comme de
lettres transposées, omises ou superflues, la première édition
les excusera, & la discrétion du lecteur scavant, qui
ne s'arrestera à si petites choses.

A Dieu, Amy Lecteur.
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