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Critique de Renatan


« La passion est un ouragan, quelque chose de sublime qui précipite la chute »

« Une forte passion, même quand ça se termine mal, c'est pas mal, ça fout un peu de désordre et beaucoup de vie dans les veines »

Coup de foudre! Un grand roman, passionné, passionnant, envoûtant…

L'Auberge des pauvres est ce livre qui vous brûle la peau des sentiments. J'ai tourné chaque page comme on se rend à un rendez-vous intime, avec l'énergie de l'attente et le vertige des sens. Avec ce désir pressant de retrouver cette « Vieille », une femme atypique aussi attachante qu'inoubliable.

Ah! Une grande dame! Une dame pleine de bonté et de compassion, qui a tout perdu, des illusions de la vie jusqu'à la raison. Une histoire d'amour qui s'est mal terminée. Un amour violent, pervers, humiliant, raciste, haineux. Mais aussi, un grand amour, une passion brûlante nommée Marco. Dans son Auberge, ancien asile reconverti en refuge pour les âmes blessées, elle accueille les histoires des uns et des autres, ces petits et grands drames de la vie qui brisent et nous reconstruisent, nous rendent un peu différent et nous changent à jamais. Elle montre le chemin pour se connaître un peu plus. C'est le lieu des amours perdus, des écorchés de la vie, une confrontation ultime avec la solitude.

« Une auberge pour solitude trempée dans l'alcool dur et le mauvais vin, pour membres insolites d'une société qui aimerait bien être secrète, mais qui n'est autre qu'une addition d'êtres saccagés par la vie, ruinés avant l'heure, désertés par la gloire, par l'amour… »

Le narrateur est marocain. Avec sa femme, ils sont devenus des étrangers qui n'ont plus grand-chose à se dire. Ils se sont mariés parce que c'est rassurant de faire comme tout le monde. La routine s'est installée et les gestes de tendresse ont fait place à l'ennui. Il a encaissé et souffert en silence. Jusqu'au jour où la mairie de Naples lui offre de venir rédiger un portrait de la ville. L'occasion idéale pour fuir, non sans culpabilité, et cesser de poser un voile sur la réalité. le destin lui fera croiser la route de cette « Vieille ». La profondeur de leurs échanges sera le battement de coeur de ce si beau roman plein de sensibilité.

« J'étais prêt à dormir en souriant à la vie, à la nuit, à l'amour, ah! L'amour! La passion dont j'ai si souvent rêvée, cette superbe chevelure qui s'enroule autour de mon corps, ces algues fraîches, vertes, grises ou même bleues qui s'insinuent entre les doigts, cette lumière fulgurante qui me nomme et m'invite à m'asseoir sur un banc de sable, cette suave lenteur du désir qui décline toutes les nuances de ma peau, la réchauffe, la réinvente comme au temps de l'enfance. »

Il y a des lectures que l'on traverse en vol direct. D'autres pour lesquelles on voyage en faisant de petites escales. On prend le temps de s'arrêter et de réfléchir en posant les amarres. L'auberge des pauvres en fait partie. On quitte le navire en se demandant ce qui relève de l'imaginaire ou de la réalité. Chacun a ses rêves et vit de ses illusions. Quelles sont ces ombres du passé qui flottent dans l'Auberge? Les histoires d'amour ont toutes le mérite d'être vécues, même au prix d'énormes souffrances. Si les événements se répètent, chaque histoire est unique. Et puis il reste au final la force des souvenirs, ceux qui sont là comme l'écho d'un temps qu'il serait injuste de trahir par l'oubli. La « Vieille » n'oubliera jamais Marco, ni Gino son Idé, qui « un jour est venue le déposer à l'Auberge comme on dépose un blessé ». Qu'en est-il de la liberté, l'ont-ils perdue ou retrouvée?

« Nous avons tous dans notre vie des moments d'absence, un état d'inconscience qui nous gouverne et nous fait faire des choses que nous regrettons ensuite. C'est ce que j'appelle le destin »

Petite parenthèse sur Momo, un personnage auquel je me suis attachée. Il est Sénégalais clandestin et vend des bricoles sur les trottoirs. La « Vieille » l'adopte symboliquement. Elle est juive, il est musulman. Je n'ai pu m'empêcher de faire le rapprochement avec le Momo de Madame Rosa dans La vie devant soi, ou encore le Momo de Monsieur Hamil dans M. Ibrahim et les fleurs du Coran. Des histoires d'amour qui traversent les religions…

Lien : http://www.lamarreedesmots.c..
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