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Deuxième lecture de Tahar Ben Jelloun et deuxième claque. Bien que n'étant pas du genre à tendre la deuxième joue quand j'en prends une, je dois avoir un coté maso bien caché qui me fait dire que je remettrai bien le couvert tout de suite.

♪♫ Quand on a que l'amour
Pour vivre nos promesses
Sans nulle autre richesse
Que d'y croire toujours
Quand on a que l'amour
Pour meubler de merveilles
Et couvrir de soleil
La laideur des faubourgs ♫♪

Voilà la première chose qui m'est venue à l'esprit en refermant la porte de l'Auberge des Pauvres. Une auberge aux allures de cour des miracles où viennent s'échouer tous les sans domicile fixe du coeur, tous les sans papiers du sentiment, les réfugiés de la tendresse, les victimes de la passion, tous les balafrés de l'amour. Cette cour des miracles qui avait, au moyen âge, pour frontières les rues Saint Sauveur, de la Mortelleri et de la Truanderie à Paris (drôle de coïncidence pour ce concept de l'amour qui se présente en sauveur alors que c'est une arnaque dont certains ne se remettent jamais) se trouve à Naples où l'auteur nous propose une visite pour le moins inattendue, loin des sentiers surpeuplés du guide du routard.
Où d'autre pouvait-on trouver cet asile aux passagers clandestins de l'amour qu'au pied d'un volcan toujours prêt à se réveiller, ce Vésuve prêt à rallumer la flamme en bord de baie de Naples?
Toutes les histoires d'amour se retrouvent un jour dans les bas fonds Napolitains, toutes viennent toquer au heurtoir de la porte de l'auberge des pauvres. Ce lieu est au premier abord de ceux qui transpirent la déchéance, de ceux où l'on suffoque tant les relents de misère embaument les pièces.
Les effluves de tripes perdues par les fauchés du frisson, nous enveloppent au fil des pages et pourtant…
Et pourtant, ces histoires archivées dans les sous sols du fantasme de l'amour absolu et de la naïveté qui le fait rimer avec toujours, ce sont les nôtres.
Du mariage qui a fini par épuiser tous les recours en grâce et où la solitude à deux n'est plus supportable en passant par la passion explosive qui éparpille ses dégâts collatéraux aux quatre coins d'une dépression à venir, jusqu'à l'amour fantasmé, celui qu'on modèle à sa guise jour après jour dans l'attente du prince charmant (ou de la femme parfaite), bref toutes nos faiblesses, nos fragilités, nos attentes, nos peurs (t'as pas dit bref quelque part?), tous les destins aux multiples visages cohabitent pour ne faire qu'un seul et même constat, l'histoire est commune à tous et se répète inlassablement.
Et puis il y a ce coté qui m'interroge depuis toujours, faut-il mieux se protéger en se tenant loin de ce qu'on appelle l'amour (qui finira mal qu'on le veuille ou non) ou bien plonger dans une histoire sans se demander si le bien être plus ou moins éphémère vaut le prix de la souffrance à venir?
Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve comme l'a si magnifiquement écrit Gainsbourg pour Birkin ne veut pas dire renoncer, juste ne pas s'amarrer, garder à l'esprit que tout n'est qu'escale rien n'est acquis ni éternel.
Cette auberge des pauvres est riche de ses pensionnaires. Des pensionnaires plus que repoussants au début mais qui vont vite devenir très attachants au point de ne plus avoir envie de les quitter. Peut être est ce parce qu'ils n'ont plus besoin d'être présentables et que leur nudité laisse entrevoir un rai d'authenticité, peut être est ce juste parce qu'ils nous rappellent des émotions croisées ici où là…
L'écriture de Tahar Ben Jelloun est… j'en sais rien et je m'en fout, je ne suis pas spécialiste, je sais juste qu'elle me touche, que sa poésie me parle et que rien d'autre ne m'importe.

Bon c'est pas tout ça mais, je parlais de remettre le couvert et après avoir lu le billet du Bison et relu celui d'Ambages ben… je vais rester encore un peu avec Monsieur Ben Jelloun à Napoli perché quando amiamo non conteggiamo.
Je vais enchainer et aller me perdre dans le labyrinthe des sentiments, c'est vous dire si j'ai aimé mon passage à l'auberge des pauvres. Attends Tahar, j'ai fini, j'arrive, j'ai une autre joue...
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Fuyant une vie conjugale médiocre, une vie morose, un universitaire et écrivain marocain surnommé Bidoun se retrouve à participer à un concours pour rédiger le portrait de Naples.
Arrivé à Naples, le destin va le conduire à une auberge très particulière « L'auberge des pauvres » tenue par une vieille femme, la dernière résidente mais aussi la gardienne de ces lieux ou plutôt de cet asile des blessés de l'âme.
Bidoun est accueilli par cette vieille femme fantasque, d'une autre époque, une antiquité aux multiples facettes, tel un mélange de plusieurs épices, à la fois juive et musulmane, et qui traîne avec elle un lourd passé ; privée d'enfance, mal aimée, saccagée par un père brutal, violentée par un mari antisémite, la vieille porte des cicatrices au corps et à l'âme.
Femmes ou hommes, célèbres ou anonymes, écorchés, éclopés, esquintés par la vie viennent s'échouer dans cette auberge où ils sont recueillis par la gardienne. La vieille prend sous son aile ces pensionnaires avec leurs morceaux de vie sans force et sans dignité. Bidoun quant à lui va se retrouver mêlé aux problèmes des uns et des autres.
Venu à Naples pour écrire, l'écrivain fera une rencontre forte, celle de cette vieille qui le guidera et lui montrera peut-être le chemin pour se connaître lui-même et lui redonner un sens à sa vie !
« L'auberge des pauvres » fut pour moi un vrai coup de coeur, l'écriture de Tahar Ben Jelloun m'a enchantée. Les thèmes du roman sont forts, l'auteur aborde avec parfois beaucoup de violence la pauvreté, la passion amoureuse, la vie conjugale, l'identité, l'immigration, la religion, l'antisémitisme, la maltraitance enfin les douleurs de la vie tout cela planté dans un décor napolitain et sous le regard bienveillant de la vieille gardienne.
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Quand le soleil du Maroc t'assèche le gosier jusqu'à remplir de poussière ton verre vide. Une chaleur à faire débander ton sexe qui craint d'attraper un coup d' soleil, un coup d'amour, un coup de j' t'aime. Alors je prends le bateau, vieux rafiot de croisière pour traverser la Méditerranée. Pas un yacht de luxe ni même un Costa Croisière à la dérive. Mais j'arrive à bon port, la baie de Naples, une ville bouillonnante, des décharges à ciel ouvert et l'odeur de la pizza napolitaine – plus diététique que la quatre fromages, une tuerie calorique. Participer à un concours et avoir le droit de gagner en écrivant une nouvelle, un roman sur cette ville. Organisé par le syndicat d'initiative – à moins que cela soit celui de la mafia (c'est du pareil au même, non ?).

Écrire sur une ville inconnue, aucune chance de gagner. Je ne connais personne, je ne connais rien. Pas le moindre sourire d'une napolitaine prête à m'accueillir dans son lit. Alors, je déambule, je marche, je regarde autour de moi, derrière, devant. Des pizzerias des poubelles des immondices et des pigeons. le contact est difficile, la timidité de l'écrivain n'est pas une légende. Mais je ne vais tout de même pas rentrer chez moi. Retourner auprès de ma femme… Je continue de marcher, dans des ruelles de plus en plus petites, autour des bâtiments désaffectés. Je descends dans les sous-sols, au plus près de la crasse et de l'odeur d'urine. Et là, je croise le regard d'une vieille femme endormie. Grosse, laide, elle ronfle elle pue elle me dégoute. Vulgaire et sale à m'en donner la gerbe. M'apprêtant à faire demi-tour, elle m'interpelle, dans la pénombre, avec pour seule lumière cette vieille ampoule dépolie et à nue. Me demande de m'assoir sur cette chaise cassée, sur son coffre déglingué ou sur ce poste de télévision déchainé. Bah, au point où j'en suis… Et même si l'odeur de pisse, de merde, de sperme, me soulève le coeur. Cette odeur de misère, de pauvreté et d'errance qui parfume le sol crasseux, les murs décrépis, le plafond noir de cendres. Où suis-je tombé ? « Albergo dei Poveri » me dit-elle. Je répète intérieurement, l'auberge des pauvres. Cela ferait déjà un beau titre de roman. L'AUBERGE DES PAUVRES.

Et voilà que la vieille, grosse, sale et au final pas si méchante, me raconte sa vie, sa misère, son chemin, son histoire. Mais pas seulement la sienne. Celle de cette « auberge » un peu particulière qui dans le temps accueillaient quelques personnes, laissés-pour-compte déambulant dans les rues de Naples, avant d'atterrir comme moi dans ce sous-sol immonde. Et elle continue de déblatérer ses litanies, ses rencontres, ses histoires d'amour et de déchirement. Des histoires humaines, en somme, avec de la passion, du désir, de l'envie. L'auberge des pauvres, quel bel endroit pour écrire des histoires, pour s'imaginer des scènes d'amour et de baise. Putain, quel plaisir, les mots, le sexe, la baise. Putain, quel délice ces histoires, ces passions, ces enchevêtrements de corps et de salives, ces échanges de sueur et de suc, ces va-et-vient incessant qui labourent le corps d'ondes sensuelles et de frissons frénétiques. Et ces relents aigres de pisse qui s'envolent comme des volutes de fumées, comme des effluves d'une misère encore vivante. Je me lève, la vieille s'est de nouveau endormie. Sans bruit, je m'éclipse, retourne à la vie, à la lumière, quitte ce cloaque où les serviettes hygiéniques et les capotes usagées jonchent à même le sol au milieu d'autres immondices, déchets humains, coeurs et âmes jetés dans cette poubelle. Mais je reviendrai demain. Pour que la vieille me raconte d'autres histoires, d'autres vies, celles des âmes errantes dans la cité napolitaine.

Viens près de moi, viens boire à ma fontaine, viens que je sente ton parfum, celui de l'amour, celui de ton sexe, chaud et humide. Une telle envie à faire fondre mon coeur mon âme, à pervertir mon esprit. Viens j'ai tant besoin de ton corps, de te prendre en moi, de te baiser là à même le sol, au milieu de la crasse et de l'urine. Viens à moi, libérons-nous de ces images pudiques, délivrons-nous de cette attente qui attache nos pensées. Envolons-nous vers les sommets du plaisir, dans un lit, sur un canapé, dans la rue. La radio qui braille un match de Maradona, le livreur de pizza qui retourne enfourcher sa mobylette, et nous, deux corps nus allongés sur une peau de bête. Des yeux qui s'illuminent de bonheur, des yeux qui versent des larmes salées pendant que mon sexe gicle lui aussi sa larme sucrée, des yeux qui pétillent de fraicheur et d'envie, encore encore encore. Insatiable, mon sexe débande à peine que mon coeur en redemande, de ta bouche de tes lèvres. Je ne veux pas terminer ce chapitre, ni même ce bouquin, ni même cette rencontre. Reprendre le bateau, me retrouver sur un quai de gare, quitter cette ville pour retourner dans ma demeure où je ne sais pas si quelqu'un m'attend encore. Cela fait toujours mal de quitter un endroit où l'on se sent si bien. Un départ qui déchire toujours l'âme, jusqu'aux prochaines retrouvailles. Car je reviendrais, ici, à Naples ou ailleurs, pour aller à ta rencontre… Car, Naples ou la vieille ne sont qu'une allégorie de la passion et de l'amour.
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Parlons d'abord de ce livre en tant qu'objet. Une couverture dans des nuances de rouge. Rouge. Rouge chaud, rouge passion, rouge sang. La vie, l'amour, la mort. Un vieux canapé ou un vieux fauteuil, plusieurs tissus chamarrés, tissus fleuris, tissus rayés. Un mur, un mur patiné par la vie, un mur patiné par le temps.

Parlons de l'histoire maintenant. C'est l'histoire d'un homme lassé par son travail, lassé par sa femme, lassé par sa vie. Il en est sûr, son échappatoire se fera par l'écriture ou ne se fera pas. Joyce a eu son Ulysse, il aura le sien, enfin quelque chose dans le genre. Il ne sait pas encore très bien. Son salut va venir d'un concours d'écriture qu'il va remporter et pour lequel il est envoyé à Naples afin d'écrire la ville…

Un étrange appel téléphonique va le conduire jusqu'à la bien nommée
« Albergo dei Poveri », l'Auberge des pauvres. Un imposant bâtiment délabré, laissé totalement à l'abandon après avoir accueilli autrefois toutes les misères du monde. Dans les multiples et labyrinthiques méandres de ce palais des cabossés de la vie, il va faire une rencontre capitale avec une vieille femme : la Vieille.

Détentrice de toutes les histoires et de tous les secrets les plus sombres et les plus impudiques de la ville et de ses habitants, cette vieille femme aussi fascinante que repoussante m'est apparue comme une sorte de gorgone, de méduse gardienne de toutes ces âmes perdues… Elle a vécu plusieurs vies, elle a aimé, elle a souffert mais jamais à moitié. Quand elle a aimé, c'est passionnément, quand elle a souffert, c'est douloureusement. Perchée sur son trône, son vieux fauteuil hors d'âge et hors d'usage, elle règne sur sa cour, sur ses sujets telle une déesse underground autant vénérée que redoutée dans cette Naples interlope. Des bas-fonds de la ville aux tréfonds de l'âme humaine. La Vieille comme une allégorie de la Ville. Vieille, ville… L'âme de la ville.

De récits en histoires, de confidences en réflexions, d'illusions en désillusions, chacun apporte sa contribution et sa pierre à l'édifice, de la ville comme de l'histoire… Chacun cherche son moi… Histoires d'amours au pluriel, amours finis, amours perdus, amours rêvés, amours fantasmés, amours contrariés…

J'ai adoré ce livre donc j'ai d'autant plus de mal à en parler. Une langue magnifique, un émerveillement à chaque page, l'envie de tout noter, de tout relever. Des retours en arrière, pour relire un paragraphe, une fois, deux fois, trois fois. Pour en savourer la poésie, la musicalité, le bon sens. Ce livre m'a emporté, transporté, touché, ému, séduit. Jamais je n'ai eu un livre rempli d'autant de post-it. Envie de me souvenir de tout. Jamais je ne crois avoir autant savouré les phrases d'un livre. Plus que l'histoire, j'ai été envouté, c'est ça, envouté par l'écriture de Tahar Ben Jelloun. Magique, magnifique, poétique…


Des petits plus sur le blog !
Lien : http://bouquins-de-poches-en..
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Aujourd'hui et après des années, je me suis surpris à relire quelques citations rien que pour savourer encore une fois le verbe et le style de cet écrivain à la plume si belle. Dans ses romans, il nous fait sentir la chaleur d'un feu, la souffrance enfouie, la larme salée qui tombe en silence, le cri contre l'injustice, l'amour d'une femme ou d'un homme, peu importe, il fait battre le coeur c'est l'essentiel.

Voilà ce que me fait un roman de Tahar Ben Jelloun
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Voilà le livre qui m'accompagnerait sur une île déserte.
D'un naturel plus ou moins sensible, Tahar Ben Jelloun m'a arraché à ma vie morose, m'a arraché à mon monotone quotidien par une langue aussi brillante que brute, aussi poétique que réaliste et savoureuse ! Savoureuse à souhait, débordante de vie, jubilatoire, excessive.
En effet, dans cette histoire d'un écrivain marocain "contrarié" par un amour inexistant, qui semble s'être trompé de vie et d'épouse , il suffit d'une étincelle, un concours d'écriture, pour que nous plongions et voyagions avec lui dans les profondeurs des âmes perdues par la passion brûlante, foudroyante et incendiaire. Nous rencontrons à Naples, une mama qui dans une auberge, L'Auberge des Pauvres, véritable refuge d'êtres abîmés aux tréfonds des chairs, conte ses histoires d'amour, ses passions aussi délétères que flamboyantes, sa vie misérable aujourd'hui, explosive et ivre d'envie hier. Son seul témoignage ne suffit pas: nous découvrons d'autres âmes égarées qu'encore la passion mènera au délabrement et la folie.
Notre narrateur se découvre, se reconnaît, et trouve enfin le rebond de folie qui enflammera son existence.
Ce roman est à dévorer sans retenue. Il a su me tirer quelques larmes et embraser chacun de mes sentiments. Si vous souhaitez vous ennivrer de folie, d'envie et d'émotions, foncez et ouvrez ce sublime bouquin.
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« La passion est un ouragan, quelque chose de sublime qui précipite la chute »

« Une forte passion, même quand ça se termine mal, c'est pas mal, ça fout un peu de désordre et beaucoup de vie dans les veines »

Coup de foudre! Un grand roman, passionné, passionnant, envoûtant…

L'Auberge des pauvres est ce livre qui vous brûle la peau des sentiments. J'ai tourné chaque page comme on se rend à un rendez-vous intime, avec l'énergie de l'attente et le vertige des sens. Avec ce désir pressant de retrouver cette « Vieille », une femme atypique aussi attachante qu'inoubliable.

Ah! Une grande dame! Une dame pleine de bonté et de compassion, qui a tout perdu, des illusions de la vie jusqu'à la raison. Une histoire d'amour qui s'est mal terminée. Un amour violent, pervers, humiliant, raciste, haineux. Mais aussi, un grand amour, une passion brûlante nommée Marco. Dans son Auberge, ancien asile reconverti en refuge pour les âmes blessées, elle accueille les histoires des uns et des autres, ces petits et grands drames de la vie qui brisent et nous reconstruisent, nous rendent un peu différent et nous changent à jamais. Elle montre le chemin pour se connaître un peu plus. C'est le lieu des amours perdus, des écorchés de la vie, une confrontation ultime avec la solitude.

« Une auberge pour solitude trempée dans l'alcool dur et le mauvais vin, pour membres insolites d'une société qui aimerait bien être secrète, mais qui n'est autre qu'une addition d'êtres saccagés par la vie, ruinés avant l'heure, désertés par la gloire, par l'amour… »

Le narrateur est marocain. Avec sa femme, ils sont devenus des étrangers qui n'ont plus grand-chose à se dire. Ils se sont mariés parce que c'est rassurant de faire comme tout le monde. La routine s'est installée et les gestes de tendresse ont fait place à l'ennui. Il a encaissé et souffert en silence. Jusqu'au jour où la mairie de Naples lui offre de venir rédiger un portrait de la ville. L'occasion idéale pour fuir, non sans culpabilité, et cesser de poser un voile sur la réalité. le destin lui fera croiser la route de cette « Vieille ». La profondeur de leurs échanges sera le battement de coeur de ce si beau roman plein de sensibilité.

« J'étais prêt à dormir en souriant à la vie, à la nuit, à l'amour, ah! L'amour! La passion dont j'ai si souvent rêvée, cette superbe chevelure qui s'enroule autour de mon corps, ces algues fraîches, vertes, grises ou même bleues qui s'insinuent entre les doigts, cette lumière fulgurante qui me nomme et m'invite à m'asseoir sur un banc de sable, cette suave lenteur du désir qui décline toutes les nuances de ma peau, la réchauffe, la réinvente comme au temps de l'enfance. »

Il y a des lectures que l'on traverse en vol direct. D'autres pour lesquelles on voyage en faisant de petites escales. On prend le temps de s'arrêter et de réfléchir en posant les amarres. L'auberge des pauvres en fait partie. On quitte le navire en se demandant ce qui relève de l'imaginaire ou de la réalité. Chacun a ses rêves et vit de ses illusions. Quelles sont ces ombres du passé qui flottent dans l'Auberge? Les histoires d'amour ont toutes le mérite d'être vécues, même au prix d'énormes souffrances. Si les événements se répètent, chaque histoire est unique. Et puis il reste au final la force des souvenirs, ceux qui sont là comme l'écho d'un temps qu'il serait injuste de trahir par l'oubli. La « Vieille » n'oubliera jamais Marco, ni Gino son Idé, qui « un jour est venue le déposer à l'Auberge comme on dépose un blessé ». Qu'en est-il de la liberté, l'ont-ils perdue ou retrouvée?

« Nous avons tous dans notre vie des moments d'absence, un état d'inconscience qui nous gouverne et nous fait faire des choses que nous regrettons ensuite. C'est ce que j'appelle le destin »

Petite parenthèse sur Momo, un personnage auquel je me suis attachée. Il est Sénégalais clandestin et vend des bricoles sur les trottoirs. La « Vieille » l'adopte symboliquement. Elle est juive, il est musulman. Je n'ai pu m'empêcher de faire le rapprochement avec le Momo de Madame Rosa dans La vie devant soi, ou encore le Momo de Monsieur Hamil dans M. Ibrahim et les fleurs du Coran. Des histoires d'amour qui traversent les religions…

Lien : http://www.lamarreedesmots.c..
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Une histoire étrange, dans laquelle l'imaginaire et le réel se mélangent. Un langage imagé et passionné, autour de la recherche de l'amour, dans les bas fonds de Naples. Mais l'histoire est moins importante que la forme, faite d'une succession d'images et de mots, dont l'appréciation est avant tout une affaire de sensibilité.
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Cet auteur est un véritable conteur. Cette histoire est bizarre et biscornue mais impossible de fermer le le livre avant la dernière page. j'ai plus apprécié le voyage du maroc à Naples du personnage, un jeune écrivain, qui se pose des tas de questions sur l'existence, que la découverte de l'auberge et la descente dans les bas fonds de Naples où là le personnage se posent des questions sur l'amour. Lire entre les lignes je sais faire et Tahar ben jalloun est un auteur indispensable dans ma vie et ma bibliothèque !
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Un roman cruel, dur et plein de vie et de misere aussi, avec des personnages qui sortent de l'ordinaire ! L'ecrivain plonge dans la vie des uns et le pesse des autres sans nous menager ni maquiller la realite du monde des gens qui ont tout perdus et ne leur reste que leur humanite.

Ames sensibles s'abstenir !

Je conseille vivement de decouvrir cet ecrivain de talent et ce roman que vous n'oublierez pas de sitot !
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