Je ne peux pas être objective en parlant de
Tahar Ben Jelloun.
Quoi qu'il raconte, j'ai l'impression que la musique de ses mots parle directement à mon âme.
C'est par
Tahar Ben Jelloun par exemple que j'ai découvert que la perception du temps est linéaire en Occident, et spiralée en Orient. Mais jamais il n'a utilisé de mots aussi basiques et creux pour me le faire comprendre.
Tout vient de ce grand bain d'impressions dans lequel vous attire
Tahar Ben Jelloun. Vous vous approchez, naïf et objectif, vous vous croyiez rationnel. Vous ouvrez son livre, vous y trempez le bout d'un cil, et voilà. Vous êtes pris. Vous laissez monter la mer autour de vous, et peu de temps après, vous baignez dans son océan, vous respirez par son air, vous sentez les odeurs à sa façon, vous voyez les couleurs par ses yeux, vous ressentez le monde par le filtre de ses perceptions.
Chaque fois que je termine un livre de Tahar Ben jelloun, j'ai l'impression d'avoir gagné en humanité, parce que je me suis laissée entraîner par la sienne.
La Nuit Sacré ne fait pas exception à la règle. Je l'ai lu, je l'ai laissé m'envahir. J'ai été cette femme dont la vie d'enfant a été volée par son père qui voulait un fils. J'ai été son père, qui désirait tellement un fils, et qui a fini par libérer la vie de son enfant en laissant
partir la sienne. J'ai été tous ceux que cette femme a croisé dans cette quête d'elle même, suite à cette re-naissance.
Et puis, j'ai repris pied dans ma vie. J'y ai posé un regard neuf, j'ai souri, et j'ai choisi ce que je voulais vivre. La joie avec la douleur, la liberté avec la solitude. Et au milieu, Moi.