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Critique de OverTheMoonWithBooks


Pour commencer cette critique, je tiens à remercier chaleureusement les éditions Gallimard et Babelio pour leur confiance dans ce partenariat Masse Critique.

Dès l'annonce de la sortie de ce livre, j'étais curieuse de voir comment Tonino Benacquista, ce romancier discret à l'esprit malicieux et aux écrits efficaces pourrait se dévoiler dans un récit plus intime. Il est peu commun pour des écrivains de se raconter de leur vivant, mais on reconnaît aussi la pudeur dans la stratégie d'écriture qu'a été celle de Benacquista. Se raconter en racontant les siens. Bien joué Tonino !

Ce qui m'a aussi attiré c'est cette expérience de déracinement et l'arrivée en région parisienne, qui a aussi été vécue par mes grand-parents un peu plus d'une décennie plus tard. Donc à travers Elena et Cesare, je pense que (consciemment ou non) j'ai cherché à retrouver mes grands-parents. Mais qu'importe, fermons cette parenthèse !

Tonino Benacquista raconte presque moins l'histoire de ses parents que sa relation complexe avec la langue française qui aurait dû être "100% naturelle" - puisqu'il est né en France, mais en réalité, le français était en concurrence avec le dialecte parlé chez lui - et l'école (l'institution qui incarne, par excellence, la langue française).
Il décrit d'ailleurs très bien comment les enfants Benacquista deviennent à la fois traducteurs et ambassadeurs de cette langue à laquelle les parents résistent comme ils peuvent , par fidélité à leur identité. Tonino Benacquista montre aussi comment l'acquisition de cette langue cristallise les enjeux de réussite et d'intégration pour les enfants de la famille. Rien n'est linéaire et beaucoup de choses paraissent contradictoires ( j'imagine, pour qui n'auraient pas cette expérience inscrite dans leur histoire familiale). Pour ma part, ce que j'ai trouvé absolument génial c'est de voir la façon dont Benacquista met tout cela en scène et nous amène à comprendre comment la cohabitation de ces deux langues, de ces injonctions contraires et les espoirs et frustrations des parents ont conditionné le sentiment de malaise des enfants :
- ils parlent français comme les autres "vrais français" pourtant leur expérience, leur enfance est différente
- parler le dialecte, la langue des parents les rattache à la terre originelle, mais l'expérience qu'ils en ont est "édulcorée"
D'autant plus qu'Elena et Cesare oscillent sans cesse entre le passé idéalisé, le présent contrarié et le futur qui angoisse. le tout, très bien écrit, ce qui ne gâche rien.

Alors, le refuge du jeune Tonino finit par s'imposer, pas comme une évidence, mais à mesure d'expériences : la lecture. C'est dans les romans ou les nouvelles qu'il finit par aimer que le jeune Tonino comprend ce que c'est d'être un citoyen du monde et un être humain. J'ai bien rit en lisant les critiques qu'il fait de certains classiques illisibles et déconnectés de sa réalité qui le "gonflent" franchement.

Les réflexions sur l'école et la lecture de cet ancien collégien (et lycéen) qui était loin d'être le premier de la classe et pas toujours aussi studieux que certains profs auraient aimé le croire, devraient être lues par beaucoup de nos enseignants de l'Education Nationale et surtout leurs dirigeants car elles sont plus vraies et plus éclairées que toutes les réformes qui passent et sont passées.

J'ai été touchée par ce récit où l'imaginaire est devenu le vrai "chez lui" de l'auteur ainsi que son expérience d'apprentissage sur la vie (à un moment où les parents ont trop de frustrations à gérer) - et j'ai déjà beaucoup conseillé ce livre.
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