Le paradoxe de l’émigré veut qu’un homme ayant quitté sa terre natale n’y sera plus jamais chez lui, comme il ne le sera jamais vraiment sur sa terre d’accueil. Les Italiens disent : ne pesce ne carne, ni poisson ni viande.
Le pire nous surprendra toujours.
Pourquoi se contenter de la réalité, comme si elle était unique, martiale et inévitable ? Pour qui la réalité se prend-elle ? Pourquoi ne pas céder, comme dans les romans de science-fiction, à la tentation de l’uchronie, un récit composé d’évènements fictifs à partir d’une vérité historique ou d’un fait réel ? Se livrer au plaisir de l’extrapolation, c’est se consoler du talent que la vie n’a pas eu.
Pendant vingt ans, j'ai soigné la pathologie de ma mère par l'addiction de mon père. Une façon, comme il en est peu, de les réunir. Et de ne plus les oublier.
La procrastination de l’enfant borné est une torture dont il ferait tout pour se délivrer, hormis la façon la plus légitime, la plus naturelle qui soit, pour lui insurmontable.
Faute de réparer, écrire c’est rétablir. C’est rendre dicible ce que l’on pense, ce que l’on ressent, ce que l’on est.
Lire c'est entrer dans une cathédrale. Écrire c'est y mettre le feu. Lire c'est un patriarche qui vous veut du bien. Écrire c'est une petite traînée qui n'en fait qu'à sa tête. Lire c'est l'excellence des autres. Écrire c'est l'insuffisance de soi.
Dans la série des révélations qui jalonnent notre enfance, nul ne saurait identifier l'événement qui nous a fait basculer dans l'âge adulte.
Est-ce le jour où nous nous sommes vus comme des entités pensantes ? Est-ce le jour où nous avons pris conscience que nous étions mortels? Celui où nous avons découvert le sens de l'altérité ?
Celui où nous nous sommes affranchis de l'agrément des maîtres ?
Pour ma part je sais dater le jour où j'ai perdu confiance en ma mère.
Le suicide du buveur est lent pour qui ne se sait pas malade.
Faute de réparer, écrire c'est rétablir.C'est rendre dicible ce que l'on pense, ce que l'on ressent, ce que l'on est .