Il est où le patron ?

- Au moins, maintenant, je dépends plus d’un patron !
- Seulement de la banque, Ha Ha !
- choisir son oppresseur, tout un programme !

- C’est chouette de venir garder les chèvres avec toi, Jo !
- Grave ! Tu vas voir, c’est le kif ! Vraiment, j’adore ce boulot !
- N’empêche… Ça me fait quand même peur d’investir autant… Comment t’as fait toi ?
- Moi, j’y suis allée petit à petit… J’ai eu mes premières ruches il y a 5 ans. J’ai mis 5000 € de côté quand je travaillais comme ingéson, ça m’a suffi pour démarrer.
Depuis, je m’équipe au fur et à mesure avec mes revenus de miel.
- Doucement, les meufs.
- C’est sportif quand elles se mettent à courir !
- C’est clair ! Pas besoin d’aller à la salle de sport ! Ha Ha !

- Bah c’est simple quoi, tu fais les fromages, le marché, moi je bricole les tracteurs, je fais les travaux difficiles.
- Ah oui… Tu es un peu… Mon Charles Ingalls dans La petite maison dans la prairie ?
Monsieur fait les travaux difficiles !!
- Bah…
- Et… S’occuper des gosses ?
Faire la compta ?
Mouler 200 fromages en une heure ?
Faire les clôtures ?
Passer la herse ?
Donner le foin ?
Se lever à 5 H du mat’ pour le marché ?
Faire les soins aux brebis ?
Faire risette aux clients ?
Faire les menus, les courses, les gâteaux pour l’école ?
Tu crois que c’est FACILE ?

- Tu as vu, Coline, ce que ça te rapporte de travailler en couple ? Un beau statut de "femme de"
- Haha ! Jo, tu sais mieux que moi qu'il n'y a pas besoin d'être "femme de" pour ne PAS être reconnue dans ce qu'on fait.
- C'est sûr...
- Dans mes activités syndicales, que je fais sans PIerre, je sens parfois fortement le statut de "femme" tout court...
On est mises au second plan. Aux manifs, tu remarques que, souvent, les hommes te bousculent pour tenir les banderoles et parler aux journalistes.
- Aaaaah; je vois trop le truc !
- Il y a trop peu de femmes élues dans les instances professionnelles ou syndicales. La parité à la Conf*, on l'a arrachée à seulement 1/3 de femmes pour 2/3 d'hommes. S'il n'y a pas de femmes, les sièges restent vides ! C'est un outil pour nous inciter à nous engager. Mais cette méthode a ses inconvénients... [s'ensuivent plusieurs scénettes montrant des situations vécues de réunion syndicale agricole ou Coline, la principale narratrice, s'est retrouvée dans des situations très sexistes et désobligeantes face à ses collègues]


*La Confédération Paysanne

-Coline ? Tu pourras dire au patron qu'il y a du nouveau pour le tracteur ?
-C'est pas mon patron !!
-Ça suffit maintenant ! Ça-su-ffit ! Elle travaille autant voire plus que lui il est temps d'arrêter de considérer que c'est lui l'patron ! Si vous avez une question vous pouvez aussi bien vous adressez à elle !! Ils nous fatiguent ceux-là avec leur patron !

Coline : J'aime ce que je fais, mais parfois c'est usant de devoir se battre pour exister.
son mari : Bah ! T'exagères un peu quand même !
Coline : Pierre, c'est pas à toi qu'on demande tout le temps où est la patron !
son mari : Tu le prends trop à cœur, c'est juste un façon de parler.

( Coline) - Bonjour je viens chercher les minéraux pour le GAEC Richard ?
Et il veut quoi le patron ?
- Il faudrait aussi un balai pour le quai de traite
Et elle veut quoi comme modèle la p'tite dame?

L'envers du decor :
Bref, en 2020, en agriculture comme ailleurs, lz patriarcat se porte toujours bien, merci.

( Le formateur)
De tout temps, les exploitations agricoles se transmettent de père en fils.
C'est mon cas !
J'ai récupéré l'affaire familiale : 200 hectares, 120 bovins, 5 tracteurs
IL FAUT AVOIR LES COUILLES D'INVESTIR !
( Joséphine)
Quelqu'un aurait des couilles me prêter ?
Apparemment il en faut pour réussir !
(Yann)
Hé Hé

- Et sinon ma chérie... tu penses trouver un vrai travail bientôt ? Les abeilles, c'est sympa... mais... ça reste un hobby, non ?