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Critique de LeaDx


Ce qui m'a attirée vers ce livre, c'est la thématique de la décroissance et la perception que l'on pouvait en avoir autour des années 1930-1940, alors même que ce sujet nous semble beaucoup plus contemporain. Comment était-ce abordé, quels arguments ? Cette doctrine de décroissance ne correspond pas à forcément à ma perception de l'avenir, et c'est justement pour aller plus loin dans ma réflexion et l'enrichir, dans un sens ou un autre, que cet ouvrage me semblait intéressant. Ne pas rester dans mon courant de pensé mais « écouter » ce qui se dit ailleurs.

Donc dès le début du livre, on apprend qu'il fait partie d'une collection de petits ouvrages sur la thématique de la décroissance qui a « pour ambition de donner une visibilité à cette réflexion en cours et à ses racines ». Je me dis : chouette, c'est ce que je suis venue chercher. D'autant plus qu'avec une collection proposant divers penseurs, économistes, je vais avoir accès à une diversité d'approches. Petits ouvrages, vite lus ? Pas si simple… Avant de rentrer dans le vif du sujet, petit bémol très personnel sur le nom de la collection : « précurseur.ses de la décroissance ». Pourquoi utiliser l'écriture inclusive bon sang qui est une vraie difficulté pour les personnes dys (ce n'est pas mon cas, mais je pense aux autres) ? OK même sans être Dys, ce livre est difficile à lire, j'y reviendrai. Mais de façon plus globale, je n'aime pas que le monde de l'édition se fasse le relai d'une façon d'écrire qui n'a aucune existence officielle et qui n'est pas inclusive, car exclu dès facto 10% de la population. C'est un aparté, mais ça me donne une première impression un peu terne.

L'ouvrage débute donc par une brève biographie de Water Benjamin. On apprend qu'il a vécu durant la 1ère guerre mondiale et se suicidera au début de la 2nde. Issu d'une famille aisée, il connaitra le déclassement de sa famille, et lui-même ne parviendra pas à avoir la carrière qu'il souhaite. Philosophe, économiste, critique d'art, il vit entouré d'intellectuels qui l'alimenteront au sens propre comme intellectuel.
L'auteur explique l'approche de Walter Benjamin quant à la notion de progrès, de production de masse, de consumérisme, puis en seconde partie du livre nous propose un focus sur certains points avec des extraits des différents écrits de Walter Benjamin. C'est plutôt bien structuré.
Je ne vais pas faire la synthèse de l'ouvrage, d'autant que chaque idée, chaque concept, nécessite une démonstration à dérouler. Mais les idées principales mises en avant sont la nocivité du progrès ou comment l'obsession productiviste sature le monde ; le besoin de revenir à d'autres dimensions plus authentiques de l'activité humaine ; la manipulation par l'image et la vente de « rêves commerciaux » qui surplombent toutes autres attentes. Il dénonce le matérialisme, la standardisation, « collectionner est la passion des enfants pour lesquels les choses n'ont pas encore le caractère de marchandise » …

Mon ressenti : sur les idées, chacun est libre de se forger et d'alimenter son opinion. Pour ma part, certains passages sont effectivement propices à réflexion. Ces notions sont transposables à notre monde, donc oui les thèses développées sont intellectuellement intéressantes. Mais… Pour les raisons expliquées plus haut (collection de petits ouvrages permettant de se forger une culture et une opinion sur le thème de la décroissance), je m'attendais à une approche plus accessible. Je m'attendais à un livre de vulgarisation pour permettre justement aux novices d'appréhender ces notions et ces approches. Or, je l'ai trouvé assez dur à lire, pour plusieurs raisons :
D'abord, il est fait mention de nombreuses notions, théories, courants de pensée (autre que ceux développés par Walter Benjamin) qui ne sont pas expliqués. Rapidement, on comprend que l'ouvrage s'adresse à des lecteurs connaisseurs. Je regrette le manque d'annotations en bas de page qui auraient permis un accès plus facile. Ensuite, se mêlent surtout économie, philosophie, sociologie : il faut suivre les raisonnements qui, probablement contraints par l'exigence de petit format, sont parfois trop rapides. Des raccourcis de réflexion qui font défaut à la compréhension d'ensemble. Là encore, les « habitués » raccrocheront facilement les wagons, pour les autres certains paragraphes méritent plusieurs relectures (souvent). Dans le même sens, le vocabulaire technique et non expliqué rend la lecture fastidieuse. Pour toutes ces raisons, j'ai mis du temps à lire cet ouvrage, avec parfois l'envie de le refermer au bout de 2 pages.

En conclusion :
L'idée de cette collection est intéressante, et je ne me ferme pas à l'idée d'en lire un second (après m'être un peu divertie avec un bon polar). Mais la cible du lecteur annoncée ne correspond pas à ce qui est proposé. Pour ma part, l'auteur s'adresse à des connaisseurs ayant une culture économique déjà conséquente et une réflexion élaborée : ce n'est pas un livre initiatique permettant de mettre un premier pied sur la question de la décroissance.
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