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EAN : 9782369354956
128 pages
Le Passager Clandestin (17/02/2022)
2.88/5   4 notes
Résumé :
Walter Benjamin (1892-1940) est un témoin précoce du basculement du monde vers le règne des machines et l’effacement de la magie. Son matérialisme historique inspiré de Marx, doublé d’une vision quasi mystique puisée dans la théologie juive, le conduit à explorer l’envers des objets et des villes, dans lesquelles il promène son regard de flâneur en exil. Il y pressent le caractère démesuré du XXe siècle, traversé par des champs de forces aussi puissantes que des ent... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
J'ai encore manqué d'attention, et j'ai cru que ce livre présentait un essai inédit de Walter Benjamin. Il est possible qu'ainsi je confirme le fait que déplorent les décroissants : précipitée par l'accélération temporelle, je fais les choses à moitié et je me plains ensuite de la sévérité du destin. A vrai dire, rien ne me presse dans le temps sinon moi-même. D'ailleurs, je n'ai jamais trouvé de charme non plus au temps qui passe trop lentement : je ne le connais que trop bien, et la poésie qui émane de lui est pourrie.


Ce n'est d'ailleurs pas un coup du sort si cruel que de se retrouver avec un essai d'Agnès Sinaï entre les mains plutôt que de lire encore Walter Benjamin. Je préfère certes infiniment Walter à n'importe quelle inconnue mais je crois aussi que les bonnes surprises peuvent encore survenir. En l'occurrence, la pioche n'est pas si mauvaise car les éditions du passager clandestin s'inscrivent dans une veine critique dite anarchiste qui mélange un peu tout et n'importe quoi : décroissance (bien), féminisme (pas bien), désobéissance civile (bien), anticolonialisme (pas bien), luttes sociales, écologie politique, désurbanisation, autogestion (je ne sais pas ce que c'est).


Agnès Sinaï aborde l'oeuvre de Walter Benjamin par la lorgnette de la décroissance. Célèbre auteur de « L'oeuvre d'art à l'époque de sa reproduction mécanisée », le choix ne semble pas totalement inapproprié. La démonstration est cependant très brève puisqu'elle se supporte d'une cinquantaine de pages à peine incluant déjà de très nombreuses citations et une introduction biographique. Les principaux thèmes abordés sont : la flânerie, l'imaginaire productiviste, le progrès, et sans doute d'autres petites choses que l'esprit décroissant ne citera pas par souci de s'extraire de l'exhaustivité cybernétique. Moins qu'un essai, ce livre s'aborde donc comme une sorte d'abrégé pour futur non-lecteur de Benjamin. Je me demande à quoi peut servir un ouvrage de ce genre : à lui seul, il ne donne pas particulièrement envie de lire un écrivain, donnant à penser qu'en une dizaine de pages, la substantifique moelle de son oeuvre a été condensée et sublimée, et il n'apprendra rien non plus à une personne qui aurait déjà lu les oeuvres dudit écrivain. C'est peut-être ce genre de livre que consulte rapidement notre Président, entre deux rails de coco, avant de se pointer devant les caméras pour déclamer des conneries sur Dostoïevski. Mais moi qui ne suis pas présidente, vraiment, je ne vois pas trop à quoi pourrait me servir un tel livre, si ce n'est à raviver quelques bons souvenirs des moments passés avec Benjamin. Que demander de plus à la vie, d'ailleurs ? Merci.
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Ce qui m'a attirée vers ce livre, c'est la thématique de la décroissance et la perception que l'on pouvait en avoir autour des années 1930-1940, alors même que ce sujet nous semble beaucoup plus contemporain. Comment était-ce abordé, quels arguments ? Cette doctrine de décroissance ne correspond pas à forcément à ma perception de l'avenir, et c'est justement pour aller plus loin dans ma réflexion et l'enrichir, dans un sens ou un autre, que cet ouvrage me semblait intéressant. Ne pas rester dans mon courant de pensé mais « écouter » ce qui se dit ailleurs.

Donc dès le début du livre, on apprend qu'il fait partie d'une collection de petits ouvrages sur la thématique de la décroissance qui a « pour ambition de donner une visibilité à cette réflexion en cours et à ses racines ». Je me dis : chouette, c'est ce que je suis venue chercher. D'autant plus qu'avec une collection proposant divers penseurs, économistes, je vais avoir accès à une diversité d'approches. Petits ouvrages, vite lus ? Pas si simple… Avant de rentrer dans le vif du sujet, petit bémol très personnel sur le nom de la collection : « précurseur.ses de la décroissance ». Pourquoi utiliser l'écriture inclusive bon sang qui est une vraie difficulté pour les personnes dys (ce n'est pas mon cas, mais je pense aux autres) ? OK même sans être Dys, ce livre est difficile à lire, j'y reviendrai. Mais de façon plus globale, je n'aime pas que le monde de l'édition se fasse le relai d'une façon d'écrire qui n'a aucune existence officielle et qui n'est pas inclusive, car exclu dès facto 10% de la population. C'est un aparté, mais ça me donne une première impression un peu terne.

L'ouvrage débute donc par une brève biographie de Water Benjamin. On apprend qu'il a vécu durant la 1ère guerre mondiale et se suicidera au début de la 2nde. Issu d'une famille aisée, il connaitra le déclassement de sa famille, et lui-même ne parviendra pas à avoir la carrière qu'il souhaite. Philosophe, économiste, critique d'art, il vit entouré d'intellectuels qui l'alimenteront au sens propre comme intellectuel.
L'auteur explique l'approche de Walter Benjamin quant à la notion de progrès, de production de masse, de consumérisme, puis en seconde partie du livre nous propose un focus sur certains points avec des extraits des différents écrits de Walter Benjamin. C'est plutôt bien structuré.
Je ne vais pas faire la synthèse de l'ouvrage, d'autant que chaque idée, chaque concept, nécessite une démonstration à dérouler. Mais les idées principales mises en avant sont la nocivité du progrès ou comment l'obsession productiviste sature le monde ; le besoin de revenir à d'autres dimensions plus authentiques de l'activité humaine ; la manipulation par l'image et la vente de « rêves commerciaux » qui surplombent toutes autres attentes. Il dénonce le matérialisme, la standardisation, « collectionner est la passion des enfants pour lesquels les choses n'ont pas encore le caractère de marchandise » …

Mon ressenti : sur les idées, chacun est libre de se forger et d'alimenter son opinion. Pour ma part, certains passages sont effectivement propices à réflexion. Ces notions sont transposables à notre monde, donc oui les thèses développées sont intellectuellement intéressantes. Mais… Pour les raisons expliquées plus haut (collection de petits ouvrages permettant de se forger une culture et une opinion sur le thème de la décroissance), je m'attendais à une approche plus accessible. Je m'attendais à un livre de vulgarisation pour permettre justement aux novices d'appréhender ces notions et ces approches. Or, je l'ai trouvé assez dur à lire, pour plusieurs raisons :
D'abord, il est fait mention de nombreuses notions, théories, courants de pensée (autre que ceux développés par Walter Benjamin) qui ne sont pas expliqués. Rapidement, on comprend que l'ouvrage s'adresse à des lecteurs connaisseurs. Je regrette le manque d'annotations en bas de page qui auraient permis un accès plus facile. Ensuite, se mêlent surtout économie, philosophie, sociologie : il faut suivre les raisonnements qui, probablement contraints par l'exigence de petit format, sont parfois trop rapides. Des raccourcis de réflexion qui font défaut à la compréhension d'ensemble. Là encore, les « habitués » raccrocheront facilement les wagons, pour les autres certains paragraphes méritent plusieurs relectures (souvent). Dans le même sens, le vocabulaire technique et non expliqué rend la lecture fastidieuse. Pour toutes ces raisons, j'ai mis du temps à lire cet ouvrage, avec parfois l'envie de le refermer au bout de 2 pages.

En conclusion :
L'idée de cette collection est intéressante, et je ne me ferme pas à l'idée d'en lire un second (après m'être un peu divertie avec un bon polar). Mais la cible du lecteur annoncée ne correspond pas à ce qui est proposé. Pour ma part, l'auteur s'adresse à des connaisseurs ayant une culture économique déjà conséquente et une réflexion élaborée : ce n'est pas un livre initiatique permettant de mettre un premier pied sur la question de la décroissance.
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Proposé par les masses critiques de Babelio, j'étais enchantée de pouvoir découvrir un philosophe que je ne connaissais pas, j'imaginais plus lire une biographie avec une synthèse de ses théories pour les novices.
Pas du tout en fait si effectivement j'ai pu prendre connaissance de la vie de Walter Benjamin que j'ai trouvée particulièrement intéressante d'autant que c'est une partie de l'histoire qui m'intéresse beaucoup, je n'ai pas trouvé mon compte dans ses théories qui sont visiblement adressées à un public averti, on ne peut pas dire que j'ai éprouvé du plaisir pour cette partie du livre.
On note par contre un travail de recherche de la part de l'auteur auprès de contemporains du philosophe qui d'ailleurs m'a plutôt aidée à Comprendre le personnage.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
A partir de 1927 probablement, Benjamin médite un grand travail sur le XIXe siècle dans la perspective d’une philosophie de l’histoire. L’œuvre, inachevée, devait s’appeler Les passages. Il s’agit pour notre penseur d’établir une généalogie du fétichisme de la marchandise, en rassemblant un catalogue des fantasmagories du XIXe siècle : Fourier ou les passages, Daguerre ou les panoramas, Granville ou les expositions universelles, Louis-Philippe ou l’intérieur, Baudelaire ou les rues de Paris, Haussmann ou les barricades. Il montre comment les formes d’organisation et d’expression sociales et culturelles du XIXe siècle sont fondamentalement défigurées, dans toutes leurs manifestations, par la constitution de la société industrielle.
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La philosophie de l’histoire originale qu’il développe au cours de son itinéraire intellectuel conjugue une approche dite « matérialiste » - c’est-à-dire faisant primer les phénomènes sociaux sur les idées – avec une perspective issue de la théologie juive. Sa méthode d’enquête consiste à explorer l’envers des objets et des villes dans lesquelles il promène son regard de flâneur en exil, regard augmenté d’accents quasi mystiques.
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Benjamin fonde toute forme d’émancipation sur une perception critique du présent, sur la convocation d’images dialectiques qui recèlent un arrêt, une interruption, la vision d’un seuil du temps, capable de se détacher de la grande accélération et de visualiser le caractère entropique de la société industrielle.
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On pourrait dire, en extrapolant, que la pensée de Walter Benjamin s’apparente à celle de la décroissance en ce qu’elle constitue un appel à un arrêt de l’histoire, une représentation critique de la superstructure, un mode d’expérience du monde qui permet de retrouver l’ici et maintenant, par-delà la catastrophe et la démesure des forces industrielles.
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Les réflexions de Benjamin s’expriment sous la forme d’ « images de pensée » qui tentent d’incarner sa vision du monde dans les éclats du réel. Ce sont aussi des « images dialectiques » où, à partir du détail, toute une constellation de sens signifie l’histoire.
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Videos de Walter Benjamin (31) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Walter Benjamin
Par Delphine Minoui, grand reporter, lauréate du Prix Albert Londres 2006 Tout public, à partir de 10 ans
« Lumières pour enfants », c'était le titre donné par Walter Benjamin aux émissions de radio destinées à la jeunesse qu'il assura avant la montée du nazisme. Ce titre, Gilberte Tsaï l'a repris pour les Petites conférences qu'elle programme depuis 2001 dans différents établissements culturels. Elles reposent sur le pari que ni les grandes questions, ni les espaces du savoir, ne sont étrangères au monde des enfants et qu'au contraire elles font partie de leur souci, formant un monde d'interrogations restant trop souvent sans réponses. La règle du jeu en est la suivante : un spécialiste d'une matière ou d'un domaine accepte de s'adresser à un public composé d'enfants mais aussi d'adultes, et de répondre à leurs questions. À chaque fois, il n'est question que d'éclairer, d'éveiller : en prenant les sujets au sérieux et en les traitant de façon vivante, hors des sentiers battus.
Programme de la Petite conférence #2 – « Raconter la guerre, dessiner la paix, 25 ans de reportages au Moyen-Orient » par Delphine Minoui :
Rien ne prédestinait l'enfant timide, née à Paris d'une mère française et d'un père iranien, à devenir reporter de guerre. Quand elle s'envole pour Téhéran, en 1997, c'est avec l'envie d'y raconter le quotidien des jeunes de son âge, épris d'ouverture. Mais l'après 11-septembre 2001 chamboule tout. Elle se retrouve en Afghanistan, puis en Irak, pour suivre l'invasion américaine et ses conséquences sur la région. Depuis, les soubresauts s'enchaînent : révolutions du printemps arabe, attentats de Daech, crise des réfugiés syriens, putsch raté en Turquie, retour des Taliban à Kaboul. Mais Delphine ne perd jamais espoir. Sensible à l'humain au milieu du chaos, elle navigue entre ses articles et ses livres pour faire parler la paix, encore et toujours, en racontant le combat des héros anonymes croisés sur son chemin.
Entre anecdotes et confidences, la conférence donnera à voir les coulisses du reportage, où le journaliste n'est ni un super héros ni un agent du « fake news » au service d'un grand complot, mais un témoin d'exception, porteur de lumière, même au coeur de l'obscurité.
Le terrain est la colonne vertébrale de son écriture. Correspondante au Moyen-Orient pour France Inter et France Info dès 1999 puis pour Le Figaro depuis 2002, Delphine Minoui a consacré la moitié de sa vie à cette partie du monde synonyme de révolutions, coups d'État et conflits.
À lire – « Les petites conférences » sont devenues une collection aux éditions Bayard. Delphine Minoui, L'alphabet du silence, l'Iconoclaste, 2023 Les Passeurs de livres de Daraya, Seuil, 2017 Je vous écris de Téhéran, Seuil, 2015
Conception et programmation : Gilberte Tsaï – Production : l'Équipée.
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