Citations sur Le rêve le plus long de l'histoire, tome 2 : Cléopâtre ou l.. (3)
En se présentant à leurs sujets comme des dieux incarnés, ni les Pharaons égyptiens, ni les autocrates babyloniens, ni Alexandre le Grand ne cherchaient à abuser de leur crédulité. Leur caractère divin était pour eux quelque chose d'aussi tangible et d'aussi réel que les pouvoirs civils ou militaires dont ils étaient investis.
Son insouciance finit par alarmer Cléopâtre. Ne mesure-t-il donc pas la gravité de la situation ? Plus le péril grandit, et plu il s'abandonne aux plaisirs. Couronné de pampre, il passe toutes ses nuits à boire avec ses compagnons de débauche. Comment ne voit-il pas tous les arguments que son inconduite fournit à la propagande romaine ? C'est en vain que la reine lui dit qu'il n'est plus temps de jouer les Dionysos, qu'il faut courir aux armes. Au lieu de mobiliser ses légions, Antoine temporise. (p 304)
Alexandre, l'immortel, semble protégé du danger par une cuirasse invisible. Rien ne paraît pouvoir trancher le fil de ses jours. César, éminemment mortel, est exposé à tous les périls et le poignard de ses assassins ne l'épargnera pas. Sans doute ont-ils l'un et l'autre la même ardeur créatrice, qui se traduira par deux des plus belles chevauchées que l'histoire ait retenues. Mais l'un tire son pouvoir de sa fougue et de son imagination, l'autre de son audace et de sa volonté de puissance. Porté par son propre mythe, le premier semble voler de prodige en prodige. Le second, pris dans les obligations astreignantes de la politique, n'obtient rien qu'en respectant l'enchaînement serré des causes et des effets. Alexandre clôt la série des demi-dieux antiques ; César ouvre celle des chefs d'Etat modernes.