Je pars en lui disant simplement merci. Ces ramifications n'en finissent pas de me surprendre. L histoire a ourdi secrètement sa toile sur d autres vies que la mienne.
Mais pourquoi je ne commence pas par en parler à ma famille ?" "Impossible. " "45 ans de silence," " d'impossibilité à dire. le trauma passé de génération en génération". "Les conversations familiales sous surveillance, pour ne jamais évoquer, même de loin, un détail qui y ferait écho.
Impossible de trouver un sens à cette perte, à cette histoire de deuil et de douleur. Une immense pluie de chagrin a éclaboussé toute la famille. Pas de sens. C'est un fait. On parle de destin.
Il ne faut pas quel es grands-parents voient qu'on a vu. Je me dis ça. On a peur d'être pris en flagrant délit, même si on ne sait pas trop de quoi.
Il faut débarrasser, les morts laissent toujours trop. La sœur siffle dans la direction avant de replonger dans la garde-robe de Raymonde et on éclate de rire, même si on ne sait pas s'il faut rire ou pleurer, un jour comme celui là.
En disant cela, je croyais moi-même avoir tout dit. La phrase me semblait un bon résumé. Simple, efficace. Les parenthèses contenaient leur histoire, elles n'autorisaient aucun débordement. Elles formaient un rempart pratique au silence qui les entourait. Olivier et Yvonne étaient l'oncle et la tante parenthèses. Le drame appartenait à la notice généalogique de ma famille, mais ne me concernait pas.