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Critique de Chri


Chri
16 décembre 2016
Les données immédiates de la conscience ressembleraient assez à la fusion d'une multitude de sentiments et de sensations de nature différentes, hétérogènes, se produisant à l'état de rêve.
Mais revenons à la vie active et ces états de conscience deviennent des grandeurs, les qualités deviennent des quantités, on parle de choses plus ou moins belles, plus ou moins fortes, plus ou moins chaudes, conçues dans un espace homogène.
Bergson se place sur le terrain de l'observation systématique et n'hésite pas à puiser dans les références scientifiques, jusque dans la psychophysique pour sortir « du champs clos de la dialectique pure ». Ce premier livre du philosophe est l'occasion de se familiariser avec sa méthode.
Cette longue introduction est justifiée par l'importance de la confusion qui s'opère : « elle corrompt, à leur source même nos représentations du changement extérieur et du changement interne, du mouvement et de la liberté », une liberté précédemment abandonnée par Kant dans son monde inaccessible des « noumènes ».
Voici une petite expérience à mener entre amis ou en famille sur la base des paradoxes de Zenon : on lance une pierre, celle-ci doit parcourir d'abord la moitié de la distance qui la sépare de la cible. Pour parcourir la distance restante, la pierre devra d'abord parcourir la moitié de cette distance et ainsi de suite, elle ne touchera jamais sa cible…
La confusion est ici à son comble : «… dans la mesure où tout mouvement nous paraît consister dans une succession de position simultanées. En réalité le mouvement est irréductible aux points occupés par un mobile dans l'espace: il résulte d'un acte de synthèse de la conscience, analogue à la succession temporelle de nos états de conscience ». (solution de Bergson résumée dans les commentaires du dossier critique de cette édition dirigée par Frédéric Worms).
Passant de « l'immédiat à l'utile », cette réalité qui est l'espace homogène, « nettement conçue par l'intelligence humaine nous met à même d'opérer des distinctions tranchées, de compter, d'abstraire, et peut être de parler. ». Bergson aime d'ailleurs faire de cette conception une différence de nature entre l'homme et l'animal.
Sa philosophie c'est « l'esprit humain faisant effort pour s'affranchir des conditions de l'action utile et pour se ressaisir comme pure énergie créatrice ». Ainsi on aurait sans doute l'impression d'un animal laissé très loin de chez lui mais qui saurait revenir sans problèmes.
Lien : http://classiques.uqac.ca/cl..
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