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Critique de Talec0904


« Il avait besoin d'êtres humains autour de lui pour pouvoir être seul ». (Thomas Bernhard)

Les Mange-pas-cher sont quatre personnages que Koller, dont les pensées sont rapportées par le narrateur, rencontre à la Cantine Publique de Vienne. Ceux-ci, choisissant toujours les repas les moins chers de la Cantine, ont permis à Koller de reprendre son projet de Physiognomonie qui était dans l'impasse depuis plusieurs années
Et si Koller avait pris comme toujours le chemin du frêne et non celui du chêne, il n'aurait jamais rencontré les Mange-pas-cher. Comment départir le hasard de la nécessité ?
Thomas Bernhard va alors nous dresser le portrait d'un individu, Koller, en lutte avec la famille, l'école et le monde entier, pour préserver sa liberté. S'il relâche son attention, le monde est déjà sur lui pour l'anéantir. Possédé par son oeuvre, Koller ne cesse de s'interroger, l'esprit assailli par la ritournelle de ses questions, comme dans une fièvre obsidionale.
Voilà la trame proprement dite du livre.
Si on peut appeler trame cette inlassable répétition des mêmes mots, des mêmes phrases.
Sauf à fermer le livre, le texte enferme, agit comme une bonde dans laquelle est aspiré le lecteur, incapable de trouver la moindre soupape dans ce délire de mots.
Il nous fait entrer dans la spirale obsessionnelle des pensées de son personnage.
Cette « musique » n'est nullement un ornement. Elle ressasse comme Koller ressasse son existence, cherche un sens à sa vie.
Et cette rumination est, je l'avoue, difficile et douloureuse pour le lecteur.
Alors pourquoi s'efforcer de lire ce livre ?
La paranoïa ( ?)de Thomas Bernhard et/ou sa névrose obsessionnelle( ?) en font un visionnaire, un exclu de l'hébétude.
Le désespoir, l'absence de perspective et d'issue, la destructivité du monde extérieur, voilà ce que ressent Bernhard.
L'individu, plongé dans l'indifférence absolue de son environnement, n'a le choix qu'entre la créativité totale ou la monomanie obsessionnelle.
« On ne discute pas, on ne touche pas ».dit-on aux enfants.
C'est de cette posture de renonciation que vient la connivence avec tous les systèmes totalitaires, puisqu'au fond ,ces systèmes ne font que reprendre ces énoncés pour les faire passer dans le collectif.
Écoutez les publicitaires qui vous proposent avec le sourire d'acheter « le canard en plastique coin-coin parce que tu le vaux bien ».
C'est ce danger de l'existence qu'aura expérimenté toute sa vie Thomas Bernhard, isolé absolu.
Bon courage !
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