AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Dionysos89


Karim Berrouka publie un quatrième ouvrage chez les éditions ActuSF : après un recueil de nouvelles déjantées touchant à différents genres, après un roman qui décortiquait sarcastiquement le genre féérique, puis un autre qui détournait le post-apo zombiesque, voici qu'il s'attaque au mythe de Cthulhu !

Ingrid vit assez simplement et s'en trouve très bien ainsi. Pourtant, ces derniers temps, elle semble attirer à elle des personnes relativement loufoques, voire barrées. Des mecs louches la suivent, sa meilleure amie se met à créer des oeuvres cauchemardesques, des vieilles connaissances la harcèlent à nouveau, les services secrets sont sur les nerfs… bref, Ingrid semble être le centre de toute une agitation qui prend place dans un contexte qui n'est pas moins trouble. Chacun des protagonistes qui tournent autour d'elle finit par lui dire qu'elle est la clé qui permettra de résoudre toute l'affaire, qu'elle est « le centre du Pentacle » ! le fait est qu'en effet, au rythme d'un thriller, elle multiplie les découvertes et les songes étranges qui lui indiquent ce qui lui faut faire pour s'extirper de ces situations indélicates. Progressivement, le but de l'opération est mis en en lumière : faut-il ou non libérer le grand Ancien, Cthulhu, de sa prison de ténèbres, cet être immonde qui hante ses rêves ?
Cette dualité entre « ouvreurs » et « fermeurs » peut faire penser au même mécanisme présent dans le Songe d'une nuit d'octobre, de Roger Zelazny (justement réédité par les éditions ActuSF au début de l'année 2018). L'héroïne est constamment tiraillée entre différentes factions et c'est l'occasion pour l'auteur de multiplier les références. Différentes divinités sommeillant dans les contrées du rêve sont évoquées, tout comme quelques peuples étranges mi-hommes mi-animaux ; les aficionados des créatures ténébreuses à tentacules sont servis, c'est certain. D'ailleurs, de manière générale, Karim Berrouka rentre tout à fait dans la forte tendance à relire, réutiliser, reformater les écrits de Howard Phillips Lovecraft. Cela revient et cela repart, c'est plus ancien et plus fréquent chez les Anglosaxons mais la littérature lovecraftienne continue à faire des petits, le plus souvent dans le genre fantastique, d'autres s'essayent aux aspects cosmiques, enfin quelques-uns lorgnent davantage sur la fantasy urbaine, et sûrement plus le cas dans Celle qui n'avait pas peur de Cthulhu.
Que ce soit dans ses romans ou ses nouvelles, Karim Berrouka aime casser du mythe. Ici, il s'attaque à quelque chose d'assez costaud, à l'aide de références innombrables comme il a déjà été dit. Son style ne perd pas pour autant de sa verve. Certes, l'humour est moins présent que dans d'autres de ses ouvrages, les choix faits dans la mythologie de Lovecraft suffisant largement à donner un aspect très burlesque à cette aventure. Cela peut paraître un peu « bourrin », car les références sont parfois accumulées sans répis, mais certaines sont mémorablement bien tournées, notamment certains noms de sectes (et puis quand ça touche à la religion, ça fonctionne !). Malgré cela, cela ne gomme pas toujours le manque de rythme qui s'installe assez vite : en effet, même si les débuts du roman rôdent du côté du thriller quand l'héroïne enchaîne les rencontres étranges, la suite de l'aventure prend un certain temps à suivre le même enchaînement pour la rencontre des cinq sectes qui s'intéressent à l'héroïne. le fonctionnement devient un peu automatique et il y a là clairement des pages qui auraient pu sauter sans perdre tant d'informations utiles.

Celle qui n'avait pas peur de Cthulhu n'est donc pas un roman exempt de défauts, c'est sûr, mais dans le genre, c'est à tenter, rien que pour passer un bon moment de détente.

Commenter  J’apprécie          270



Ont apprécié cette critique (24)voir plus




{* *}