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Critique de Davalian


Merci à Babelio et à Fluide Glacial pour l'envoi de cet exemplaire du premier tome de la saga Mondo Reverso intitulé Cornélia & Lindbergh. C'est ici l'occasion de découvrir une bande dessinée de deux auteurs que je ne connaissais pas : Arnaud le Gouëfflec au scénario et Dominique « Dume » Bertail au dessin et un album complet édité par Fluide Glacial, ce qui est également une nouveauté pour moi.

Cet album, qu'il s'agisse de la forme ou du fonds se place sous le sceau de l'originalité. le format de l'album est un peu plus grand que la moyenne et bénéficie d'une édition cartonnée renforcée, avec des pages glacées. Voici du bel ouvrage… d'autant que l'album bénéficie également d'une édition de luxe. L'éditeur a par ailleurs eu la délicate attention d'envoyer une petite brochure comportant, notamment, une interview des auteurs. le geste est apprécié !

La première de couverture en dit déjà long, elle est expressive, réussie et illustre bien le titre que l'on peut traduire par monde inversé. Les noms des auteurs ont été habilement insérés. Ce travail est révélateur de ce qui va suivre. Malgré l'originalité du parti pris, les auteurs se sont donnés beaucoup de mal et cela se voit… et s'apprécie.

L'idée est ici d'utiliser le genre du western et d'inverser les genres. Les femmes prennent la place des hommes et ces derniers la place des premières. L'idée est originale, apporte un vent de fraîcheur sur un genre qui est redevenu à la mode depuis le succès de la saga Undertaker. Résumée à cela, la démarche pourrait même paraître féministe.

La trame générale n'est pourtant pas si féministe qu'il parait et laisse beaucoup de place à la réflexion. L'approche du scénario réservera de nombreuses surprises et il aboutit à une conclusion aux implications assez complexes. Assurément le scénario est bien ficelé et se laisse suivre avec plaisir. Il est pleinement intégré à l'univers dans lequel s'inscrit l'intrigue. Ce qui mène à certaines questions. Les auteurs auront-ils de la matière pour la suite ? Après cela, est-ce l'histoire ou le monde qui sera prendra l'ascendant ?

Les personnages sont nombreux. Les deux têtes d'affiche, Cornélia et Lindbergh mettront du temps avant de constituer leur duo. Ils seront en concurrence avec une galerie d'intervenants : Mumu, Camille, la révérante, les indiennes, les hors-la-loi qui n'auront de cesse de leur voler la vedette. Il faudra attendre la deuxième partie de l'album pour que l'intrigue suive une évolution plus classique.

La structure de l'histoire est plutôt déconcertante et doit coller aux parutions dans la revue. L'album est en fait constitué de nombreux chapitres de cinq planches. Les chapitres suivent le scénario mais ne s'articulent pas toujours l'un après l'autre, il faudra parfois un peu de temps pour comprendre le plan d'ensemble. L'ensemble est cohérent, dynamique et nous empêche de faire la moindre pause : le rythme est dense.

Le renversement des genres se fait tout aussi progressivement. Informé avant de commencer sa lecture, le lecteur sait déjà ce qui se passe et trouvera tout cela déroutant mais il s'agit ici d'une étrangeté attendue. Plus l'intrigue avance et plus le monde ira en se complexifiant : les références (notamment divines) se feront au féminin, les lupanars seront constitués d'hommes, sans oublier les bars à travestis. Et il faut reconnaître que tout cela est plaisant, très plaisant.

Fort heureusement, l'humour est bien présent. Bon certes, ce n'est pas la première chose que l'on retient mais il fait mouche car il y a toujours quelque chose de drôle qui tombe à point nommé. L'humour peut parfois se faire très bête (notamment une certaine diversion de Camille), mais étant utilisé avec mesure, cela ne lasse pas la lecture, bien au contraire, en contribuant à faire de cet album quelque chose d'unique.

Les dessins, comme le laissent entendre la première de couverture sont réussis. le trait est précis. Si une séquence du premier chapitre manque un peu de précision (la prison), ce constat reste ici tout à fait exceptionnel. La précision est étonnante pour un tel album où l'on aurait pu attendu des dessins faits à la va-vite. Tout cela est précis, travaillé. La passion du Far West est ici visible dans chaque cartouche. Il aurait toutefois été judicieux d'insérer des dessins plus ambitieux que simplement un portrait des personnages sur les pages d'introduction…

L'album s'adresse aux adultes (qu'ils soient jeunes ou moins jeunes) qu'il s'agisse d'hommes ou des femmes. Il n'est toutefois pas certain qu'avoir placé autant de détails intimes soit aussi pertinent. A certains moments, pour un tel album, il devient même dérangeant de voir autant d'attributs masculins ainsi étalés.

Dans un premier temps, il faudra s'adapter à la mise en couleur qui mise sur le sépia. Ce choix aurait pu contribuer à enlever une certain réalité à ce monde inversé et pourtant : que nenni. L'effort à fournir laisse très rapidement la place au plaisir de découvrir ce qui devient très rapidement une ambiance.

Ce premier album est donc unique en son genre, une pépite qui mérite d'être connue, lue, partagée, offerte et d'en parler. Assurément voici une oeuvre à découvrir de toute urgence.
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