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Critique de Arakasi


Si le premier tome consacré aux reines Valois partageait également son intérêt entre plusieurs grandes figures féminines, celui-ci se focalisera sur une en particulier. Les autres se rassembleront, graviteront autour d'elle, se définiront par rapport à elle, sans jamais atteindre son degré de puissance et de renommée. Cette figure, bien sûr, c'est celle de Catherine de Médicis. La grande, la redoutable Catherine de Médicis, immortalisée pour la postérité par la plume brillante d'Alexandre Dumas ! Qui a oublié cette figure sinistre, toute vêtue de noir, arpentant à pas lents les couloirs du Louvre, empoisonnant à tout va, semant la mort sur son passage comme une Médée du XVIe siècle ? L'image est belle, terrible, envoûtante, mais elle est surtout complètement mensongère. La vérité, c'est qu'aucune reine de France n'a exercé un pouvoir aussi grand que celui de Catherine de Médicis, n'a eu une telle influence sur la politique intérieure et extérieure du royaume de France. Et ceci, ni ses contemporains, ni les mémorialistes, ni même nombre de biographes modernes ne le lui ont pardonné.

Simone Bertière a de la sympathie pour cette grande dame vilipendée. Elle ne s'en défend pas d'ailleurs ! Pourtant, elle ne cherche en aucun cas à diminuer ses erreurs et ses crimes - son crime, en vérité, puisqu'il n'y en aura qu'un, mais si terrible qu'il résonne encore sinistrement dans les mémoires des siècles plus tard. Elle préfère en dresser un portrait sensible, nuancé, contrasté, celui d'une politicienne aguerrie, mais aussi d'une mère sauvagement attachée à sa progéniture, prête à tout pour perpétuer le règne des Valois et surtout celui de son fils préféré, le brillant mais fragile Henri III. Autour d'elles, d'autres femmes : certains résolues, intelligentes, ambitieuses… Mais jamais, au grand jamais, autant qu'elle. Elles passent et s'effacent, laissant une trace dans l'Histoire, parfois mémorable, parfois fugitive : l'aventureuse et tête brûlée Marie Stuart, la cultivée et audacieuse Marguerite de Valois, la dévouée Louise de Lorraine… Simone Bertière n'en négligent aucune, ne les jugent jamais - pourtant, il y a parfois de quoi ! - mais elles palissent toutes devant l'obscur éclat de la grande Catherine.

Quant au contexte de ces terribles années de guerre civile, il est parfaitement cerné et retranscrit avec une justesse confondante. Bertière n'est pas de ces biographes qui négligent la grande Histoire pour mieux s'immerger dans la petite, celle des querelles familiales et amoureuses - certes non dénuée d'intérêt mais indissociable de la première pour peu que l'on souhaite dresser le portrait le plus complet possible de ses différents protagonistes. Comprendre quelqu'un, c'est aussi comprendre ses haines, ses préjugés, ses craintes, sa vision du monde et Simone Bertière se livre à merveille à ce délicat travail d'analyste et de psychologue. Surtout que ces haines et ces craintes rencontrent un sombre écho en notre début du XXe siècle, marqué par une recrudescence des tensions religieuses. Oh, je ne dis pas que nous sommes à la veille d'une nouvelle Saint-Barthélémy ! Mais il y a sans aucun doute beaucoup à apprendre dans l'étude des orages passés. Nous serions bien bêtes de ne pas nous y intéresser.
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