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Non, non, NON ! encore une fille ! Quatre épouses et pas un seul fils !
Enterrez cette enfant vivante dans le sable, tout de suite !
- Mon seigneur, écoute ... Si tu veux un fils je peux te le donner moi.
- Toi ? ... Mais tu n'es qu'une esclave. [...]
Comment peux-tu être sûre que ce serait un mâle ? tu as des dons prophétiques ?
- Non, pas prophétiques... Magiques.
- Oh ! un Djinn ! [...]
- Tu l'auras, mais tu devras exaucer trois de mes requêtes :
- La première : tu laisseras en vie l'enfant née aujourd'hui
- La deuxième : tu me reconnaîtras comme ton épouse avec les mêmes droits que les autres.
- La troisième : La poussière du désert, la puanteur des chameaux....les femmes sont fatiguées... Ici il y a de l'eau et tout ce qu'il faut pour s'établir et vivre...Mais nous ne voulons pas vivre sous les tentes. Fais-nous quelque chose de plus solide, de commode, grand et beau.[...]

Le noble Sem, fils de Noé, sait qu'il n'a pas le choix. Rien n'est pire que d'être considéré comme un abtar. Il s'assied donc devant le mont Nigam, il ferme les yeux et commence à rêver d'une ville :
Il l'imagine féminine, sensuelle comme le corps d'une femme. Il imagine une architecture qui suit le principe déjà utilisé dans les campements, celui des appartements séparés. Il imagine une ville-Harem. La femme se verra assigné le domaine de l'espace privé, de la maison, de la reproduction. L'homme règnera sur l'espace public, les commerces, la politique.
Dans l'espace public, le corps de la femme, le vrai, devra, au moins symboliquement...Disparaître.

extrait page [70-74]

A la sauce des contes des mille et une nuits, Femmes sous le Niqab, temps abolis,
Prisonnieres du cercle tribal, la même envie
Archaïque, abimé, et magnifique, c'est là leur pays....
Dessins, photos Noir et blanc , aux couleurs de leurs habits .




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Agnès Montanari, reporter-photographe, a interviewé des femmes rencontrées au Yémen. le monde d'Aicha, c'est le monde de toutes ces femmes au Yémen, voilées qui ne sont qu'un regard, aucun droit à part celui d'enfanter et d'obéir à leurs maris. Ugo Bertotti raconte par ses dessins et les photos d'Agnès Montanari les histoires de ces femmes.
Une BD qui me marquera longtemps par son sujet : les femmes ne sont pas considérées, elles sont vendues dès leur plus jeune âge à un mari et mises très vite enceinte, n'ont pas le droit d'avoir un avis. Leurs histoires sont différentes mais avec beaucoup de points communs. Et parfois la misogynie se mélange au racisme, frontalier de la Somalie, ces derniers sont vus comme des parias.
Une conclusion-choc : ce trombinoscope de femmes voilées, juste ces yeux comme une porte sur une prison. Ca me fait penser à cette série-choc sur l'Etat islamique, The state... Une BD coup de poing.
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Connaissez-vous le Yémen ? « al Qaeda et son fondateur Oussama ben Laden, originaire de l'Hadramout (région de l'est du Yémen) ; ses guerres tribales, son PIB, l'un des plus bas du monde, le nombre de ses armes en circulation, équivalent à deux Kalshnikov par habitant, nouveau-nés inclus et... ses femmes voilées [95% des Yéménites le sont de la tête au pied], donc opprimées. »
On pourrait ajouter : la haine entre populations yéménites et somaliennes qui, dans certains quartiers, doivent se partager l'accès à l'eau.
« - Toi, tu dois aller au bout de la queue, on passe avant toi, tu le sais.
- J'ai les mêmes droits que toi...
- Va au bout de la queue, Africaine ! Connasse d'Africaine ! Va au bout ! Connasse ! »

Le roman graphique 'La voiture D'Intisar' (Pedro Riera & Nacho Casanova) m'avait appris que la condition féminine était difficile au Yémen, ce que confirme cet album.
La reporter-photographe Agnès Montanari y présente quelques parcours de femmes grâce aux rencontres qu'elle a effectuées, aux échanges qu'elle a eus avec elles, aux photos prises. Ugo Bertotti a utilisé ces matériaux pour rédiger et illustrer magnifiquement ce reportage.

Au Yémen, le port du niqab est conseillé/imposé par la plupart des époux, les parents (le père et sa famille, plutôt ?) sont déçus lorsque le bébé qui naît s'avère être de sexe féminin, les filles de la campagne ne vont pas à l'école, elles sont juste monnayables dès que les parents peuvent les marier - très jeunes, tout juste pubères. Elles partent alors vivre dans la famille de l'époux, celui-ci est parfois violent et généralement soutenu par sa mère. Des femmes meurent sous leurs coups, d'autres s'en sortent mieux grâce à l'apathie masculine - le khat, drogue locale consommée sans modération, fait des dégâts : « Mon mari... L'unique travail qu'il ait jamais accompli était de charger la shisha » raconte Hamedda, qui a ainsi pu avoir les coudées franches et faire prospérer son restaurant...

Certains femmes arrivent en effet à s'en sortir, à suivre des études. Il est même possible de divorcer - mais attention, sans un homme à vos côtés (époux, frère, père), vous n'êtes plus rien au Yémen.
La réflexion autour du voile est intéressante : il n'est pas seulement un instrument de soumission, il permet aux femmes de se camoufler, d'être tranquilles, d'acheter la paix sociale puisqu'il rassure les hommes. « Aïcha [jeune ingénieur] porte le niqab parce que c'est plus pratique : 'Ici, les hommes ne sont pas habitués à voir les femmes le visage découvert et nous, nous nous sentons mal à l'aise. Cela n'a rien à voir avec la religion.' »

« Un reportage qui donne la parole aux femmes du Yémen. [... Un pays où] tous, les hommes comme les femmes, sont prisonniers d'un cercle tribal, qui se nourrit de pauvreté et d'ignorance, qui fait peur. C'est là mon pays : archaïque, abîmé et magnifique » conclut Aïcha.

Une lecture instructive - qui montre qu'il est toujours difficile de juger une autre culture - et saine pour nous qui nous plaignons de la place des femmes dans notre société...
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Inspiré des impressions de voyage et des photographies d'Agnès Montanari, « Le monde d'Aïcha » aborde la douloureuse question de la condition des femmes au Yémen, un pays réputé pour la rigueur de son système patriarcal. Invariablement vêtues de leur niquab, ce voile noir couvrant tout le corps et le visage pour ne laisser apparaître que les yeux, les femmes yéménites n'ont que très rarement l'occasion de témoigner de leur quotidien et ont tôt fait d'être réduites à ces sombres silhouettes anonymes et presque invisibles. Et pourtant, elles en ont des choses à dire ! L'ouvrage d'Ugo Bertotti se focalise sur une dizaine d'entre elles qui ont accepté de revenir sur leur parcours, leurs relations avec leurs proches, leurs peurs et leurs aspirations. le dessin, en noir et blanc, est très épuré (décors limités, représentation des personnages simplifiée...) ce qui donne une grande sobriété à l'ensemble tout en accentuant encore davantage le caractère dramatique et la violence de certaines scènes. L'ouvrage est également agrémenté de magnifiques photographies, elles aussi en noir et blanc, prises sur place par Agnès Montanari grâce à l'expérience de laquelle on découvre le récit de la vie de ces femmes yéménites. Des témoignages qui frappent, qui choquent, qui émeuvent mais surtout qui révoltent tant ce qu'ils révèlent de la conditions des femmes au Yémen est dramatique.

Mariage avant l'âge de quatorze ans, viol, maltraitance, interdiction de travailler, obligation de rester cloîtrée à la maison ou sous un vêtement qu'elles se voient imposées dès qu'elles mettent le nez dehors (moins pour obéir à un quelconque commandement religieux que par volonté de respecter les traditions) : le constat est atterrant. L'ouvrage nous dépeint une société profondément archaïque, engluée dans ses traditions et dans laquelle les femmes ne sont considérées que comme de simples marchandises dont les hommes peuvent disposer à leur guise. L'une nous relate comment ses parents l'ont marié dès l'âge de douze ans pour avoir une bouche en moins à nourrir. Une autre encore raconte que son mari lui a tiré dessus pour avoir osé se montrer sans niquab à la fenêtre. Les autres relatent les coups, les humiliations pour avoir voulu trouver un travail ou simplement faire une course sans autorisation. A dix-huit ans la plupart des jeunes yéménites ne vont pas au lycée et ne sortent pas avec leurs amies comme le ferait n'importe quelle gamine ici. Là-bas, elles sont déjà maman de plusieurs enfants, doivent s'occuper de la maison pendant que leur mari travaille et surtout ne pas montrer leur visage en public, sous peine de se voir traiter de putain ou de se retrouver mise au banc de la société.

Tout n'est cependant pas noir et on voit progressivement s'opérer un changement dans les mentalités au Yémen. Cet espoir, il provient d'abord des femmes elles-mêmes. Dans tous les témoignages recensés ici, on retrouve chaque fois cette volonté farouche de la part des mères de voir leurs filles réussir, aller à l'école, trouver un travail et ainsi échapper à la vie qu'elles-mêmes ont vécu. Quelques hommes laissent aussi entrevoir dans leur comportement une évolution vers plus de compréhension et d'égalité, même si les traditions ont bien souvent la vie dure. Si elles peuvent aujourd'hui facilement divorcer, les femmes du Yémen peuvent toutefois difficilement vivre seules sous peine parfois de se faire emprisonner. de même, si elles ont effectivement la possibilité de faire des études et de trouver un travail, les voir quitter la maison reste difficile à digérer pour certains, tout comme le fait de les voir abandonner le niquab. La plupart des femmes interviewées ici font heureusement preuve de beaucoup d'humour ce qui permet de légèrement atténuer l'ambiance plombante dans lequel baigne l'ouvrage. Enfin, la vision d'une femme extérieure à la société yéménite en la personne de la photographe Agnès Montanari permet de les faire réagir et s'exprimer sur la façon dont elles peuvent être perçues par les Occidentaux.

Le roman graphique d'Ugo Bertotti brosse un portrait sans fard de la situation vécue au quotidien par les femmes du Yémen qui témoignent ici de leur soif de liberté et de leur espoir de voir leurs filles accéder un jour à une vie meilleure. Un ouvrage bouleversant, à découvrir absolument.
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A l'encre noire, Ugo Bertotti fait le portrait de différentes femmes yéménites. Femmes battues, femmes objets mariées trop jeunes, mais également femmes qui se battent pour choisir leur propre vie. Entre respect et poids des traditions et aspiration à plus de liberté, des portraits émouvants, terribles ou plein d'espoir.
Sans grande surprise certes par rapport à ce que je crois savoir de la condition féminine dans les pays arabiques, mais des histoires qui remuent.
Des photos des femmes, insérées parmi les dessins, permettent de les incarner encore davantage. C'est la reporter-photographe Agnès Montanari qui les a rencontrées, les a questionnées, photographiées.
On retrouve des portraits de ces femmes en fin d'ouvrage.
Même si pour beaucoup on n'en voit que les yeux, ces yeux ont tellement de choses à dire…

Alors si vous avez l'occasion de lire cette BD, n'hésitez pas à plonger dedans.
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On a ici à faire à une BD documentaire qui nous fait entrer dans le monde fermé des femmes yéménites; un monde que la nouvelle génération est en train de faire changer. Les mères veulent pour leurs filles un avenir différent de la vie qu'elles ont eue: sans instruction, mariées à peine pubères, mères de nombreux enfants, elles sont restées inféodées à l'autorité de leur mari souvent leur aîné de 10 à 20 ans, donc incapables de leur survivre si ce n'est économiquement du moins socialement, car une femme sans mari n'est pas respectable, pas respectée… Elles souhaitent certainement l'émancipation de leurs filles mais le poids de la tradition ne les quitte pas complètement et les hommes ne sont pas prêts, non plus, à lâcher leurs privilèges. Il n'est donc pas encore question pour les femmes de quitter le niqab, qu'elles considèrent comme un compromis acceptable.
Noir et blanc pour les dessins et les photos, portraits photographiques de femmes aux yeux magnifiquement expressifs (elles portent presque toutes le niqab); le traitement manifestement assez simple par choix évoque le contraste entre les vêtements sombres des femmes et la lumière aveuglante du pays.
Cette BD, faite de témoignages, nous fait toucher du doigt, avec beaucoup de sensibilité et sans jugements hâtifs, la complexité de la situation (politique et sociale) au Yémen. C'est aussi un magnifique hommage à ces femmes courageuses.
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La photographe Agnès Montanari a eu la chance de pénétrer dans l'intimité de femmes yéménites. Mais si, ces femmes toutes enveloppées dans de grands voiles noires, dont on ne voit que les yeux. Elle a rencontré Leïla, qui elle lui a servi d'intermédiaire pour aller en voir d'autres, de tous les âges et de toutes les conditions sociales.
Et contrairement à ce que l'on croire ici, en Occident, elles luttent pour faire reconnaître leurs droits. Toutes les femmes des anciennes générations veulent que leurs enfants et en particulier leurs filles aient accès ç l'éducation et au travail. Elles doivent faire face à de nombreux obstacles, comme les hommes, la loi, les traditions.
Mais ça bouge, petit à petit. Ce n'est pas gagné (surtout avec la guerre qui fait rage), mais elles peuvent faire des études, choisir leur mari (plus ou moins), même si le mouvement s'observe surtout dans les grandes villes.
En noir et blanc et quelques photos, toujours voilées, cet album met en avant la vie des femmes yéménites, loin des clichés. Et nous fait aussi réfléchir sur notre propre enfermement, dans d'autres normes sociales (minceur, épilation, jeunesse...) Une BD qui tisse des liens par delà les continents.
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J'ai tellement de peine en refermant cet ouvrage qui nous donne un véritable aperçu des femmes au Yémen. C'est un pays rongé par la pauvreté où la tradition fait loi. Les femmes yéménites doivent être voilées de la tête aux pieds : point barre.

La première histoire concerne Sahiba qui avait le malheur de regarder le paysage par sa fenêtre sans être voilée. Elle sera abattue comme un chien par son cousin de mari auquel on l'a livrée en pâture à l'âge de 11 ans. Pour la justification, c'est l'honneur de la famille qui a été bafoué car on a vu son visage ou, comble de malheur, ses chevilles. Voilà pour l'ambiance de cette BD reportage retraçant la condition des femmes.

Bien sûr, on pourra me rétorquer que j'ai des yeux d'occidental qui ne respecte pas la culture de soumission de ces femmes. Il y a certes quelques avantages à être voilé comme les économies sur le maquillage ou les vêtements. Mais bon, je n'arrive pas à accepter cette tradition qui est basée sur la réputation. C'est au-delà de mes forces.

Le monde d'Aïcha est peuplé de femmes qui ont des rêves et des désirs de liberté. Certaines de ces femmes ont fait avancer un petit peu les choses tout en respectant les règles. Elles ont quand même dû payer le prix.

Le dessin en noir et blanc colle à merveille pour cet ouvrage qui fait dans la simplicité. Cela a été réalisé à partir des impressions de voyage de la photo-reporter Agnès Montanari, profondément marquée par son voyage au Yémen et sa rencontre avec les femmes de ce pays traditionaliste musulman pour ne pas dire archaïque.

C'est bien d'avoir donné la parole à ces femmes. On verra leur photo à la fin de cet ouvrage. J'espère qu'un jour, elles pourront être libérées et vivre dans une société plus moderne et moins obscurantiste. C'est tout ce que je leur souhaite.
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Le Yémen, un pays dont très peu de journalistes parlent et qui n'intéresse qu'une poignée de personnes.. et l'Arabie saoudite qui lui fait la guerre depuis quelques années sans que ça n'émeuve grand monde.
Le monde d'Aicha parle de la condition de la femme la-bas ou plutôt de l'esclavage de la femme. Oui l'esclavage existe encore et c'est pourquoi il est important que des artistes montrent cette dure réalité, révoltante.
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Un BD très touchante sur le portrait de femmes au Yemen. Les relations avec la société, les hommes et le choix du voile sont traités. A partir de vrai témoignage.
A lire.
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