Apocalypse blues, tome 2 : Le crépuscule du monde

Suite aux évènements cataclysmiques qui clôturaient le premier volume de cette trilogie, les personnages de Charly, Kiran, Matthew et Tobias reprennent leurs pérégrinations pour rejoindre New York dans l'espoir de retrouver les parents de Charly. On retrouve cette atmosphère de fin du monde avec sa nature hostile, ses pièges mortels et des survivants souvent malveillants. Au gré des événements et des rencontres qui jalonnent leur chemin ces adolescents vont, face à l'adversité, mûrir et s'endurcir mais perdre peu à peu leurs illusions et même s'interroger sur leurs engagements. Ce second volume est nettement plus centré sur le relationnel et la portée psychologique des conjonctures que sur les révélations et l'action. On découvre de nouveaux personnages, tels que Camille, qui vont entrainer davantage de problèmes et de questionnements mais donner au groupe une nouvelle dynamique aussi profonde que paradoxale. Chloé Jo Bertrand dépeint des personnages courageux, solides mais pas sans failles. Leur personnalité est analysée de manière plus profonde et détaillée avec soin. Les conflits intérieurs qui hantent les protagonistes et fragilisent leurs relations, compliquant une situation déjà précaire, sont intenses et pressentent une évolution dès plus sombre. Ceci étant dit, plusieurs épisodes s'éternisent, se perdent dans des tergiversations sans fin qui ne sont ni forcément justifiés ni indispensables. L'auteure tourne un peu en rond, abuse des convergences mélodramatiques et se laisse aller à des raccourcis faciles et inespérés. On peut également déplorer la multiplication d'intermèdes musicaux, en anglais de surcroit, totalement superflus qui perturbent le rythme, déjà fort lent, du récit. de même, les lettres des parents de Charly où les flash-back dans le phare ne présentent guère d'intérêt pour l'ensemble. Les derniers chapitres qui détaillent le périple à travers New York vont se révéler éprouvants, plus violents et presque inconcevables. La cruauté et les instincts les plus primitifs de l'espèce humaine vont alors se manifester dans une escalade vers l'horreur. Si on excepte le fait que le récit permet de mieux appréhender le caractère, les sentiments et le renforcement des relations du groupe dans un compromis instable afin de garder une forme de solidarité et l'espérance d'une issue heureuse, l'ouvrage s'avère superficiel, primaire et répétitif. Il manque de la matière, des clarifications, un approfondissement du contexte et une meilleure exploitation des thèmes évoqués pour susciter un réel enthousiasme. le final dramatique va, à l'évidence, permettre une approche moins contraignante et plus tragique pour la suite mais, il ne s'imposait en aucune manière. Moins original dans sa conception que le précédant volume, moins prenant et plus prosaïque, une suite correcte mais néanmoins suffisamment décevante pour ne pas susciter l'envie de poursuivre l'aventure.