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Esther, jeune institutrice et maman de Juliette, 4 ans, décide de quitter Paris et part s'installer dans un petit village de Lozère, presque isolé du monde. Tous les villageois s'interrogent d'ailleurs sur cette nouvelle venue. D'autant que ce n'est pas avec seulement trois élèves qu'elle va avoir beaucoup de boulot et que les femmes, peu nombreuses au village, cherchent toutes à le quitter. Très vite, elle fait la connaissance de Lucien, son voisin qui, à un âge déjà avancé, s'occupe à longueur de journée de ses vaches, de Lionnel, le patron de l'hôtel-restaurant, et de sa fille, Alice. Elle apprendra très vite aussi que ce village a ses propres règles, que tout le monde fait face, ensemble, aux difficultés de la vie en montagne. Lorsque Vanessa, l'une de ses amies, une jeune toxico qui a déjà fait de la prison, lui demande de l'héberger quelque temps, Esther est ravie de pouvoir l'aider à nouveau. Mais celle-ci ne vient pas seule. Une valise chargée de drogue et, dans son sillage, deux malfrats...

Aujourd'hui qu'Esther est malade et au crépuscule de sa vie, elle se rappelle, avec une certaine nostalgie, ses années passées en Lozère, ces villageois à la fois tendres et rudes, ces mains tendues, cette solidarité indéfectible, cette humanité authentique, ces montagnes vertigineuses et ce froid mordant. Si l'histoire est simple mais n'en demeure pas moins intense, ce sont bien les personnages qui la portent et les mots de Laurence Biberfeld. Des personnages sans fard, attachés à leur terre, leurs bêtes et leurs montagnes, rugueux pour ne pas dire rustres pour certains, mais le coeur sur la main. Quant aux mots de l'auteure, ils sont d'une force, d'une intensité, d'une précision et d'une poésie incroyables. Ils apportent de l'épaisseur, des émotions ; ils nous enveloppent et nous emprisonnent, nous aussi, dans cette communauté de Lozère. Ils sont à l'image de ce roman à la fois enraciné, minéral, rugueux, écorché.
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Emportée dès la première page sur ce plateau de Lozère par le talent d'écriture de Laurence Biberfeld, pianiste extrême des mots, jouant d'eux dans des accords qui nous kidnappent toutes affaires cessantes.


Inventivité des images, choix redoutable des adjectifs , tout cela sans l'impression de labeur mais au contraire d'une intense évidence ; les phrases semblent exister depuis toujours , avoir toujours dû exister comme telles, exhumées pantelantes des sentiers ancestraux de Lozère. On les relit plus lentement pour le plaisir, envie de les dire à voix haute pour mieux en sentir la rotondité.

Elle achève nos dernières résistances par une ambiance à la Frank Bouysse, qui nous téléguide vers le fin fond du plateau de la Margeride, avec ses autochtones tous plus AOC les uns que les autres.

On sent à merveille une jubilation d'auteur, de quelqu'un qui se plaît à tripoter les mots, les chausser jusqu'à trouver celui qui portera le mieux l'image qui ondule dans sa tête à la recherche de son incarnation.


Une connexion lecteur-écrivain qui profite aux personnages ; mais bien sûr ! on les connaît, revenus d'il y a peu, quand la plupart d'entre nous avions des ancêtres les pieds dans la tourbe, la glaise, le varech, et tous sens en alerte à surveiller les vents, les neiges, la vague, décomposant leurs mille nuances pour en extraire leur survie. Personnages de paysans, intubés aux éléments naturels, avec des mains « qui ressemblent plus à des outils », des perceptions archaïques et surdéveloppées, collectant des micro-informations essentielles qui nous échapperaient totalement.


Neige qui tombe, ne tombe plus, se retient de tomber, puis recouvre tout, se déversant du ciel « qui fait ventre ». La neige , personnage protéiforme, divinité terrestre, dotée d'un lexique mûri par des milliers d'années d'observation vissée au ciel, comme sous d'autres cieux un marin vous parlerait des vagues et des nuages, cheminant étroitement enlacés et décidant de sa vie.


Ça me fait mal, mais j'ouvre quand même un tout petit cahier de doléances : l'intrigue polar fourvoie pour moi ce magnifique récit, avec quelques précipitations, certaines incongruités, qui ankylosent le rythme majestueux de l'histoire. Les ficelles font grosses, un peu apprenti 1ère année en CAP boucherie, boudinant le rôti qui s'indigne et se récrie sous l'affront. Ça frise la comédie policière, style « les barbouzes » de Lautner. Pas grave !
C'est un aparté qui n'enlève rien à mes yeux de la puissance et beauté du texte, comme on apprécie jusqu'aux défauts de ceux qu'on aime.


Oui car on s'est régalé de pied en cap, on a bu du petit lait, ou du lait ribot (ça rafraîchit et ça picote), on s'endormirait sous la neige, ravis-bercés par ce talent qu'elle a pour cuisiner ses phrases, l'esprit qu'elle insuffle sous leur peau, et qui nous font écho d'ancestrales figures, réminiscence de solidarités oubliées.
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"(...) Car solidaire, Laurence Biberfeld l'est toujours. Solidaire de la terre dévastée et des animaux mis en pièces. de celles qui se battent, de ceux qui se rebiffent. Solidaire des plus faibles, des farouches qui tentent les pas de côté pour se mettre hors d'atteinte, de ceux qui baissent les bras comme de celles qui ne se résignent pas… Elle les accueille dans ses livres sans poser de question, les adopte sans condition, dans leurs renoncements, leurs doutes et leurs richesses, ainsi que le fait Sara, la gitane pluri-centenaire, conteuse-mère universelle de Les enfants de Lilith.
Chez elle, leur résistance, muette parfois, leur solitude, est protégée. Comme l'est celle de Lucien, inoubliable personnage de Sous la neige nos pas, petit paysan de la montagne, accompagné de la Chiffe, son chien, et de sa gentiane « qui vous faisait plisser le nez tant elle était amère » qu'il utilise « depuis l'adolescence, de loin en loin, quand ses insomnies, en se rejoignant, formaient un long boyau rayé d'obscurité qui s'enfonçait doucement, telle une vis sans fin, dans la folie. » Lucien, adopté par Alice, une petite fille pour qui il s'est pris d'une affection indéfectible, et qui s'interroge à propos de la nouvelle institutrice venue « se perdre ici alors que tout le monde en partait, qu'ils n'étaient plus que trente l'hiver au village, pour la plupart des vieux, pour la plupart des hommes (…) accrochés à la terre parsemée de rochers, au froid, à la solitude démente des forêts, au ressac sans merci des jours sur ce grand plateau granitique étagé de neuf cents à mille cinq cents mètres, où l'hiver appuyait son ventre de neige et de glace huit mois par an. » "
Kits Hilaire (Extrait) in DM
Lien : https://doublemarge.com/entr..
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La rugosité de la Lozère sert de cadre majestueux à ce roman poétique et rustique.
Esther, une jeune mère célibataire parisienne, accompagnée de sa petite fille de 4 ans, prénommée Juliette s'installent dans un village retiré de Lozère qui compte plus de bêtes que d'hommes. Esther est la nouvelle institutrice du village. Elle incarne l'espoir, la vie, même si sa nouvelle classe se résume à trois élèves. le bourg se dépeuple à vitesse grand V, les femmes se font rares et les hommes qui vivent là ressemblent à des animaux. Seuls Lucien et Lionel sortent du lot. Ils prendront la mère et la fille sous leur aile et leur prodigueront soutien et affection.
Ainsi lorsque le passé d'Esther ressurgit sous les traits de Vanessa, une copine paumée et camée jusqu'à l'os et ses dealers prêts à tout pour récupérer une valise de drogue, Lucien et Lionel ne failliront pas et seront là.
L'intrigue est simple et prend corps avec la terre, les pierres, le ciel, la neige et les hommes quels qu'ils soient.
Le récit se déroule sur deux périodes : 1985 et 2015. Images et façons de penser se télescopent et apportent de l'épaisseur à l'histoire. Des valeurs humaines importantes sont mises en lumière, telles que la solidarité et l'amitié.
La plume de Laurence BIBERFELD est riche, tour à tour rugueuse et aérienne… sublime.
Un tableau aride mais beau.
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On imagine volontiers l'homme arpentant les forêts de la région d'Aubusson en quête de l'emplacement idéal pour bâtir une solide cabane. Une fois construite, autour d'un feu qui crépite, Cyril Herry peut y convier ses amis ou prendre simplement le temps de parcourir un manuscrit qui vient de lui parvenir et dont il publiera peut-être la teneur au sein de sa collection Territori qu'il a patiemment constituée depuis plusieurs années. La maison d'édition prend le nom de ces territoires méconnus ou oubliés qu'il nous fait découvrir par l'entremise d'auteurs partageant cette même passion pour un contexte rural, voire sauvage évoqué sous l'angle d'une thématique noire. Nouvelle venue chez Territori, Laurence Biberfeld n'est pas une néophyte en matière d'écriture puisqu'elle a déjà publié de nombreux polars se déroulant dans un cadre champêtre tout comme son dernier ouvrage Sous La Neige, Nos Pas où l'auteur nous convie sur les rudes terres d'un plateau perdu au nord de la Lozère.

Esther a quitté Paris avec sa fille Juliette pour occuper un poste d'institutrice sur le plateau de la Margeride en Lozère. le climat y est aussi rude que la terre et ses quelques habitants qui peuplent la région. Pourtant autour des nouveaux venus, les villageois deviennent comme une seconde famille afin de favoriser l'intégration de cette institutrice dynamique. Mais quelques reliquats de la vie citadine d'Esther refont surface à l'instar de Vanessa, une ancienne colocataire qui débarque avec une valise bourrée d'héroïne et deux dealers à ses trousses. Face à la menace, les habitants vont se révéler de farouches protecteurs et dans un paysage figé par l'hiver, la neige efface les pas et étouffe les cris.

Quitter une vie citadine pour occuper une fonction d'institutrice dans un petit village isolé, c'est une similitude parmi d'autres que l'on décèle si l'on superpose les parcours de vie de l'auteur et de son héroïne et qui confèrent à l'ensemble du récit un sentiment de vécu notamment en ce qui concerne les interactions avec les habitants de la Margeride. Ce vécu on le retrouve notamment dans un vocabulaire précis qui permet d'immerger rapidement le lecteur dans le décor intimidant de ce plateau isolé. Il y a une sorte d'éclat sauvage qui émane d'un texte très maîtrisé, même si l'on s'égare parfois aux détours de quelques phrases un peu trop alambiquées. Il n'empêche, il s'agit d'un roman à la beauté rude, parfois sauvage et emprunt d'une certaine forme de nostalgie puisque le récit s'installe sur deux époques qui se font échos à mesure des rebondissements qui émaillent une histoire se révélant bien plus surprenante qu'il n'y paraît. Mais au-delà de la splendeur des paysages qu'elle dépeint, Laure Biberfeld se sert du décor et surtout du climat, pour mettre en place des scènes de confrontations extrêmement originales dont les conséquences projetteront l'ensemble des personnages vers une inéluctable logique de violence immédiatement teintée de regrets et de remords. C'est d'ailleurs sur ces deux aspects que l'auteur s'attarde en compartimentant les secrets et les non-dits des uns et des autres tout en distillant au fil du récit des révélations singulières dont seul le lecteur aura une vue d'ensemble.

Deux citadines au pays des bouseux, avec Sous La Neige, Nos Pas, nous sommes bien loin de ce cliché éculé, car l'auteur installe une dynamique particulière avec une institutrice bien moins ingénue qu'il n'y paraît et des villageois bien plus malins et surtout bien plus déterminés qu'ils ne veulent le montrer. On appréciera ainsi le portrait de Lucien, ce vieux paysan farouche qui va devenir le protecteur d'Esther et surtout de sa fille Juliette en déclenchant les hostilités afin de dissuader les trafiquants qui voudraient s'en prendre à elles. Prisonniers de leurs secrets respectifs, les protagonistes n'en demeurent pas moins liés par une amitié indéfectible qui s'avère être un des facteurs touchants de ce roman surprenant. Et ainsi, c'est sur la somme de ces secrets que l'on découvrira les trahisons des uns et des autres et tous les chagrins qu'ils auront causés avec l'espoir peut-être un peu vain pour Esther de trouver une forme de pardon et de rédemption au-delà des rêves et des souvenirs qui la taraudent.

Comme un long poème noir et rugueux Sous La Neige, Nos Pas dépeint également le rude quotidien de cette communauté qui s'obstine à faire face aux difficultés d'une terre difficile et dont les aléas se répercutent sur la condition de femmes maltraitées qui souffrent en silence. Emprunt d'une âpre vérité, Sous la Neige, Nos Pas est un roman douloureux et poignant.

Laurence Biberfeld : Sous La Neige, Nos Pas. Editions La Manufacture de Livres/Territori 2017.

A lire en écoutant : Lorelei Sebasto Cha de Hubert-Félix Thiéfaine. Album : Soleil Cherche Futur. Sony BMG Music Entertainment 1982.
Lien : http://monromannoiretbienser..
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C'est un roman noir et rural à la fois, qui se passe dans un village de Lozère dont les habitants vivent encore dans un autre monde. Une jeune institutrice y passe deux ans avec sa petite fille de 5 ans au caractère affirmé, que l'on qualifierait sans doute d'hyperactive.
Les personnages sont bien décrits, originaux, attachants. L'histoire qui se déroule en marge aurait plus sa place dans une banlieue mal famée, elle se teinte là d'autres couleurs.
Le personnage principal, la neige, ponctue le récit de belles pages, rudes et pourtant familières et naturelles.
Un roman bien écrit, agréable à lire, bien dans la ligne éditoriale de la Manufacture de Livres.
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Août 1983, une jeune institutrice, Esther et sa petite fille, Juliette,tout à fait ignares de l'âpreté de la vie quasi moyenâgeuse qui les attend, viennent s'arrimer sur les hauteurs de la Margeride en Lozère.
Une trentaine d'années plus tard, Esther revient sur cette expérience et sur ses conséquences, aussi bien pour ces deux ex-citadines que pour les habitants du village qui les avaient accueillies et protégées, sans qu'elles s'en rendent vraiment compte.
Personnalités atypiques, Esther et Juliette vont pouvoir donner libre cours à leurs "sauvagerie" dans cet espace de liberté où pourtant le monde de la ville va les rattraper. Elles découvriront aussi les beautés de la nature et les qualités humaines des habitants du village.
Si je n'ai pas été totalement séduite par le côté "noir" du roman, j'ai été totalement enthousiasmée par la langue de l'auteure et sa manière, tantôt lyrique, tantôt plus rude de décrire la nature et les animaux. Une magnifique découverte !
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Un roman tout en contrastes, entre la beauté de la nature et la dureté des hommes, la lenteur des saisons et la force des tempêtes, la couleur des paysages et la noirceur des âmes.
Le temps passe au ralenti sur le Causse de la Margeride, en Lozère, et les habitants y vivent ancrés dans leurs traditions depuis des décennies. Comment vont-ils accepter cette jeune institutrice et sa fille, venues de Paris, pour prendre un nouveau départ ?
La vie des femmes du Causse n'est pas joyeuse et cette arrivée inattendue va bouleverser bien des habitudes et faire remonter de lourds secrets.
Pourtant la rencontre des habitants de la campagne profonde avec cette femme un peu perdue de la ville et son enfant hyperactive, se fait dans la douceur et l'on se demande, en fin de compte, qui de ces deux mondes en toutes choses différents, est le plus fragile.
Une belle surprise pour ce roman profond et très bien écrit, et la découverte d'une auteure que je ne manquerai pas de suivre.
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Un roman sous un drap de neige, la neige y est splendide, le roman quelconque. La neige, si tant est qu'il s'agisse de la drogue y joue un rôle décevant. Seule l'enfant mérite une attention.
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Les hivers sont rudes en Margeride. La neige étouffe tout dans ce coin de Lozère et les femmes fuient. Sauf Esther qui débarque avec sa gamine surexcitée et qui apprend à se fondre dans le paysage, qui côtoie les paysans du coin : Lucien aux yeux bleus et sa génisse, Lionnel le patron du bistrot et sa fille Alice, le Gari et ses coups de folie...

Il y aussi l'amie qui rend visite à Esther, Vanessa, malade du sida, camée, et qui traîne derrière elle des délinquants, vrais dealers, faux durs qu'un coup de pelle bien placé suffit à neutraliser avant qu'ils ne pourrissent dans la tourbe.

Il y a a neige, surtout la neige, comme un rideau opaque, comme un linceul, qui recouvre tout, les hontes et les secrets...

Et la prose de Laurence Biberfeld, précise et pourtant poétique, qui enveloppe, donne de l'épaisseur au roman et à ses personnages, fouille dans les âmes...
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