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Critique de Topper67


Marcel Bigeard, dit « Bruno », une légende. Ce livre faisait partie de mes « à lire absolument » depuis des années. Je repoussais sans cesse, pensant tout savoir de ce grand monsieur, ou en tout cas l'essentiel. En tant qu'ancien marsouin, Bigeard était naturellement dans le Panthéon de mes héros, aux côtés des Vandenberghe, Kieffer et autres Cabiro.
Et pourtant, j'en ai appris des choses. Je ne pense pas qu'il soit utile de revenir sur tous les détails de sa carrière militaire : Deuxième Guerre mondiale, Indochine, Algérie, rien que ça ! le général Bigeard, qui a commencé sa carrière en tant que deuxième classe appelé en 1936 a été de tous les conflits, de tous les coups durs en essayant autant que faire ce peux, de ne pas être dans les magouilles.
On y découvre un personnage franc, entier, dur à la tâche sous les ordres duquel il devait être dur de servir. Mais, exigeant avec ses hommes, il l'était surtout avec lui-même. Il s'astreignait à une stricte discipline de vie : un footing tous les matins, une marche forcée au moins toutes les deux semaines, à la caserne comme en permission. On y découvre aussi un personnage parfois blessé, démoralisé, voulant démissionner, ne croyant plus à la grandeur de l'armée française et pourtant s'accrochant, prenant toutes ses missions à bras-le-corps même quand il perçoit clairement qu'on tente de l'éloigner du feu des projecteurs. Car Bigeard, surtout après son action à Diên Biên Phu est aussi un personnage public, le « premier para de France ». On a besoin de lui pour son allant, ses capacités d'adaptation, son génie tactique. On le craint lors du putsch des généraux, on le courtise pour entrer au gouvernement, on le met à l'honneur sur les champs Elysées, il pose pour Paris-Match. Il critique ses chefs, il estime ses ennemis et toujours, il entraîne ses hommes.
Mais, et c'est sans doute le plus terrible : on découvre un Bigeard qui vieillit ! Comme tous les héros, il vieillit mal. Il attrape une pneumonie après une nuit dans un train sans veste, lui qui a arpenté les djebels au coeur de l'hiver. Il se blesse gravement lors d'un saut d'entraînement, lui qui a sauté sur Diên Biên Phu. Mais il se relève toujours, après ses blessures, après l'attentat dont il est victime, après que le commandement essaye de l'éloigner.
Dans son style particulier, fait de phrases courtes, percutantes, dans un style finalement très militaire il nous raconte tout sans fard, sans essayer de masquer ses erreurs, sans fausse modestie, sans complaisance envers ses anciens chefs.
Certes il aura mérité ses médailles, il aura mérité sa « parcelle de gloire ». On peut être antimilitariste, on peut ne pas l'aimer, on peut ne pas le croire quand il dit que ses paras n'ont jamais torturé en Algérie, on peut le trouver trop rigide, on peut s'opposer aux guerres de décolonisation, on peut même, je pense, le haïr.
Mais on ne pourra jamais ne pas l'admirer ! Merci mon général !
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